Certains milliardaires comme Larry Ellison ou Herb Simon ont perdu leur maison sur la plage huppée de Carbon Beach à Malibu (Los Angeles) après l’incendie de Pacific Palisades le mois dernier. Cependant, la maison du milliardaire britannique Carlton Nixon a résisté aux flammes.
Le mois dernier, lorsque l’incendie de Pacific Palisades a atteint la zone huppée du littoral de Malibu, connue sous le nom de Carbon Beach, l’investisseur britannique Simon Nixon se trouvait à Londres, à 8 690 kilomètres de là. Impuissant, il a finalement reçu des nouvelles d’un membre des pompiers locaux, qui lui a envoyé une photo par WhatsApp. Seize maisons situées dans une rangée à l’ouest de la sienne, dont celles des milliardaires Herb Simon, Mark Walter et Geoffrey Palmer, ont été gravement endommagées ou détruites, mais par miracle, celle de Carlton Nixon est toujours debout et semble même avoir servi de rideau de feu pour protéger six voisins de l’autre côté. « Vous avez sauvé toutes les maisons à droite », a écrit l’employé.
Le quartier de Carbon Beach, souvent appelé « la plage des milliardaires » en raison de la présence de propriétaires fortunés, se trouve dans le périmètre sud-ouest de l’incendie de Pacific Palisades, de l’autre côté de l’autoroute. L’incendie a consumé la plupart des maisons de la moitié est de la plage, mais Carlton Nixon s’en est sorti avec moins de 10 % de dégâts, selon la carte d’inspection du comté de Los Angeles. La raison de cette bonne fortune ? Sa propriété rectangulaire d’allure industrielle, surnommée à juste titre « The Fortress » (la forteresse), est principalement constituée de béton, d’acier et de verre. Carlton Nixon a construit la propriété il y a environ un an après avoir rasé deux maisons en bois vieillissantes qu’il avait achetées à cet endroit pour 24,6 millions de dollars en 2016.
« Si j’avais construit une maison en bois, elle ne serait plus là aujourd’hui, cela ne fait aucun doute », déclare Carlton Nixon. L’entrepreneur technologique, qui a acquis la majeure partie de sa fortune estimée à deux milliards de dollars en cofondant le site internet de comparaison de prix MoneySuperMarket, dirige une entreprise appelée Simon Escapes, dans laquelle il développe des maisons de luxe destinées à la location à court terme. Son portefeuille de sept propriétés s’étend de la Barbade à l’Afrique du Sud. The Fortress est la seule offre américaine. Il louait la maison de cinq chambres à coucher pour plus de 200 000 dollars par mois, mais elle était inoccupée au moment de l’incendie.
L’architecte à l’origine de The Fortress est la société Olson Kundig, basée à Seattle, qui est peut-être plus connue pour la conception de musées et la rénovation de l’emblématique Space Needle de Seattle que pour la construction de maisons. Parmi ses projets récents, on retrouve le monde des enfants du Musée juif de Berlin (ANOHA), qui comprend une arche circulaire en bois de 585 mètres carrés, et le Centre d’innovation LeBron James au siège de Nike dans l’Oregon.
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Carlton Nixon a dépensé plus de 1 700 dollars par mètre carré (plus de 15 millions de dollars) pour la construction : un prix qu’il avait fixé avant la pandémie, dit-il, ajoutant que les coûts ont depuis augmenté de manière significative. Le style austère d’Olson Kundig contraste avec l’aspect plus ancien et plus doux de la majeure partie de Carbon Beach. De nombreuses propriétés ont été construites entre les années 1920 et 1970, à une époque où « tout ce que les États-Unis construisaient était en bois », explique le courtier Nathaniel Pitchon Getzels de Coldwell Banker. C’est le cas de trois des six maisons de milliardaires qui ont été détruites.
