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Game Of Thrones, Un Premier Episode Réussi Pour La Saison 7

Crédit HBO

Il arrive souvent que le premier épisode d’une nouvelle saison de Game of Thrones ait un rythme un peu lent. Le premier épisode permet en effet de poser le décor pour que, la semaine suivante, les éléments de ce décor s’animent enfin et nous laissent une vive impression.

L’épisode qui est sorti en France il y a quelques jours, « Dragonstone », répond presque parfaitement à ce critère. Pourtant, il s’agit aussi de l’un des commencements de saison les mieux réalisés et les plus engageants dont je puisse me souvenir, offrant coup sur coup des scènes toutes plus brillantes les unes que les autres. Game of Thrones m’avait manqué. Tout comme le retour de Danaerys à Dragonstone, ce nouvel épisode a justifié mon sentiment.

Le premier épisode de la saison 7 s’est ouvert sur une scène troublante. Lord Walder Frey siégeant lors d’un rassemblement de son abondante  progéniture et autres proches. J’ai tout d’abord pensé qu’il s’agissait d’un flashback.

Puis Frey se mit à dire des choses de plus en plus étranges. Il fit référence à ses hommes en les qualifiant de courageux ; après tout, ils ont bien tué une femme enceinte et la mère de cinq enfants. C’est à ce moment que j’ai réalisé qu’il ne s’agissait pas d’un flashback. C’était Arya Stark, sous son masque magique, qui maudisait et effaçait le nom de Frey, le tout d’un seul merveilleux coup. Voilà une glorieuse manière de commencer la septième saison.

À partir de là, nous sommes passés à un cadre tout blanc. Des silhouettes dans un champ terne. Les morts en marche. Le Roi de la Nuit, ses marcheurs blancs, et une armée de morts.

J’ai compté trois zombies géants. Des zombies géants ! Pardonnez-moi les remarques très expansives dont cet article est ponctué, mais comme je l’ai relevé un peu plus haut, Game of Thrones m’a vraiment manqué ; pour ce qui est des zombies géants, je pense qu’ils ont plus leur place dans The Walking Dead.

Par le passé j’ai composé mes critiques de la série Game of Thrones avec une boussole à la main. De fait, la série télévisée comme les livres de George R. R. Martin s’étendent sur une vaste zone géographique. Au Nord, Jon se lance dans une mission ; au Sud, Ned perd sa tête ; dans l’Est, Danaerys brûle un pauvre homme arrogant avec du feu de dragon. À l’Ouest, Greyjoy jette son frère du haut d’un pont.

Dans le premier épisode de la saison sept, trois Stark se trouvent dans le Nord. Bran et Meera Reed sont accueillis au Mur par des frères de la Garde de Nuit qui les laissent entrer. Le mur ne tombe pas, semble t-il à cause de la marque du Roi de la Nuit sur le bras de Bran.

Mais le fait que Bran repasse par la terre des vivants ne signifie pas qu’il est sur le point de retrouver son frère/cousin et sa sœur, Jon et Sansa. Il est à Châteaunoir à présent, et c’est là une raison suffisante pour pousser un profond soupir de soulagement, bien que Jon et Sansa soient à des jours de là, dans le sud, à Winterfell.
Ils siègent à cet endroit avec les seigneurs du Nord. Les deux Stark font face à deux difficultés.
Tout d’abord, la question du rôle des femmes dans l’effort de guerre. Jon considère que chaque personne capable de combattre sera d’une aide précieuse dans la guerre à venir, une idée contestée par au moins l’un des seigneurs du Nord. Mais la jeune Lyanna Mormont est prompte à répondre, refusant d’être prise de haut. Chaque personne en bonne condition physique sur l’Île-aux-Ours commencera à s’entraîner immédiatement, déclare t-elle. Et personne ne s’oppose à la jeune Lyanna qui, de même que Brienne, devient vite mon personnage féminin préféré de cette histoire.
Le deuxième problème est plus sensible. Sansa défend l’idée que les châteaux des Umbers et des Karstarks, deux des plus anciennes familles nobles du Nord, devraient être donnés aux loyalistes Stark. Après tout, les deux maisons ont rejoint les Boltons, combattant les Starks et trahissant leurs vœux et leur loyauté. Jon, à présent Roi du Nord, désapprouve cette idée et refuse de punir des familles entières pour les péchés de leurs pères. Il demande la loyauté des enfants qui ont hérité de la trahison et des positions de leurs parents.

Cela est bien reçu par l’assemblée des seigneurs du Nord, et Sansa dit à Jon avec sincérité qu’il est bon à l’exercice du pouvoir, mais qu’il lui faut être malin. Malheureusement, leur conversation tourne court.
Plus tard, lorsque Littlefinger tente de conseiller Sansa, celle-ci le congédie brusquement. La plus âgée des filles Stark a gagné en froideur et en poigne avec les années.

