En 2014, le constructeur automobile Fiat Chrysler (FCA) a eu la volonté de redonner un coup de jeune à sa marque Alfa Romeo, alors un peu moribonde, en annonçant la sortie de sept nouveaux modèles avant l’année 2018. A mi-2017, seulement deux de ces voitures sont sorties et il semble de moins en moins probable que l’objectif fixé sera atteint dans les temps.
La première de cette nouvelle génération d’Alfa a finalement débarqué à l’automne 2016, remettant au goût du jour l’allure devenue classique de la Giulia, et visant directement la vénérable Série 3. Avec l’insigne Giulia, Alfa présente à nouveau sa Quadrifoglio, la variante la plus performante qui soit; c’est aussi la voiture qui a illuminé mon allée pendant toute une semaine.
En relançant l’Alfa Romeo aux Etats-Unis, la FCA s’impose un grand défi. La marque est vieille de 107 ans et a été hors du marché pendant plus de 20 ans. Mis à part quelques douzaines de 8C et une centaine de 4C, le dernier modèle de masse aux Etats-Unis est la 164 Sedan de 1995; en fait, la classer dans la catégorie des modèles de masse est un peu exagéré. Même en Grande-Bretagne, les ventes d’Alfa sont tombées à environ 74 000 avant 2013. Pour la majorité des conducteurs américains, sauf pour ceux assez vieux pour se souvenir de Mrs Robinson (dans Le Lauréat), Alfa Romeo peut sembler être une marque complètement neuve; donc lancer un nouveau modèle avec succès est un pari risqué.
Etant donné la difficulté du défi, il semble étrange que la marque ait décidé de viser, avec son premier produit, une icône comme la BMW série 3. D’un autre côté, si elle y parvient, FCA peut ainsi se créer une belle image d’entrée de jeu. Au vu de la réalité actuelle du marché, avec des consommateurs qui se détournent des voitures et préfèrent à ces dernières des SUV ou des hybrides, le choix d’une Sedan pour donner le ton semble aussi un peu étrange. Sur ce point également, FCA a assuré ses arrières avec le SUV Stelvio, qui n’est séparé de la Giulia que de quelques mois.
En ressuscitant une vénérable marque italienne avec l’objectif de mettre les allemands au tapis, il faut qu’Alfa Roméo se distingue. réellement.. mais comment ? Apparemment, ce sera de la façon dont les italiens se sont toujours différenciés des allemands, de manière assez stéréotypée: la passion contre la froideur, l’efficacité calculée.
À ceux d’entre nous qui sont assez âgés pour se rappeler les Alfa Romeo: sachez qu’un simple coup d’œil vous suffira pour savoir qu’il s’agit exactement de ce que vous avez sous les yeux, avec tout de même un petit quelque chose de différent. Le fameux blason triangulaire ne manque pas à l’appel et les courbes voluptueuses suggèrent que cette voiture provient de la péninsule suspendue à la pointe sud du continent.
Pourtant, ce que nous avons là diffère tout de même assez de la dernière voiture à porter un insigne Giulia dans les années 1970 : Ces modèles là étaient des petites Sedan étriquées et, comme d’autres Alfa de l’époque, elles donnaient une impression de délicate fragilité.
La Quadrifoglio moderne a des proportions contemporaines, ainsi que des côtés tout en rondeur renfermant de magnifiques roues d’alliage de 19 pouces avec un caoutchouc minimal et très performant. La peinture métallique Monte Carlo Blue est absolument surprenante et les triangles blancs, qui contiennent le trèfle à quatre feuilles sur les côtés avant, vous invitent à penser que cette voiture est spéciale.
A l’intérieur, les surfaces sont couvertes d’un mélange de cuir noir somptueux et d’Alcantera, avec des touches de fibre carbone, qui sont à présent obligatoires. Les sièges avant, lourdement rembourrés, imposent que cette voiture est faite pour LA conduite. Une autre touche agréable est le contraste de la couture, composée de fils vert et gris parallèles l’un à l’autre, assortis à l’insigne Quadrifoglio.
A l’arrière du volant, de longues commandes manuelles, dans un style métallique, sont soutenues par la colonne de direction. L’unique petite plainte que l’on peut formuler au sujet de la cabine concerne l’anneau du volant: celui-ci peut sembler trop mince, bien que le diamètre soit parfait. De manière intéressante, le bouton rouge de démarrage se trouve tout en bas à gauche du volant, plutôt que sur le tableau de bord comme souvent. Vous n’avez pas à tendre le bras autour du volant pour démarrer la voiture cependant, si vous avez garé le véhicule en laissant le volant autrement que tout droit, cela modifiera la place du bouton qui pourra alors se trouver n’importe où. Ce choix peut donc paraître un peu surprenant
Les sièges avant sont au-delà de tout reproche, offrant confort et maintien, même dans les virages les plus serrés. Alors que l’ouverture des portes arrière est un peu étroite, vous obligeant à courber la tête en entrant ou en sortant, une fois à l’intérieur il y a tout ce qu’il faut comme espace pour les jambes et la tête; au moins autant (si ce n’est plus) que ses concurrents de prestige. Le coffre ne fait que 12 pieds cube (environ 0.33 mètres²), comme une M3, mais il est bien modelé et devrait pouvoir contenir plusieurs bagages à main.
