Le Deuil, Une Expérience Compliquée Et Bizarre

Lorsque ma grand-mère dont j’étais très proche est décédée il y a deux mois, mon monde s’est effondré. Elle m’a élevée, et a été l’une de mes plus proches confidentes tout au long de ma vie. Pendant des années, j’ai redouté de recevoir ce fatidique appel, sachant pertinemment que ça conduirait à des jours au lit, à des torrents de larmes, à une douleur inimaginable… mais ça n’est pas ce qui s’est passé. Deuil

Dans les dix-huit mois qui ont précédé sa mort, c’est comme si un million de choses s’était passé. J’ai entendu parler des difficultés liées aux maisons de retraite, de la manière dont une famille peut s’effondrer, mais je n’étais absolument pas préparée à la réalité des choses. Et c’est moche.

Après que l’établissement m’a appelée pour m’informer que ma grand-mère s’était éteinte, j’ai pleuré, un peu, mais ce chagrin a rapidement été remplacé par quelque chose d’inattendu. Les jours qui ont suivi, alors que je supervisais tous les détails liés à son inhumation, j’oscillais entre l’incrédulité et la rage désinhibée. Ma colère avait déjà commencé à se manifester quelques semaines avant son décès, mais elle a explosé lorsqu’elle nous a quittés.

Au début, je me suis effondrée sous son poids et me suis presque perdue dans le chaos qui semble seulement apparaître lorsque la mort attend dans les coulisses. Le contentieux, la douleur et le sentiment d’impuissance ont créé une tempête parfaite qui menaçait d’engloutir tout sur son passage.

C’est alors que j’ai décidé de m’ancrer fermement dans le sol et de regarder droit dans les yeux de ce monstre. Je me réveille et je m’y confronte tous les jours, sans savoir combien de temps cela va durer. Certains jours, j’ai l’impression que je n’ai pas fait de progrès du tout – mais je repense alors à tout ce que j’ai parcouru depuis.

Un processus étrange

La plupart d’entre nous a une idée préconçue de ce qu’est le chagrin, mais tant que vous n’avez pas perdu un proche, vous n’êtes pas en mesure de vraiment comprendre ce sentiment. Et cela peut être également très différent selon les circonstances et les relations que vous avez partagées avec le défunt.

Il est possible que vous vous sentiez consumé par le désespoir, mais il y a de fortes chances également que le premier sentiment que vous ressentiez soit l’incrédulité. Vous pourriez penser à des choses comme « je lui ai parlé hier » ou « à cette heure hier, il/elle était encore en vie ».

En sortant faire des courses, j’étais sûre que tout le monde pouvait dire que ma grand-mère venait de décéder. Il n’y a aucun moyen que quelqu’un d’aussi formidable ait pu quitter cette Terre sans se faire remarquer. Bien sûr, ce n’est pas vrai. Personne en dehors de notre petite famille n’avait idée de ce que nous traversions.

Il est surréaliste que votre vie soit aussi bouleversée, que vous subissiez une telle perte, et que vous réalisiez que le monde continuera à tourner. En dépit de votre souffrance, le reste du monde continue à avancer, ce qui peut vous rendre confus et frustré.

A chacun sa manière de vivre le deuil

Il existe de nombreux livres et articles sur le sujet, et bien qu’ils puissent en aider certains d’entre nous, nous vivons en réalité tous différemment le deuil et le chagrin qui en découle. Vous ne pouvez pas anticiper ce que vous ressentirez avant de le vivre, et vous réaliserez probablement que le processus ne sera pas aisé, ni même linéaire.

Certaines personnes continuent d’aller travailler, suivent leur routine habituelle, et d’autres en sont incapables et ont besoin de temps avant de se remettre à fonctionner normalement. Il n’y a pas de calendrier précis pour le deuil. Vous ne pouvez pas prédire quand vous allez commencer à guérir, ou quand vous serez frappé par le chagrin. Parfois pendant plusieurs jours tout me semble aller mieux, et puis un beau matin je me réveille et je suis si accablée que je suis obligée d’annuler tout ce que j’avais prévu. C’est imprévisible.

Respectez votre propre processus et soyez honnête avec vous-même sur ce que vous ressentez. Ne comparez pas votre expérience à celle de quelqu’un d’autre, et ignorez toute personne qui juge votre deuil. Vous êtes le capitaine du navire, dans cette période agitée.

Accepter et reprendre son souffle

Au fil des jours, des semaines, voire peut-être des mois, vos pensées vont évoluer, changer, à travers votre processus de deuil. Certaines choses peuvent tourner en boucle dans votre esprit, dont quelques-unes que vous préféreriez probablement oublier. Il est tentant de repousser le moment fatidique, mais apprendre à accepter cette nouvelle réalité est en réalité la meilleure voie à suivre.

Ce ne sera pas facile, ça ne l’est jamais, et beaucoup de personnes avouent que leur chagrin semble se manifester par vagues. Vous pouvez vous sentir calme, serein et la minute d’après être complètement submergé par la douleur. Apprenez à respirer à travers ces moments difficiles. Permettez-vous de ressentir la douleur de votre perte. L’enfouir au fond de vous ne la fera pas disparaître, au contraire.

Au début – qu’il s’agisse une fois encore de jours, de semaines ou de mois  -, vous ressentirez peut-être le besoin de vous excuser pour être si « émotif ». Plutôt, soyez honnête avec votre entourage. Appuyez-vous sur vos amis et votre famille. Le deuil est un véritable processus de guérison qui prend du temps et de l’énergie, et nous sommes tous amener à passer par là un jour. Il n’y a aucune honte à avoir.

Il va s’en dire que nous ne sommes pas tous capables de nous en sortir seuls. Si vous vous sentez dépassé par le chagrin, que vous avez vraiment du mal à vivre après la perte d’un proche, envisagez de demander de l’aide à un professionnel. Parlez-en à votre médecin traitant, à un conseiller, ou rejoignez pourquoi pas un groupe de soutien local. Souvent, même si vous avez l’impression que ça ne fait que raviver la douleur, parler à quelqu’un vous aide à vous sentir mieux.

Mais le plus important, c’est d’être gentil avec vous-même. Offrez-vous une balade, lisez un livre, ou détendez-vous sur votre balcon/votre terrasse avec une boisson chaude. Prenez quelques minutes rien que pour vous chaque jour, et faites quelque chose que vous aimez. Et pendant que vous pensez encore et encore à la mort et au deuil, rappelez-vous combien vous voulez et méritez de vivre votre meilleure vie.