En direct du festival de Cannes | « Coupez ! », un ovni jubilatoire avec Romain Duris et Bérénice Bejo

Avec COUPEZ ! une comédie de zombies aussi déjantée que réussie, le réalisateur Michel Hazanavicius fait un retour remarqué sur les écrans. La sélection de ce film joyeux pour faire l’ouverture du festival de Cannes place cette 75^ème édition sous le signe du renouveau, après deux années en berne… ou presque.

Le genre de film que l’on ne s’attend pas à voir à Cannes aux heures de pointe et de surcroît en cérémonie d’ouverture du festival… La comédie sur les zombies de Michel Hazanavicius est bien plus qu’un film de genre à grand renfort d’hémoglobine, puisqu’il vous plonge dans les coulisses de la fabrication du cinéma.

Comme l’original, le film d’horreur japonais déconstruit de Shinichiro Ueda en 2017 au succès culte*, le film démarre avec une séquence non coupée de 30 minutes dans laquelle le tournage de film de zombies vire au cauchemar en devenant réalité : les acteurs et l’équipe se transforment en morts-vivants suceurs de sang.

A l’issue de cette séquence totalement ratée s’opère un retour dans le temps de 4 semaines où l’on découvre un réalisateur français de second plan, Rémi Bouillon (Romain Duris) qui accepte de réaliser un film d’horreur en une seule prise ininterrompue.

Parodie des films de série B, et regard attendrissant sur les « petite mains » essentielles à la fabrication d’un film, derrière la couche de sauce tomate qui gicle dans toutes les scènes de décapitation, c’est la détermination, la transmission filiale d’une fille qui rêve de devenir réalisatrice comme son père – et campée par la fille de Michel Hazanavicius – mais aussi le travail d’équipe qui transparaissent dans cette mise en scène ultra rythmée et jubilatoire.

Un film quasiment sans budget

Après The Artist et Godard Mon Amour, et bien entendu les deux premiers volets d’OSS 117, Michel Hazanavicius confirme son talent pour la comédie avec cette capacité d’auto-dérision qui lui est chère.

A la question de ce qui l’avait attiré dans le film original, le réalisateur explique avoir été séduit par le « vrai tour de magie » du scénario où tout bascule… Pour coller au plus près de l’original, le réalisateur a adapté les conditions de tournage avec des restrictions de délai : « Quatre-vingts pour cent du film a été tourné au même endroit en six semaines, ce qui est assez court. Je tenais à ce que règne sur le plateau une belle énergie de groupe car nous réalisions le remake d’un film à petit budget bouclé par un étudiant qui s’était beaucoup engagé. Les acteurs ont tous adhéré à cette idée. J’aurais presque été embarrassé de faire un film trop cher et trop long. ». On attend la prochaine idée d’un réalisateur devenu incontournable dans le paysage cinématographique.

*Le film a récolté 60 millions de dollars dans le monde sur un budget de 25 000 dollars.

Coupez ! de Michel Hazanavicius, avec Romain Duris et Bérénice Béjo. En salles actuellement.