En compétition à Cannes : May December, dans un jeu de miroir troublant

Avec May December, le réalisateur de Carol, Todd Haynes, confronte par un jeu de miroir très troublant Natalie Portman à Julianne Moore, avec en arrière-plan la description d’un pays dont les mœurs forgent profondément l’identité. Standing ovation à l’issue de la séance.

A Savannah (Géorgie), les maisons blanches et coloniales de bord de mer plantent le décor d’une vie paisible et privilégiée… Un cadre en trompe-l’œil où fait irruption une actrice célèbre (Natalie Portman) qui vient rencontrer celle qu’elle va interpréter à l’écran, Gracie (Julianne Moore). Plus âgée, cette mère de famille a enflammé la presse à scandale et a passionné le pays 20 ans plus tôt pour avoir eu une liaison avec un adolescent de 5^e. Après quelques années de prison et un divorce, Gracie s’est remariée avec son jeune amant avec qui elle a eu des jumeaux. L’eau a-t-elle coulé sous les ponts ? Dans cette confrontation entre deux femmes que tout oppose au premier abord où l’une cherche à déterrer le passé tandis que l’autre essaie de l’enterrer, se dessinent en arrière-plan les contours d’une société tiraillée entre normes sociales et questionnements moraux. Au-delà de la ressemblance physique (traits du visage, silhouette longiligne), la jeune comédienne qui use de sa grâce, de la précision de ses gestes, pour asseoir le mimétisme voulu avec son personnage, ne fait bientôt plus qu’une avec lui dans un jeu troublant d’identité qui questionne la connaissance de soi.

Porté par les incroyables performances de Natalie Portman et de Julianne Moore, le film explore l’une des grandes facultés de l’espèce humaine : « notre refus catégorique de nous regarder en face. » a déclaré le réalisateur.

May December, de Tod Haynes avec Natalie Portman, Julianne Moore, et Charles Melton

Film en compétition à Cannes 2023

<<< A lire également : Le jury de Cannes 2023 : une sélection prestigieuse de personnalités du cinéma >>>