« Si je n’avais qu’un seul regard à poser sur le monde, ce serait sur Istanbul » disait Lamartine. Pour le poète, la Nouvelle Rome incarnait l’essence même du monde : un carrefour où convergent cultures, histoire et civilisations. À l’image d’un Janus posé sur le Bosphore, Istanbul oscille entre l’Europe et l’Orient. Mais aujourd’hui, ces lignes s’estompent. Quartiers réhabilités, créateurs audacieux et jeunes chefs cosmopolites redéfinissent la silhouette de la ville. 48 heures pour prendre le pouls d’une métropole vibrante et décomplexée.
Une contribution de Céline Dassonville, spécialiste Lifestyle
Jour 1 – Les trésors de la Vieille Ville
Matin – La Grande Mosquée, le Musée Sainte-Sophie et la Mosquée Bleue
Basilique byzantine devenue mosquée après la prise de Constantinople puis convertie en musée par Atatürk, Sainte-Sophie est redevenue mosquée en 2020. Depuis janvier 2024, l’entrée est payante pour les étrangers (25 €), avec un accès réservé par la fontaine Ahmed III. Pas de billetterie en ligne ni de coupe-file ; arriver tôt reste donc la meilleure option pour éviter la foule. Traversez ensuite la place Sultanahmet, avec ses espaces verts, ses fontaines et ses vendeurs de simit (pain au sésame) pour rejoindre le Musée Sainte-Sophie. Courte et didactique, la visite retrace le destin de l’édifice. Poursuivez avec la Mosquée Bleue, autre joyau, célèbre pour ses six minarets, ses 260 vitraux, ses 21 000 carreaux de faïence et ses quatre imposants piliers en pattes d’éléphant.
16h – Tea Time au Pera Palace
Une aura de glamour flotte sur le Pera Palace. Conçu pour accueillir les voyageurs de l’Orient-Express, le palace a reçu des hôtes de légendes comme Jacqueline Kennedy, Alfred Hitchcock et Agatha Christie. Haut lieu de l’espionnage à l’Entre-deux-guerres, il est étroitement lié à Atatürk, qui séjourna dans la chambre 101, aujourd’hui transformée en musée en son honneur. Le tea time se déroule dans le superbe salon Kubbeli, où l’on savoure des douceurs ottomanes accompagnées de thé ou de café turc, sur fond de piano live.
17h – Virée au Grand Bazar
Si la Turquie est le royaume de la contrefaçon, le Grand Bazar en est le cœur battant. À voir pour son architecture emblématique, le lieu abrite 4000 échoppes, ce qui en fait le plus grand marché couvert du monde. Gucci, Chanel ou Louis Vuitton – tous les iconiques des maisons de luxe sont répliqués, avec des résultats plus ou moins convaincants. Une visite incontournable, même si le Bazar égyptien, à quelques pas, séduit davantage par son charme authentique.
19h – Coucher de soleil sur le Bosphore
Situé entre les quartiers de Beşiktaş et d’Ortaköy, le Çırağan Palace Kempinski est un havre de paix au cœur du brouhaha de la ville. Cet hôtel cinq étoiles est installé dans un ancien palais impérial. Bien que ce dernier ait été détruit par un incendie en 1910, la porte donnant sur le fleuve et le hammam en marbre sont restés intacts. Au bord de l’eau, le C Bar, avec DJ et cocktails, est le spot parfait pour profiter de couchers de soleil hypnotiques sur le Bosphore.
21h – Dîner de chef chez Gallada
Quiconque a déjà flâné à Istanbul connaît la richesse de sa cuisine de rue, aussi tentatrice que parfumée : lahmacun, köfte grillé, moules farcies… Mais la cuisine turque sait aussi se faire raffinée. La preuve ? En 2022, le pays a fait son entrée dans la sélection du Guide Michelin avec 53 adresses distinguées, dont 5 étoilées. Porté par le chef star aux deux étoiles Fatih Tutak, Gallada incarne la vitalité de la scène culinaire locale. Au sommet du Peninsula Hôtel, cette table chic célèbre les saveurs turques et asiatiques, avec une carte inspirée de la Route de la Soie. Le millefeuille de lamelles de mouton grillé est un délice fondant qui laisse un souvenir ému. L’une des plus belles tables du moment, avec une vue spectaculaire sur les grands monuments et le spectacle des goélands virevoltants autour des minarets.