Mais tout cela n’est rien si la conduite ne se démarque pas franchement de ses contemporaines allemandes. C’est sur ce point que la Giulia brille. Le modèle de base et le modèle Ti sont tous deux propulsés par un moteur turbocompressé de 2 L, quatre cylindres et 280 chevaux.
Quant à la Quadrifoglio, quelle bête ! Cette variante a un moteur 2.9 L V6 doté d’une paire de turbocompresseurs.
La M3 BMW et la Mercedes AMG C43 sont chacune motorisées par un 3 L biturbo six cylindres, mais elles ne développent respectivement que 425 et 363 chevaux.
La Quadrifoglio, elle, développe 505 chevaux et un couple de 443 lb-pi. Appuyez sur le bouton de démarrage et elle se met en route dans un rugissement agréable puis s’apaise en ne faisant plus que doucement ronronner. Le V6 à 90 degrés ne vibre que de manière à vous faire savoir qu’il tourne et qu’il est prêt à « jouer ».
Lorsque je l’ai conduite dans mon quartier, elle cheminait d’une manière étonnamment sage et n’a donc pas agacé mes voisins un seul instant. Mais dès lors que je me suis éloigné et que j’ai appuyé sur l’accélérateur, la bête s’est libérée. Ne vous méprenez pas, ce n’est pas comparable au grondement impétueux que vous obtenez d’une American V8 mais c’est le genre de tonalité ronronnante et hypnotisante que vous obtenez d’un moteur italien qui en jette.
La marque de l’Italie du nord est très forte sur ce modèle. Le compte-tours indique 6 500 t/min en dehors des terrains plats. À chaque changement de vitesse, la montée en régime suit et l’on peut entendre le déclic de l’échappement. C’est un son sublime, pas du tout gênant. Le plus intéressant, c’est qu’on peut l’entendre à volonté. Lorsque vous ne faites qu’une balade en ville ou que vous êtes en escapade sur les routes, cela reste bien maîtrisé et n’attire pas une attention non désirée de la part de la police ou des voisins.
Assez tristement, au cours de sa production les responsables produits de la FCA ont décidé que trop peu de conducteurs opteraient aujourd’hui pour une transmission manuelle pour justifier ce choix sur ce modèle. Le mécanisme automatique ZF 8 vitesses est absolument adorable et les changements de vitesse se font comme sur des roulettes, mais je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’un bon six ou sept vitesses avec une pédale d’embrayage aurait donné.
Cette voiture est étonnamment rapide, particulièrement sur l’autoroute. Quand j’ai conduit la 4C Spider l’année dernière, ou la Nissan GT-R il y a quelques années, l’accélération pour atteindre les vitesses d’autoroute m’a fait l’effet d’un catapultage de porte-avion. Posez le pied sur la pédale droite et vous recevez un coup dans le dos accompagné du chant du moteur et d’une grande vélocité. D’une certaine façon la Quadrifoglio semble accélérer presque aussi vite, mais cela se produit sans que ça n’ait l’air de rien. Si vous appuyez sur la pédale, vous passez de 110 km/h à près de 200 km/h en un clin d’œil, sans vous être rendu compte de quoi que ce soit, mis à part l’allure à laquelle le paysage défile soudainement.
Un autre élément remarquable de cette voiture est la dynamique de sa conduite. La direction est très vive et précise, la voiture suivant exactement le mouvement que vous initiez. En dépit du minimalisme des pneus Pirelli de haute performance, (série 35 à l’avant et série 30 à l’arrière), la conduite est incroyablement souple et ce même en mode sport.
Vous pouvez appuyer sur le bouton se trouvant au centre de l’écran de pilotage pour faire passer les amortisseurs à un mode plus doux, mais selon moi vous n’avez pas vraiment besoin de cela, même sur des routes notoirement mauvaises. La Giulia offre un contrôle très stable tout en permettant suffisamment de mouvements de roue pour faire de cette conduite un plaisir quotidien. L’écran de pilotage vous permet de définir les paramètres de stabilité afin que le taux de lacets de la Giulia soit facilement manipulable avec l’accélérateur, à la manière des bonnes voitures de sport. De fait, c’est si agréable que vous ne vous préoccuperez pas de la lenteur et de la faiblesse générale du système de navigation, ni de l’imprécision de la reconnaissance vocale. Vous vous contenterez d’entrer dans le sanctuaire de la voiture et de conduire, sans vous soucier d’où aller.
Il ne reste donc plus qu’à attendre et voir si FCA atteindra ou non son but de faire passer les ventes d’Alfa Romeo au chiffre de 400 000 par an.
Pour l’instant les ventes de la Giulia n’ont pas été spectaculaires aux Etats-Unis et BMW n’est pas en danger immédiat de voir la marque italienne les dépasser. Mais si vous êtes désireux de cdécouvrir une Sedan sportive au charme et à la conduite fantastiques, n’hésitez pas à partir à la recherche d’un concessionnaire Alfa Romeo le plus proche pour essayer la Quadrifoglio, avant de vous engager à régler en plusieurs fois un modèle du concurrent…
Vous ne regretteriez pas un tel choix. Peut-être que si plus de monde conduisait des voitures aussi passionnantes que celle-ci, moins de personnes seraient tentées par un SUV…
Le coût de la Giulia quatre cylindres démarre à 38 000$ (environ 33 900€), et la Giulia Quadrifoglio que j’ai conduite pour le test a coûté 77 195$ (près de 68 878€) livraison incluse.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits