Dans toutes les civilisations, la musique était perçue comme un baume pour le cœur et pour la santé. L’Ayurvéda s’inscrit pleinement dans cette perspective. Et la science moderne ? Elle arrive aux mêmes conclusions pour un certain type de musique.
Le pouvoir thérapeutique de la musique a été reconnu de tous temps et dans toutes les traditions du monde. Les Egyptiens considéraient la maladie comme un déséquilibre vibratoire que la musique pouvait corriger. Les Grecs enseignaient la musique en tant que matière médicale. Pythagore alla jusqu’à inventer des suites sonores afin de guérir les maladies du corps et de l’âme. Ce n’est que récemment que la recherche scientifique a montré que la musique pouvait réduire certains problèmes psychiques (dépression, autisme, schizophrénie) ou neurologiques (maladie de Parkinson). La revue américaine Nature publiait en 1993 une étude montrant que le QI des enfants était amélioré par la simple écoute d’une sonate de Mozart. De manière générale, comment la musique agit-elle sur l’individu? Chaque environnement est fait de vibrations qui entrent en résonance les unes avec les autres. Ainsi, en faisant vibrer les circuits neuronaux les plus complexes de notre cerveau, la musique influence notre état d’esprit, mais aussi notre rythme respiratoire, notre rythme cardiaque, nos fonctions motrices, etc.
En tant que « médicament », la musique a récemment fait une entrée remarquée dans les congrès médicaux. Les résultats des recherches présentées lors du congrès de l’European Society of Cardiology[1] montrent que la musique améliore de manière significative le rétablissement de patients souffrant de maladies cardiaques. L’écoute d’une musique que les patients aiment à raison d’une demi-heure par jour suffirait à libérer au niveau de leur cerveau les endorphines capables d’améliorer leurs fonctions endothéliales et, par la même, leur santé vasculaire. En clair : la musique renforce le cœur et améliore les conditions de rétablissement de patients souffrant de maladies cardiaques. Conduite par le professeur Delijanin Ilic de l’Institut de Cardiologie de l’Université de Nis (Serbie), cette recherche a porté pendant trois semaines sur trois groupes de 74 sujets. Le premier suivait uniquement un programme quotidien d’exercice. Le second avait en outre l’écoute pendant 30 minutes par jour de la musique préférée de chacun des membres. Le troisième n’avait que l’écoute d’une musique préférée. Le groupe qui n’a écouté que la musique a amélioré sa capacité cardiaque de 19%. Le groupe n’ayant eu que le programme d’exercice a amélioré sa capacité cardiaque de 29 %. Le groupe ayant pratiqué l’exercice et écouté la musique a amélioré ses résultats de 39 % ! Le professeur Delijanin Ilic a précisé que d’autres études montraient que certains types de musiques étaient moins favorables à l’activité cardiaque car elles augmentaient le niveau de cortisol, signe de stress, bloquant ainsi la libération d’endorphines favorables. Autre précision de taille : la « bonne » musique a les mêmes effets bénéfiques sur l’activité cardiaque de personnes en bonne santé. Ce point de vue est partagé par l’Ayurvéda.
L’Ayurvéda Maharishi[2] utilise tout morceau de musique du Gandharva Véda comme une thérapie à part entière. Chaque morceau de cette musique est appelé « raga », terme dans lequel on reconnaît la racine sanscrite « ras », signifiant « humeur ». La connaissance de cette musique issue directement de la nature a été préservée par la tradition orale au sein de familles indiennes où l’on devient musicien de père en fils. Les textes du Gandharva Veda, codifiés plus tardivement, sont qualifiés d’Upavéda, sorte de texte auxiliaire rattaché au Sama Véda, l’un des quatre grands textes des Védas avec le Rik Véda, le Yajur Véda et l’Atharva Véda. Selon les cycles Vata, Pitta et Kapha de la journée, certaines notes et certains rythmes sont favorisés. Les ragas du matin dynamisent. Ceux de la fin de matinée apportent de la joie. Ceux de l’après-midi développent la créativité. Ceux du soir relaxent et apaisent. Cette notion d’une musique attachée à certains horaires de la journée n’est pas si choquante qu’il y parait à première vue. Imaginez-vous en train d’écouter les nocturnes de Chopin en plein soleil de midi. L’effet sera incomparablement plus profond si vous les écoutez dans le silence de la nuit. Quels que soient les goûts musicaux de celui qui les écoute, les ragas du Gandharva Véda ont une influence bénéfique sur sa conscience, son comportement, sa physiologie et son environnement.
Plusieurs recherches faites sur les effets spécifiques de cette musique montrent sa capacité à intégrer les fonctions du cerveau et diminuer le stress. Le potentiel électrique de l’activité du cerveau avant et pendant l’écoute ont été analysés pour les fréquences Alpha, Béta, Delta et Thêta. L’étude conduite par Rasmussen, Orme-Johnson et Wallace a montré un accroissement du potentiel dans les ondes Alpha et Thêta, signe de relaxation et de bien-être. L’écoute du Gandharva Véda mobilise le cortex auditif, le cortex frontal, le cortex cérébral et le cortex moteur. L’hypothalamus, qui gouverne les émotions, est également sollicité. Cette musique peut donc être utilisée à la fois pour réduire le stress et pour améliorer l’humeur et l’état émotionnel de celui qui l’écoute.
Une autre recherche sur cette musique traditionnelle de l’Inde, conduite dans les années 60 par le Dr. Singh, chercheur à l’Université d’Annamalai (Inde), a montré que ces ragas avaient des effets très positifs à toutes les étapes du développement de plantes ou de légumes : les moissons étaient plus abondantes de 25 à 60 %. Son étude a montré en outre que la musique occidentale avait des effets variables selon le type de musique. Le rock avait des effets néfastes sur le développement des plantes, résultat confirmé par l’étude du professeur Tomkins sur le maïs, les courgettes et les soucis. Le rock a provoqué dans un premier temps une croissance démesurée de plantes avec des feuilles excessivement petites. Un arrêt de leur croissance a été constaté dans un second temps. Quant aux fleurs de soucis, elles étaient mortes sous l’effet du rock…alors que des soucis bercés aux harmonies de Mozart fleurissaient tout à fait normalement à quelques mètres dans une autre parcelle. Dans une autre étude, il est apparu que le rock perturbait sérieusement le fonctionnement neurologique des souris qui y étaient soumises.
La musique adoucit les mœurs dit le dicton populaire. On devrait ajouter qu’elle renforce le cœur et protège la santé. Une étude plus spécifique sur les effets du Gandharva Véda sur le système cardiovasculaire a été conduite par deux chercheurs indiens, Sanjoy Bandopadhyay et D.K.Bhattacharya. Leur constat : les ragas à base de sitar améliorent nettement l’ECG (électrocardiogramme), un résultat concordant avec celui de l’étude du professeur Delijanin Ilic.
Moralité ? Maestro, musique….
[1] Ce congrès a eu lieu en 2015 à Amsterdam.
[2] Version complète de l’Ayurvéda restaurée selon les textes fondateurs par le sage indien Maharishi Mahesh Yogi, l’Ayurvéda Maharishi considère la musique traditionnelle de l’Inde rapportée dans les textes du Gandharva Véda comme une véritable branche de la médecine.
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