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Jeunes galeristes, nouvelle approche

Galerie
Solo show David Weishaar, 2023

Depuis quelques années, une génération de galeristes trentenaires « disrupte » le marché de l’art contemporain avec, dans son giron, des artistes internationaux, émergents pour la majorité, et des programmations audacieuses. Conçus comme des espaces de dialogue entre les œuvres et le lieu, ces galeries s’émancipent du modèle white cube institutionnel, en lançant des ponts entre les différentes disciplines culturelles (design, musique, mode, littérature…).

Un article issu du numéro 26 – printemps 2024, de Forbes France

 

DS Galerie, intime et créative

Après six années d’existence en tant qu’espace curatorial nomade (2016-2022), DS Galerie a posé ses valises à Paris. À la frontière de l’art contemporain et des Arts and Crafts, la galerie a été pensée par son fondateur, Thomas Havet, 31 ans, architecte de formation, comme l’espace intime d’un appartement : « Je souhaite explorer les notions de rencontre et de dialogue entre les œuvres et l’espace. » Dans la mouvance des artists run spaces, des espaces collectifs de mise en commun d’outils, de connaissances mais aussi de réseaux pour la jeune création contemporaine, DS Galerie offre un accompagnement sur mesure à des artistes internationaux, frais émoulus des écoles d’art (Andrès Baron, Alison Flora, Louis Jacquot, Xolo Cuintle…).

DS Galerie, 15 rue Béranger, Paris 3e

 

« Sans titre » mais pas sans ambition

« Nous ne sommes plus vraiment un nouveau lieu », s’exclame la fondatrice de la galerie Sans titre inaugurée en 2016. En effet, Marie Madec, 32 ans, fait figure de doyenne parmi la nouvelle génération des galeristes d’art contemporain.

Diplômée d’histoire de l’art, elle a commencé très tôt à exposer les travaux d’artistes émergents, âgés de moins de 35 ans pour la grande majorité d’entre eux, tout en cherchant à se défaire du modèle d’exposition du white cube. « Mes premières expositions se sont déroulées dans mon salon et dans mon frigo avec l’installation des Tétons-Citrons en résine de Romain Vicari. J’avais 23 ans et je ne savais pas encore que cela deviendrait mon métier. Je voulais simplement exposer des copains. » Avec son espace ouvert au public et aux horaires bien réguliers, la jeune femme souhaite créer un point de repère pour les visiteurs et les collectionneurs lors de leurs promenades culturelles. « Si la plupart de nos artistes sont jeunes (ou l’étaient quand ils ont commencé à collaborer), nous ne travaillons pas différemment de nos aînés : la présence physique est beaucoup plus importante qu’une présence en ligne. Notre volonté est d’accompagner le mieux possible leur carrière sur le long terme. »

Avec son regard désormais aussi expérimenté qu’affûté, la galeriste s’est imposée comme cheffe de file de la scène arty avec ses artistes (Jessy Razafimandimby, Ezio Gribaudo, Robert Brambora, Paula Kamps…) qui pourraient devenir des signatures incontournables dans un futur proche. Il y a d’ailleurs des signes qui ne trompent pas : la foire Paris+ par Art Basel a ouvert ses portes à Marie Madec dans son espace Galeries émergentes.

 

Exposition d’Élisabeth Garouste

 

Ketabi-Bourdet ou la quête du Graal

L’union fait la force. Charlotte Ketabi-Lebard et Paul Bourdet, respectivement âgés de 30 et 31 ans, ont d’abord mené leurs carrières en solo avant de se rendre compte qu’ils étaient complémentaires. « Paul possède une connaissance quasiment encyclopédique du design, et moi de l’art contemporain après avoir fait mes classes chez Nathalie Obadia », explique la jeune galeriste. Situé dans le quartier huppé de Saint-Germain-des-Prés, l’espace Ketabi- Bourdet expose à la fois des œuvres d’art contemporain et des pièces de mobilier, principalement issues des années 1980. Longtemps boudé par les collectionneurs, le design eighties fait son grand retour dans le monde de l’art contemporain. « On offre une vision globale où la passerelle entre l’art et le design se traduit souvent par la pièce unique. Dans mon jargon, je parle de “sculpture fonctionnelle”. C’est le cas avec des artistes comme Paolo Pallucco et ses chaises sur lesquelles on ne peut pas s’asseoir mais aussi d’Élisabeth Garouste qui a sculpté et peint à la main chacune de ses œuvres. »

Lancée il y a trois ans, la galerie peut s’enorgueillir d’avoir très vite obtenu ses entrées à Art Basel, comme à Miami récemment. En mars prochain, elle participe à sa seconde TEFAF à Maastricht. « C’est le Graal pour nous. Grâce à notre spécialité dans le design des années 80, via les expositions que nous avons faites sur Bob Wilson, Paolo Pallucco ou Philippe Starck, on a pu être présents dans des foires prestigieuses parce que nous étions les premiers mais également les seuls sur ce marché. »

Ketabi-Bourdet, 22 passage Dauphine, Paris 6e

Charlotte Ketabi-Lebard et Paul Bourdet

 

Lo Brutto Stahl, transgénérationnelle

Vincent Lo Brutto, 29 ans, et Pablo Stahl, 28 ans, anciens étudiants aux Beaux-Arts, ont fondé leur propre galerie. Un ancien showroom devenu un espace d’exposition éclectique de 200 mètres carré, à travers une sélection très internationale, et sans limite d’âge. On y croise des créateurs émergents mais aussi des artistes plus établis en passant par des curations exclusives de plasticien, comme le très prometteur Tornike Robakidze.

Lo Brutto Stahl, 21 rue des Vertus, Paris 3e

 

Spiaggia Libera, l’insoumise…

En donnant la place aux auteurs, philosophes, créateurs de mode et musiciens, la galerie de Sacha Guedj Cohen, 31 ans, inaugurée en 2023, a voulu repenser les modèles traditionnels d’exposition et de collaboration en cassant les silos du monde de l’art. Des performances de musiciens, des rencontres littéraires… Autant d’événements et d’expériences qui « disruptent » les expositions d’artistes, et entretiennent une communauté autour de la création.

Spiaggia Libera, 56 rue du Vertbois, Paris 3e

 

Vue d’exposition, Valentin Ranger, Infected_Disfigured, Spiaggia Libera, Paris, 2024

 


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