Le Grand Prix de Formule 1 de France de 2020 a été annulé pour cause de Covid-19. Cette année, il se tiendra le 20 juin, en comité réduit avec 15 000 spectateurs sur les 60 000 places disponibles. Entretien avec Eric Boullier, DG du Grand Prix de France.
Un an après l’annulation du grand prix 2020, vous pouvez de nouveau l’organiser. Comment avez-vous réagi à cette annonce ?
Eric Boullier : On a accueilli cela comme une excellente nouvelle pour toutes les personnes qui y travaillent, les fans de Formule 1, les spectateurs du Grand Prix de France. Surtout, c’est très important pour les pilotes français, il ne faut pas les oublier. Quand on est Français, rouler dans son grand prix national et devant ses propres supporters a une saveur particulière.
Cependant, il n’y aura que 15 000 personnes sur les 60 000. Comment un événement qui repose en partie sur la recette de billetterie est-il rentable ?
E. B. : En temps normal, un grand prix doit, pour être rentable, atteindre 80 à 85 % du remplissage de la jauge. Sachant qu’on a pris la décision très tôt de se redimensionner à trois zones de 5000 personnes, on a aussi réduit nos coûts. On a restreint les dépenses dans notre plan de communication, limité la publicité et la visibilité.
Par contre, on a continué d’investir sur le profiling de nos spectateurs. Le GP de France c’est 80 % de Français, 45 % de locaux. Cela nous a permis de cibler les potentiels clients afin de répondre au mieux à leurs attentes.
15 000 spectateurs c’est trois fois la limite autorisée. Comment allez-vous procéder ?
E. B. : Depuis le mois d’octobre et bien avant l’annonce du président de la République, j’ai pris la décision avec la préfecture du Var d’aborder le GP avec une stratégie limitée à trois jauges de 5000 spectateurs. On a jugé que ce chiffre pourrait être considéré comme capacité d’accueil maximale pour tous les grands événements culturels et sportifs. Il s’est avéré qu’on a eu un peu de chance car l’annonce d’Emmanuel Macron a confirmé notre intuition.
Les 150 hectares du site permettent de constituer trois zones complètement hermétiques avec des contrôles d’accès et un strict respect du protocole sanitaire. Tous les spectateurs seront assis. Notre système de billetterie nous permet de choisir l’emplacement ; on a fait en sorte que chaque place soit séparée au moins d’un siège.
Quel effet a eu l’avancée du GP en France sur l’organisation prévue ?
E. B. : Un gros coup de stress ! Nous ne sommes pas en charge du calendrier de la F1, c’est le promoteur commercial mondial qui s’en occupe. Lorsqu’il nous a demandé d’avancer la date, on savait que les conséquences seraient importantes notamment vis-à-vis des spectateurs qui avaient déjà réservé leur séjour dans la région. On a dû rembourser ceux qui ne pouvaient plus venir. On a été à l’écoute de nos clients et on fera tout ce qui est possible pour que ce ne soit pas une trop grosse déception.
On a dû recomposer le tout dans les jours qui ont suivi l’annonce. Un GP c’est une petite équipe de 20 personnes qui travaille toute l’année à temps plein. La semaine de l’événement, on fait travailler 1500 personnes. Il a fallu réajuster toute l’organisation, refaire les plannings, avancer les recrutements. Ce qui devait être fait en une semaine a été fait en une journée.
Avez-vous ressenti un engouement du public à l’ouverture de la billetterie ?
E. B. : Malgré le sous-dimensionnement de l’événement, on a bien travaillé sur l’image du GP. Nous avons observé un très bon départ des ventes à l’ouverture de la billetterie. En trois mois, on avait tout vendu. Nous avons constaté une certaine appétence du public pour ce premier GP en France depuis la pandémie. Après avoir passé plusieurs semaines à interviewer des spectateurs du grand prix pour comprendre leurs attentes, nous avons réussi à créer un produit qui devrait être les bases et les fondations du futur.
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