Un corbeau apporte un message depuis Port Réal de la part de la Reine Cersei, demandant allégeance et promettant la destruction en cas de refus. Sansa dit à Jon qu’il a oublié l’ennemi qui se trouve au sud, tant il est obsédé par l’ennemi au nord. « Tu sembles presque admirer Cersei, » répond Jon. « J’ai appris d’elle une chose de la plus haute importance, » rétorque Sansa.

Nous nous dirigeons donc vers le sud, tandis que la corneille vole par-dessus les terres où Arya chevauche, par-dessus le lieu où la Fraternité sans bannière enterre des fermiers morts, et par-dessus la forêt et les champs, jusqu’à une terre pour l’instant épargnée par l’Hiver.

Dans le sud, Cersei et Jaime se retrouvent finalement. Tous leurs enfants sont morts. Ils sont « les derniers Lannister qui importent » constate Cersei, qui semble en plein rejet de tout ce qui ressemble de près ou de loin à une émotion. Jaime est à court de mots, partagé entre son amour pour sa sœur-amante et son désarroi face à sa rudesse.

Le frère et la sœur s’accordent sur le fait qu’ils sont entourés d’ennemis. Au nord, les Stark se sont rassemblés. Jon et Sansa ont battu les Boltons. Walder Frey est mort. À l’Est Danaerys et son armada se préparent à arriver à Dragonstone. Au sud, Highgarden et Sunspear sont tous deux des ennemis jurés de Cersei et de la Maison Lannister. Olenna Tyrell et Ellaria Sand ne feront jamais la paix, bien que Jaime et Cersei semblent croire que le « camp des vainqueurs » importe. Tout cela est devenu profondément personnel. La stratégie et la diplomatie ne sont que deux victimes de plus dans cette terrible et sanglante guerre.

Toutefois, Cersei a un tour de plus dans son chapeau, et il s’avère que ce tour est exactement celui que j’avais annoncé concernant la saison sept. Cersei a convoqué Euron Greyjoy et sa flotte de fer, et Euron est venu réclamer une reine. Les deux ne se font pas confiance cependant : Euron promet « un gâteau sans prix » afin de prouver sa sincérité. Selon moi, il s’agit des dragons de Daenarys. Je pense qu’Euron est en possession de la corne magique qui peut contrôler les dragons, et prépare le terrain pour l’usage qu’il en fera contre Daenarys et ses neveu et nièce, Theon et Yara.

Lorsqu’Euron apparaît devant Cersei, il déroule un bon jeu, lâchant quelques piques au sujet de Jaime et apportant du crédit à une autre de mes prédictions de la saison 7, à savoir que l’éventuelle union entre Euron et Cersei finirait à terme par éloigner Jaime. Euron dit à Cersei qu’il est auprès d’elle avec « toute sa bonne volonté », et ajoute que tuer son frère lui fit ressentir un « sentiment sublime ».

Deux de nos personnages favoris voyagent vers les terres dévastées que sont les Riverlands, une terre qui fut un jour, il n’y a pas si longtemps, le siège de la Maison Tully. La maison de Catelyn a sans doute fait face aux pires combats, à la fois dans la récente guerre et lors de la rébellion de Robert il y a une génération. A présent que le combat a pris fin, les Riverlands restent le royaume des bandits, des troupes Lannister, et des nobles marginaux comme la Fraternité sans bannière.

Le Limier, qui a rencontré Beric Dondarrion,Thoros of Myr et le reste de la fraternité dans la saison 6, voyage à présent avec eux. Ils se rendent à la ferme où le Limier et Arya travaillèrent il y a longtemps, lorsque Sandor vola l’argent du fermier et livra l’homme et sa fille à la mort malgré les protestations de la jeune Stark. Cela s’est passé dans la saison quatre.

Le fermier et sa fille ne sont plus que des cadavres à présent, s’agrippant l’un à l’autre dans une étreinte mortelle. Le Limier est rongé par le remord, bien qu’il se garde bien de révéler ce secret. Cette nuit-là, il s’assied en compagnie de Beric et Thoros, confiant à Beric qu’il est ennuyeux, qu’il n’a rien de spécial et se demandant à haute voix pourquoi lui, plutôt que quelqu’un d’autre, a été ramené à la vie à plusieurs reprises. Thoros demande à Sandor, dont le visage est couvert de brûlures à cause de son frère sadique, de regarder les flammes. A contre-cœur, le Limier scrute le feu : il voit le Mur, et l’armée des morts qui en fait le tour dans les environs d’un château proche de la mer.

Ce château est celui vers lequel Tormund et les Wildlings se dirigent.

Pendant ce temps, Aria Stark s’éloigne du meurtre des Freys qu’elle a commis en chevauchant vers le sud, pour se rendre à Port Réal où elle rencontre un groupe de Lannister occupés à « maintenir la paix ».