Carlton Nixon, quant à lui, estime que les dégâts ne s’élèvent qu’à 400 000 dollars, principalement sur la terrasse en bois et les balustrades en verre. Cela équivaut à seulement 1 % de ce qu’il a dépensé pour acheter et construire la propriété. Sa maison pourrait servir de modèle pour reconstruire plus solidement, non seulement à cet endroit, mais aussi dans tout Los Angeles.
Carlton Nixon ne pensait pas aux incendies de forêt lorsqu’il a construit The Fortress. « Je pensais que la probabilité la plus forte serait un tsunami, un tremblement de terre, voire une coulée de boue », explique-t-il. L’eau d’un côté de la plage et l’autoroute de la côte Pacifique de l’autre contribuent à freiner la propagation des incendies, mais de fortes rafales, comme les infâmes vents de Santa Ana du mois dernier, peuvent projeter des braises et des débris enflammés sur l’autoroute.
Selon Carlton Nixon, « une partie de la raison de la conception était que l’environnement peut être si rude ici », notant que l’autoroute apporte le bruit et la pollution de l’air. Le côté de la maison qui fait face à la route est entièrement en béton pour atténuer ces facteurs. Des poutres d’acier apparentes assurent le soutien de l’ensemble. Quant au côté qui fait face à l’océan, il est fait de verre pour maximiser la vue, mais il peut être fermé par des volets extérieurs motorisés.
« Je ne suis pas surpris qu’elle ait tenu bon. Le béton ne brûle pas », explique Victor Sanchez, un pompier à la retraite qui a travaillé dans la région de Malibu pendant 25 ans, notamment à la station de Carbon Beach. Les bâtiments en béton sont omniprésents en Californie, mais il s’agit presque toujours d’immeubles commerciaux. « Ce n’est pas courant pour une maison individuelle. Mais Malibu n’est pas un lieu commun. Il est évident que les milliardaires ont plus d’argent pour construire des bâtiments aussi coûteux. »
Grant Cardone, un investisseur en immobilier et en capital-investissement, est un autre habitant de Carbon Beach dont la maison a subi peu de dégâts grâce, encore une fois, au béton. Dans son cas, il s’agissait d’une fondation en béton qui s’avance sur la plage pour élever la maison au-dessus du sol. Selon lui, les flammes sont venues d’en bas et ont été bloquées par les fondations suffisamment longtemps pour que les pompiers puissent les éteindre avant qu’elles ne consument la partie en bois de la maison (mais les dégâts sont suffisamment importants pour qu’il envisage de dépenser 30 millions de dollars pour reconstruire à neuf, cette fois-ci en métal, en pierre ou en béton).
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Selon la National Ready Mixed Concrete Association, construire en béton ajoute souvent 5 % à 10 % au coût de la construction. Cependant, de nombreux propriétaires de maisons en béton constatent des économies à long terme grâce à une meilleure efficacité énergétique et à des primes d’assurance moins élevées. De plus, les conditions météorologiques de plus en plus extrêmes, des incendies aux récentes coulées de boue, poussent les architectes et les propriétaires à réfléchir sérieusement aux matériaux les plus aptes à résister à Mère Nature.
Les maisons situées à l’ouest de celle de Carlon Nixon qui ont brûlé, dont celle de Herb Simon et l’une des maisons de Geoffrey Palmer, avaient généralement une ossature en bois et un extérieur en stuc, comme de nombreuses propriétés de la région de Los Angeles. La quatrième personnalité la plus riche au monde, Larry Ellison, a également perdu deux de ses maisons à Carbon Beach, d’une valeur totale de 39 millions de dollars, qui semblaient avoir une ossature en bois. L’élasticité du bois le rend résistant aux tremblements de terre, un autre risque naturel auquel la Californie est confrontée, mais en aucun cas aux incendies.
« Avec un stuc à ossature en bois, les braises s’infiltrent dans les avant-toits et s’engouffrent dans le trou de ventilation, et si elles atteignent le grenier, c’est fichu, on ne peut pas sauver la maison », explique Victor Sanchez. « Parce qu’il faut beaucoup de main-d’œuvre pour éteindre un feu de grenier, et nous avons des centaines de maisons qui brûlent. Il est tout simplement impossible d’y faire face. » Il note que les maisons de Carbon Beach sont également collées les unes contre les autres, ce qui permet aux flammes de passer plus facilement de l’une à l’autre.
Certains constructeurs de maisons disent avoir trouvé un moyen de rendre le béton viable pour le marché de masse. La maison de Carlton Nixon est plus chère grâce à l’armature en acier et au fait que le béton est « coulé sur place », c’est-à-dire qu’il est coulé sur le site de construction.
La société NileBuilt, quant à elle, fabrique des murs en béton hors site et les assemble sur le terrain en quelques heures. Son fondateur, Scott Long, explique qu’il a mis au point une nouvelle technologie légère (une armature en fibre composite avancée) qui ne nécessite pas de squelette en acier, se plie comme le bois en cas de tremblement de terre, ne s’enflamme pas et coûte moins cher qu’une maison en bois.
« Le logement est la seule industrie qui n’a jamais fait progresser les pratiques de construction », déclare Scott Long. « Nous construisons exactement de la même manière que lorsque nous avons commencé à utiliser le bois de construction dans les années 1400. C’est un secteur dinosaure. »
L’architecte Rebecca Ascher est d’accord pour dire que l’innovation est désespérément nécessaire. Un autre défi coûteux lié au béton est la création de cavités pour la plomberie et le câblage, dit-elle, mais cela pourrait devenir moins pertinent à mesure que les maisons sont équipées de sources d’énergie alternatives. « Nous nous trouvons dans une zone intermédiaire entre la vie à l’ancienne et une vie futuriste à la George Jetson », dit-elle. « Et ce sont peut-être des événements catastrophiques comme celui-ci qui nous obligent à changer. »
Quel que soit le coût, nombreux sont ceux qui ne s’intéressent pas au béton. « La plupart des gens ne l’aiment pas », déclare Rebecca Ascher, dont l’entreprise Bex Ink s’adresse à des clients très fortunés. « Il présente de nombreuses imperfections. Il a une certaine texture. Il y a de l’écho. Il est froid au toucher. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de progrès à faire, dans 100 ans les gens riront peut-être de l’aspect du béton. Mais il faut l’améliorer avant de le généraliser. »
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La ville de Los Angeles est désormais confrontée à la tâche gigantesque de la reconstruction. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a signé le mois dernier un décret visant à rationaliser le processus, notamment en suspendant certaines règles environnementales. Les autorités débattent également d’éventuelles nouvelles règles en matière de construction de logements, y compris le rezonage pour réduire la densité des habitations dans les zones particulièrement exposées aux incendies, et l’accélération d’une série de normes à venir pour l’enlèvement des débris, de la végétation inflammable et des clôtures en bois du périmètre des habitations. Après tout, le béton n’est pas une panacée. « Les murs en béton ne font certainement pas de mal, mais si nous nous contentons de construire en béton et que nous ne changeons rien d’autre, nous continuerons à perdre de nombreuses maisons », déclare Dave Winnacker, chef des pompiers à la retraite.
Quant à Carlton Nixon, certains disent qu’il a eu un peu de chance : si des braises avaient pénétré à l’intérieur, elles auraient enflammé tout ce qui était inflammable. Quoi qu’il en soit, il espère que ses voisins reconstruiront avec des matériaux résistants au feu, ce qui, selon lui, rendra sa maison moins vulnérable.
« J’essaie de voir le positif », dit-il, « et le seul point positif auquel je peux penser pour Carbon Beach, c’est que si l’on prend une période de cinq à dix ans, on peut espérer que la plupart de ces maisons auront été reconstruites de manière plus contemporaine. Certaines d’entre elles paraissaient en effet très datées et n’étaient peut-être pas adaptées aux changements climatiques survenus au cours des 100 dernières années. Dans dix ans, la plage pourrait être fantastique et figurer parmi les meilleures plages des États-Unis. »
Article de Monica Hunter-Hart pour Forbes US, traduit par Flora Lucas
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