Minuit – The Peninsula Hotel Istanbul
S’il est un hôtel cinq étoiles incarnant la fusion parfaite entre héritage turc et luxe moderne, c’est bien celui-ci. Situé sur les rives du Bosphore, ce chef-d’œuvre architectural se compose de quatre bâtiments, dont un ancien terminal de croisière, alignés à deux pas du nouveau quartier de Galataport. Chaque espace a été conçu par des artisans locaux et des designers de renom, tels que Zeynep Fadıllıoğlu, et rend hommage à l’héritage ottoman, tout en intégrant les standards les plus élevés du luxe contemporain. Des photographies en noir et blanc d’Ara Güler capturent l’essence d’Istanbul des années 1960, tandis que la fragrance, un subtil mélange de jasmin et de citronnelle, est l’œuvre du parfumeur Nishane. Les 138 chambres et 39 suites révèlent un raffinement discret : des volumes généreux, du marbre de Marmara et des pièces d‘artisanat, tels que des têtes de lit en soie, des tapis kilim et des céramiques anciennes. Du spa de 1650 m2 intégralement pavé de marbre où sont prodigués des rituels traditionnels aux jardins modernes conçus par Enzo Enea, avec leur piscine à débordement et leur œuvre d’art signée par l’artiste américain Richard Hudson, ce Peninsula turc est une réussite totale, et l’un de nos hôtels préférés pour séjourner à Istanbul.
Jour 2 La nouvelle scène stambouliote
Matin – Explorer les galeries d’art de Beyoğlu
Depuis dix ans, Istanbul s’impose comme une place montante de l’art contemporain en Europe. Les principales fondations et galeries d’art contemporain, SALT, Galeri Nev, Yapı Kredi Kültür Merkezi… se concentrent à Beyoğlu, sur la rive européenne. Plus loin dans le quartier de Dolapdere, ne manquez pas Arter, premier musée turc consacré à l’art contemporain abritant, sur 18 000 m², des œuvres de Sophie Calle, Mona Hatoum, Joseph Beuys…
Midi – Déjeuner sur le pouce chez Yeni Lokanta
Près de l’avenue Istikal, ce restaurant tenu par un chef en vogue propose une cuisine turque joliment modernisée, dans un cadre intime et décontracté. Les manti (raviolis turques) sont à tomber et la carte des vins est également excellente.
14h – Visiter le nouveau Musée d’art moderne conçu par Renzo Piano
Installé dans un sublime bâtiment conçu par le cabinet Renzo Piano Building Workshop, Istanbul Modern est le plus grand centre d’art contemporain d’Istanbul. Sa collection met en lumière les pionniers de l’art turc ainsi qu’une importante collection de photographies. Surplombant le Bosphore, le toit du musée vaut le détour avec ces bassins miroir capturant les reflets du ciel et les silhouettes des goélands.
Après-midi – Shopping de créateurs à Galataport
Il flotte un air de Dubai Marina dans ce nouveau quartier posé sur les rives du Bosphore près de la Tour de Galata, à l’emplacement de l’ancienne zone portuaire. Aujourd’hui, les vapurs et quelques paquebots de croisière voilent parfois la vue mais l’atmosphère est agréable et aérée le long de la promenade de 1,2 km bordée d’œuvres d’art, de boutiques et de cafés branchés. Pour une immersion dans l’avant-garde, direction Paket Postanesi, l’ancien bureau de poste métamorphosé en temple du design et de la mode. Magnifiquement restauré, le bâtiment indus abrite quelques 70 boutiques, dont celle du joaillier Sevan Bıçakçı, la marque de bijouxBee Goddess, portée par les actrices d’Emily In Paris, Atelier Rebul, la jolie échoppe de parfums et savons aux allures d’apothicaire…
19h – Dîner et mondanités chez Ruby
Prisé par une faune sexy, ce spot festif est installé dans une yali, l’une de ces élégantes maisons en bois sur le Bosphore. Dans un cadre chic et moderne, on y dîne avec une vue magique sur la rive asiatique et les illuminations des ponts suspendus. La carte propose une sélection savoureuse de mezze et l’ambiance monte en température au cours de la soirée.
Nuit – Où danser à Istanbul ?
Avis aux noctambules : la nuit stambouliote pulse tout autant que le jour. Des bars d’Ortakoy aux clubs de Taksim et Beyoglu, Istanbul by night offre un panel d’options pour s’encanailler. Les puristes du son se pressent au Klein Phönix, le « Berghain d’Istanbul » tandis que Masquerade, le club des footballeurs, offre une ambiance nettement plus bling. Sunset est un parfait compromis avec son cadre élégant fréquenté par la jeunesse dorée.
Glorieuse et innovante, patrimoniale et avant-gardiste, rustique et élégante, 48 heures, c’est peu, mais cela suffit à saisir, si l’on sait ouvrir les yeux, l’âme de cette métropole fascinante qui semble faire le grand écart à chaque coin de rue. Des rues où les siècles d’histoire se mêlent à une modernité flamboyante. Impossible d’y rester insensible.
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