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Le Jeune Picasso De 20 Ans S’Invite Au Musée D’Orsay

Par Getty Images

Pour cette rentrée, culturellement explosive, je vois la vie en bleu puis en rose. Le Musée d’Orsay nous ouvre ses portes pour l’exposition unique et historique « Picasso. Bleu et rose ». Impossible de ne pas avoir noté et surligné ce rendez-vous culturel qui s’étendra jusqu’au 6 janvier 2019. Cette exposition innove et envisage de manière inédite ce moment de la création de Picasso dans toute sa richesse.

Les amateurs éclairés diraient que les couleurs bleu et rose n’étaient autres que les couleurs les moins chères de l’époque, et que, quelles que soient les élucubrations intellectuelles, cette version restera la seule et unique valable. Picasso débarque alors à l’âge de 20 ans dans ce même Musée d’Orsay, ancienne Gare d’Orsay, en 1900, débutant une carrière hors du commun et prêt à conquérir le monde. L’exposition tant attendue, co-créée avec le Musée Picasso reste l’occasion rare et jubilatoire de s’extasier devant des œuvres qui n’avaient jamais connu le sol français.

De 1900 à 1906, Picasso se transforme en génie en créant, dessinant, étudiant, mélangeant, associant et transfigurant les matières, les couleurs, les thèmes… Pendant 3 ans, cette période bleue correspond à une époque où Picasso aborde les thèmes douloureux, des prostituées, de la prison, du suicide, de la solitude humaine.

Il tombe ainsi dans le bleu après le suicide de son ami Carlos Casagemas, le bleu de la tristesse, le bleu reflet de cette société de misère qui l’entoure. La profondeur psychologique de Picasso transparaît dans cette intensité chromatique qu’est le choix du bleu. Puis le rose des « Saltimbanques ».

Le rose sur la joue de « Célestine », maquerelle borgne, signe annonciateur du changement d’humeur  et de couleur… nous sommes en 1904 et le bleu va progressivement disparaître.

Après une petite histoire amoureuse avec Madeleine, Fernande Olivier prend le relais et apaise le génie espagnol. Elle vend la mèche en racontant qu’au début des années 1900, Picasso fait la connaissance à Paris d’un couple de fumeurs d’opium. « Il fuma d’abord chez le couple en question, puis vint fumer chez lui. Et ce fut pendant quelques mois, deux ou trois fois par semaine, l’oubli admirable du temps et de soi-même ».

Petite précision d’importance : pour Picasso la période opium fut de brève durée : son ami Pierre Daix rapporte qu’il s’en détourna rapidement et que, par ailleurs,  » il touchait rarement aux alcools « .

Puis il commença à élargir sa palette en laissant rentrer le beige et le rose… Courte période puisqu’elle s’étend de 1905 à l’été 1906. On appelait autrefois le rose « incarnat » parce qu’il était la couleur de la chair.

La douleur disparaît mais la mélancolie persiste

La vie, la mort, le sexe, thèmes omniprésents dans l’œuvre de Picasso. 80 toiles sont exposées dont 50 chefs d’œuvre…

Notamment « La Vie » qui représente l’allégorie du cycle de la vie (ci-dessous).

 

 

 

Chaque période a son public, ce qui montre l’étendue faramineuse du talent de Picasso, et la longévité de son fan-club qui dépasse les générations et les milieux. Cette période moins courue par les collectionneurs raconte autant le génie mystérieux de l’artiste que ses émotions intimes et sa puissance de travail.

Mon coup de cœur :

 

 

 

Danseuse naine (La nana), 1901, Pablo Picasso (Barcelone, Musée Picasso). Le tableau frappe par l’intensité expressionniste de la gamme chromatique qui rappelle Van Gogh.

Pour les collectionneurs :

« La Gommeuse », tableau à la forte charge érotique, qui cache une seconde œuvre, rare Picasso de la période bleue de l’artiste, seconde œuvre qui s’est vendue pour 67,45 millions de dollars, chez Sotheby’s jeudi 5 novembre 2015, à New York lors d’une enchère par la maison Sotheby’s.

« Le Garçon à la pipe », tableau acheté 104 millions de dollars par un collectionneur anonyme en 2010.

 

 

Info Agenda

La Fondation Beyeler se consacre au jeune Pablo et à ses peintures et sculptures des périodes dites bleue et rose de 1901 à 1906 à partir du 3 février 2019

Où se cachent ils ? Au 4 coins du monde mais encore :

« Arlequin Assis » The Metropolitan Museum of Art NY

« La vie » The Cleveland Museum of Art 1903

« Célestine » Musée Picasso Paris 1904

« Acrobate à la boule » – Musée des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou, Russie 1905

« La Naine » Barcelone, Musée Picasso 1901

 

L’anecdote  

L’une des rares commandes privées passée à Picasso fut celle de son tailleur.

Le tableau « La Famille Soler » (La Boverie à Liège)

En échange de costumes neufs, Picasso, sans-le-sou à l’époque, s’était engagé à peindre la famille Soler, composée du tailleur, de sa femme et des 4 enfants. Ce tableau reprend le thème du Déjeuner sur l’Herbe d’Edouard Manet peint 40 ans plus tôt.

 

 Article rédigé par Constance Tillaye Blanc

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