Ce fut ma scène préférée de l’épisode entier. À l’opposé des assassins que sont les Lannisters, qui ont tué la plupart des proches d’Arya, et à l’opposé des intrigants semblables à Tywin et Cersei dont le monde est peuplé, des hommes bons et généreux existent. Ils chantent des chansons qui parlent des femmes plutôt que Les Pluies de Castamere. Ils offrent à leur invité la première bouchée de viande et une flasque de vin. Ils sont fils de pêcheurs, et jeunes pères; de simples hommes, en d’autres mots. Et non pas des meurtriers comme Gregor Clegane, ou des êtres machiavéliques comme Joffrey.
Arya leur dit qu’elle se rend à Port Réal pour tuer la reine : ils rient tous à la « blague ».

Je n’aime pas l’idée qu’elle puisse tous les laisser pour morts, ces bons hommes qui ne font que porter la mauvaise nuance de rouge, et dont les pommeaux arborent des lions. Pour l’instant, je ne peux que m’imaginer qu’elle apprécie une nuit de musique, avec au menu du lapin et du vin de mûres.

Plus au sud, nous retrouvons Samwell Tarly. Pauvre de lui. Nous avons vu de nombreux faits affreux dans cette série, mais peu sont aussi écœurants et hilarants que les aventures de Sam en tant que stagiaire dans la Citadelle. Il s’occupe des malades, nettoie leur couche, tout en ayant pratiquement la nausée alors qu’il effectue cet odieux travail. Il sert ensuite leur bouillie aux Maîtres et voilà que les lits et les bols semblent être les mêmes. Ce qui entre par une extrémité ressort par l’autre. Ce moment est certainement l’un des plus drôles de la série.

Sam est pourtant en mission, et il est impatient d’apprendre une chose utile qu’il puisse utiliser pour aider Jon dans son épique guerre contre la mort. Il échoue dans sa tentative d’influencer le Grand Maître lui même pendant une autopsie, (laquelle est bien moins écœurante que la scène des lits, à mon sens) car le Grand Maître est étudiant en histoire, et défend l’idée pas très convaincante que l’humanité ayant survécu à une atrocité après une autre, il n’y a pas de raisons de s’inquiéter.
Sam finit par voler la chaîne porte-clé d’un ancien et s’introduit dans la zone à l’accès restreint. Il y découvre une chose importante : sous Dragonstone se trouve une montagne de verre de dragon, l’unique matériau autre que l’acier valyrien qui peut tuer un Marcheur blanc.

Nous voyons ensuite Sam veillant les malades et, alors qu’il se dirige vers un bol vide, un bras à l’allure familière surgit soudainement. Une voix, familière également, s’enquiert au sujet d’une reine dragon. Ser Jorah Mormont est là, dans l’hôpital de la Citadelle, à la recherche de son remède. On ne peut se faire erreur sur cette voix.

Sam, hélas, n’a pas entendu parler d’une reine dragon. Le spectateur, lui, oui. Nous voyons alors les navires, et la grande armada dont Cersei a parlé, accostant précisément là où Jamie avait dit qu’ils le feraient: à Dragonstone, la maison ancestrale des Targaryens, et l’ancienne demeure du vil Stannis Baratheon, qui a brûlé sa propre fille sur le bûcher et a rencontré sa fin à la pointe de l’épée de Brienne.

Rendons-nous à présent à Dragonstone.

Le retour de Daenarys à la maison est un grand événement. Une île imposante, parsemée de rochers gris. La musique est entraînante et thématique. À peine Daenarys a t-elle posé le pied sur le sable que je ne peux que me rappeler Kevin Costner dans Robins des Bois : Prince des Voleurs, lorsqu’il arrive en Angleterre.
Cela dit, ce retour à la maison est dramatique et, en un sens, époustouflant. Dragonstone a toujours été une sorte de spectacle secondaire à l’affaire tortueuse de Stannis et Melisandre. La carte de Westeros est ici faite de pierre, et non peinte comme celle que Cersei a commissionnée à Port Real. Il s’agit de la même carte de bataille que celle devant laquelle Stannis se tint avant que Melisandre n’envoie le démon qu’elle avait enfanté tuer Renly.

Daenarys, Tyrion et la suite de la Mère des Dragons entrent dans la maison lorsque Daenarys interroge, « Vous êtes prêts? »

Quel début de saison !

Ce fut, sans hésiter, l’un des mes premiers épisodes de saisons préférés pour la série Game of Thrones. Le fait qu’une saison si avancée ait un premier épisode aussi bon atteste de la qualité et de la durabilité de la série. La majeure partie de l’épisode n’avait pour but que d’installer le décor, et pourtant j’étais captivé, accroché et absorbé, de la scène d’ouverture au générique de fin. Si l’épisode suivant avait commencé immédiatement à la suite de celui-ci j’aurais poursuivi mon visionnage, et j’aurais facilement pu faire cela toute la nuit.

La nouvelle dynamique de Cersei et Jamie est intrigante, tout comme la tournure que le personnage d’Euron a prise. Tant d’événements sont sur le point de se produire qu’il est presque douloureux de devoir détourner les yeux de l’écran et patienter une semaine entière avant la sortie du prochain épisode.

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