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Lecture d’Entre Deux Tours : Le Monde d’Hier

On pourrait être tenté durant ce week-end prolongé, entre deux tours, de (re)lire Le Monde d’Hier (Gallimard). Stefan Zweig y dresse le tableau de la grandeur de l’âge d’or européen jusqu’à sa décadence. Depuis le Monde de la sécurité à Vienne au tournant du XIXème siècle jusqu’à l’Agonie de la paix (1934-1942).

Tour à tour décrit comme livre-témoignage de l’Europe d’avant-guerres, livre-testament (le manuscrit aurait été posté la veille de son suicide) ou autobiographie de Zweig qui justement « ne prend jamais le parti des prétendus « héros » mais voit toujours le tragique dans le personnage du vaincu », Le Monde d’hier, raconte le « destin d’une génération ». Celle qui est passée du degré le plus abouti de civilisation et de brassage artistique, intellectuel et spirituel à l’isolement le plus total.

Que la cécité de Zweig et l’optimisme collectif de l’époque qu’il décrit aient pu être critiqués, cette fresque, loin des conflits partisans ou techniques, met en lumière les idéaux européens ‎notamment de progrès et d’humanisme qui prévalaient alors et que les pères fondateurs de l’Union européenne ont, il y a 60 ans, œuvré à transcrire. Les aurions-nous perdus de vue ?

Pourtant, comme Zweig, nous avons « vu l’humanité s’élever à des sommets insoupçonnés dans l’ordre de la technique et de l’esprit, dépassant d’un coup d’aile tout ce qui avait été réalisé pendant des millions d’années ».

Pourtant, comme du temps de Zweig, « Jamais l’Europe n’avait été plus forte, plus riche, plus belle, jamais elle n’avait cru plus intimement à un avenir encore meilleur », pas seulement plus belle, plus libre aussi.

Comme Zweig, donc, il faut croire plus que jamais. « Jamais je n’ai plus espéré l’unification de l’Europe, jamais je n’ai plus cru à son avenir qu’à cette époque où nous pensions apercevoir une nouvelle aurore ».

Il ne s’agit plus de faire peur, car « l’air autour de nous n’est ni mort, ni vide, il porte en lui la vibration et le rythme de l’heure ».

Il s’agit de retrouver un élan général, de redonner une vision à l’Europe.

Ce ne peut être que celle de Zweig. Celle « du sentiment d’un destin commun (…) chez les nations quand l’intérêt commun [est] en jeu ».

Et, si on en doute encore, on récitera le week-end prochain quelques vers d’Europe de Jules Romains :

« Europe ! Europe !
Je crie :
Ne te laisse pas mourir !
Cramponne-toi. Crispe-toi.
Reprends ta vie dans un spasme. »

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