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Le Girl Power S’Invite Dans Le Nouveau Monopoly

Monopoly
Image par ErikaWittlieb de Pixabay

Nous devrions être tous d’accord, l’ancienne version du Monopoly était loin d’être sexiste. Femmes et hommes pouvaient acheter des propriétés, être envoyés en prison et investir selon leurs souhaits. Hasbro a pourtant estimé que la nouvelle édition se devait de célébrer les femmes. 

Selon l’entreprise Hasbro, Mme Monopoly met en lumière les exploits des femmes. Dans un communiqué de presse, il est expliqué que : « Au lieu de construire des maisons, on y construit de siège d’une entreprise. Mme Monopoly célèbre les inventions mises au point par des femmes, du WiFi aux pépites de chocolat, en passant par le chauffage solaire, des avancées scientifiques aux accessoires du quotidien ».

Hasbro se targue également de proposer le premier jeu où les femmes gagnent plus d’argent que les hommes, leur permettant ainsi de goûter aux avantages financiers dont bénéficient les hommes dans le monde réel. En passant sur la case Départ, si les hommes récupèrent 200 $, les femmes récupèrent en effet 240 $.

Si l’intention d’Hasbro est tout à fait louable, l’entreprise renverse la balance en plaçant les femmes sur un piédestal, alors qu’elle devrait plutôt poursuivre une dynamique d’égalité parfaite. Les femmes ne demandent pas à être payées plus que les hommes dans le monde du travail, cette initiative du jeu de société n’est donc pas des plus réalistes. Elles n’ont pas non plus besoin qu’on leur rappelle constamment leur statut de femmes, auquel elles sont déjà bien assez confrontées dans les sphères professionnelles.

Le simple fait que les femmes aient leur propre version du Monopoly est très révélateur. Pourquoi ne pas simplement s’affronter sur un pied d’égalité, comme dans le jeu traditionnel ?

Ironie du sort, Hasbro n’accorde aucune reconnaissance à la célèbre inventeuse du jeu de société d’origine. Elizabeth Magie a breveté en 1904 un jeu de plateau appelé « The Landlord’s Game » (Le jeu du propriétaire) et renouvelle son brevet en 1924. L’éditeur de jeux Parker Brothers rachète alors son brevet pour 500 $ mais attribue l’invention du jeu à Charles Darrow. L’histoire du jeu de société le plus célèbre a d’ailleurs fait l’objet d’un article du New York Times en 2015 : « Pendant des décennies, on a raconté qu’un chômeur appelé Charles Darrow avait mis au point le Monopoly dans les années 1930. Il aurait vendu le concept à Parker Brothers et serait devenu millionnaire, sauvant ainsi l’entreprise et son propre destin. Ce récit était même glissé dans les boîtes commercialisées du jeu ».

Mais ce n’est pas tout. Elizabeth Magie avait bien inventé le jeu des années auparavant et n’avait touché que 500 $ pour cette idée. Dans la nouvelle version Mme Monopoly, Hasbro rend hommage à des entrepreneuses et leur a même attribué des prix pour leur inventivité. Peut-être un moyen pour l’entreprise de réparer ses torts passés.

Dans la plupart des jeux de société comme dans la vraie vie, la subjectivité n’a pas sa place. Les joueurs sont récompensés ou punis en fonction de leur choix et de leur chance, mais il n’existe ni préjugés ni discrimination. Chacun des joueurs a toutes ses chances de gagner la partie et c’est aussi le cas au Monopoly. Hasbro semble pourtant avoir réussi à déséquilibrer cette logique égalitaire.

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