La Fugue, c’est une agence de voyages musicaux à l’origine d’une cinquantaine de séjours sur-mesure par an, imaginés par Frédéric Pfeffer, passionné de voyage et de musique classique… Interview
D’où venez-vous Frédéric Pfeffer ?
Je suis né à Salzbourg, en Autriche, dans un milieu rural au sein d’un contexte musical. Enfant je faisais partie d’un chœur d’église et de la fanfare municipale. Comme je souhaitais voyager, j’ai suivi une formation parallèle dans l’hôtellerie, et en même temps, une formation au Conservatoire du Mozarteum, voulant enrichir ma culture. Pendant cette période, j’ai donc travaillé la flûte et la direction d’orchestre. A 20 ans, je m’engage sur un bateau suédois pour 2 ans. Grâce à ce job, j’ai pu faire deux fois le tour du monde, monter les échelons et me faire une jolie expérience de clientèle. Revenu à New York, j’échange mon appartement avec un ami vivant à Paris afin d’apprendre le français, et je réponds à une annonce. Je deviens alors à 24 ans (en 1977), durant 4 ans, directeur du train de l’Azur Bleu, train se composant de différentes voitures ( restaurant, dancing …) avec un vrai service à bord. En 1981, je décide de créer mon agence de voyages musicaux « la Fugue », essentiellement tournée vers l’Opéra. Mon envie : concevoir des voyages, les créer. En 86, je crée Europa, un abonnement qui permet d’assister aux 5 meilleurs Opéras et en 93, je crée un concours de chant avec Placido Domingo.
Pourquoi la Fugue ?
C’est en référence à l’Art de la Fugue de Jean-Sébastien Bach. La Fugue est la traduction de ma passion pour le voyage et la musique. C’est un véritable épanouissement ! Et J’ai tout de suite visé le haut de gamme en terme de clientèle. J’organise environ 50 voyages sur-mesure par an, du simple week-end au voyage sophistiqué (croisière musicale par exemple) et les prix varient de 600/700 € à 15 000/20 000€.
Que proposez-vous comme type de voyages ?
J’ai deux offres différentes : la première est en ligne et concerne le client individuel, non accompagné, en Europe. Cela comporte vol, hôtel et transferts, billets pour l’Opéra. La seconde concerne un voyage « Fugue » thématique, et qui ne se fait qu’une fois. Ce voyage unique est accompagné de conférenciers de haut vol. Ces voyages sont de véritables créations sur-mesure, comme par exemple la croisière sur rail (avec le Royal Scotsman). Chaque étape se fait dans un château avec une représentation musicale. Par exemple avec la thématique « croisière sur le fleuve », nous l’avons effectué en 3 étapes, de la Mer Noire à la mer du Nord. En 2011, j’ai créé une thématique sur l’Art contemporain, bien entendu en lien avec la musique. Olivier mon associé depuis 3 ans, s’occupe de voyages lointains, des aventures culturelles à travers la découverte de pays.
Comment définissez-vous le voyage ?
Il faut avoir une ouverture d’esprit universelle. Le voyage à mes yeux est une obligation pour devenir un être humain. Cela permet de s’enrichir et de se civiliser. C’est un devoir. Chaque homme a le droit de bouger sinon il devient esclave. Il doit s’ouvrir au monde.
D’où vous vient cette passion pour les baguettes de chef d’orchestre ?
A l’époque de mon conservatoire, j’ai suivi la Master Class de direction d’orchestre, dirigé par Herbert von Karajan, en auditeur libre. Ce qui est amusant, c’est que durant ma période de Train Azur, j’ai rencontré sa femme Eliette, mannequin chez Dior. En 88, après un concert de Karajan, nous sommes allés le saluer dans sa loge. Je lui ai raconté que je l’avais rencontré lors de la Master Class à Salzbourg et là, il m’a regardé longuement puis m’a tendu sa baguette. C’est ainsi que cela m’a donné l’idée de créer une collection et de demander à tous les chefs d’orchestre que je rencontrais s’ils pouvaient me donner leur baguette. J’en ai à l’heure actuelle 200.
Exposez-vous votre collection ?
Il y a 3 ans, grâce à Yves Carcelles, le PDG de Louis Vuitton à l’époque, j’ai reçu une malle conçue et créée par Patrick Vuitton. Cette malle et les baguettes qu’elle contenait a été exposée 3 mois au Grand Palais. Actuellement, elle se trouve au Japon.
Pourquoi avec cette passion ne pas être devenu chef d’orchestre ?
Je le voulais, mais ma passion des voyages était la plus forte et je n’avais pas le temps. Ce fut un choix au moment de lancer mon entreprise la Fugue et j’ai préféré devenir entrepreneur, car devenir chef d’orchestre est un vrai métier, exigeant, difficile.
Que représente la baguette pour le chef d’orchestre ?
La baguette est le prolongement de la main et pointe les différents pupitres. Cette gestuelle est universelle. L’interprétation et l’émotion viennent réellement du chef d’orchestre. Par exemple, Boulez dirigeait sans baguette.
Quels sont vos trois opéras préférés ?
En ce moment Richard Strauss, Janacek, compositeur peu connu mais qui a une écriture musicale incroyable, et West Side Story.
Et vos chefs d’orchestre préférés ?
Carlos Kleiber, le plus grand chef d’orchestre jamais rencontré (il a joué la Traviata, Tristan & Iseult, le Chevalier à la Rose) et bien entendu Herbert von Karajan.
Vous avez aussi participé à l’écriture et écrit des livres sur la musique ?
C’est un autre moyen d’évasion pour moi. J’ai co-écrit « les Hauts Lieux musicaux d’Europe » un livre recensant 100 opéras (salles, villes, festivals). Ce livre est un condensé de tout ce que je connaissais et c’est un vrai plaisir pour moi. En 91, j’ai écrit avec Jean des Cars, « sur les pas de Mozart » ; Je connaissais bien Mozart, l’ayant traduit en voyages de nombreuses fois au moment de son bicentenaire.
Quels sont vos projets ?
Nous lançons une application de voyages avec Jet Privé pour minimiser les contraintes liées au voyage. Nous avons déjà des accords avec certains prestataires. Nous lançons également une croisière aérienne avec une chaîne hôtelière internationale très connue, où nous allons scénariser le voyage. La première sera au printemps 2017 en Europe du Sud sur une dizaine de jours. Nous créons aussi une thématique en Jet privé qui fera vivre une histoire.
lafugue.com
32 Rue Washington, 75008 Paris
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