Pour donner une seconde vie au Domaine de la Trigalière, près de Tours, la famille Cheuvreux a imaginé un laboratoire grandeur nature de diversité, véritable paradis vert pour urbains en mal de verdure.
À Paris, Maître Bruno Cheuvreux est connu pour être un des notaires les plus influents de la place. Son groupe de notariat qui compte 23 associés est présent à Paris, Lyon, Bordeaux et Reims. Cet expert des marchés immobiliers accompagne depuis plus de 30 ans les familles et les entrepreneurs dans leur stratégie patrimoniale.
Mais à Ambillou, un petit village de Touraine situé à quelques kilomètres de Tours, Maître Chevreux est plus connu sous le patronyme de « Monsieur le Maire ». Élu aux dernières élections municipales, il consacre désormais une grande partie de son temps à la gestion de ses administrés et au développement de la commune.
Un sujet qu’il connaît bien pour porter, depuis quelques années, un projet complètement fou : faire de son domaine de la Trigalière un laboratoire grandeur nature de diversité, véritable paradis vert pour urbains en mal de verdure.
Un confort quatre étoiles au cœur de la forêt
Dans ce qui a longtemps été le royaume des chasseurs à courre, Bruno Cheuvreux a conduit, pendant 4 ans, un chantier de restauration complet du petit château « Le Cottage » – un ancien relais de chasse du XIXe siècle – et d’une dizaine de maisons disséminées sur le domaine de plus de 1 000 hectares, les anciennes écuries, le rempotoir, le séchoir, les maisons des fermiers et des gardes pour en faire un véritable petit parc hôtelier en pleine forêt.
Il en a confié la responsabilité à sa fille Aleksandra qui, entre deux productions de documentaires à Paris, surveille la restauration des « nouvelles maisons » qui composent le domaine hôtelier et gère les équipes qui en assurent le bon fonctionnement.
Car pour attirer le Parisien qui entend bien se retrouver ici coupé de la frénésie urbaine, à condition de ne manquer de rien, le domaine de la Trigalière déploie une panoplie de services à faire pâlir un quatre étoiles : en dehors des massages, des séances de shiatsu et de yoga à la demande, les clients peuvent profiter de la piscine privée, pêcher des brochets et des carpes dans les étangs (en mode no kill), faire une randonnée « tir à l’arc », enfourcher des vélos pour des balades en famille dans les forêts.
Et selon la saison, les clients sont invités à apprendre la cueillette des champignons, participer à un stage de photo de nature ou aller écouter le brame du cerf la nuit – quand ceux-ci ne viennent pas pousser la sérénade sous les fenêtres des cottages !
Dans ce haut lieu de vénerie où le cheval est roi, on peut même amener sa monture ; ici, tout est prévu pour cela, les box et les prés.
« Dans les mois à venir, nous proposerons des événements ponctuels autour de la culture, des projections, des expos, des cycles de conférences », annonce Aleksandra Cheuvreux, bouillonnante d’idées pour la « renaissance » du domaine.
Et le moins que l’on puisse dire est que, dans la famille Cheuvreux, ce ne sont pas les idées qui manquent.
Un simple tour de la propriété dans le buggy de Bastien, le responsable technique du domaine, suffit à s’en rendre compte.
Au bout d’un long chemin, on découvre ainsi « l’Arboretum du chêne » de huit hectares, où sont conservées 800 variétés de chênes. « Le but est de faire connaître et découvrir celles qui vont résister le mieux aux futures températures, de créer de la biodiversité » explique Bastien qui assure que le lieu est l’un des « Arboretum du chêne » de référence en Europe.
En 2012 est née l’idée d’un parc photovoltaïque sur une quarantaine d’hectares. À ce jour tout est prêt – avec le concours de l’opérateur Engie Green – pour accueillir les panneaux et pour ouvrir la centrale dans les prochains mois. Ce parc photovoltaïque produira une trentaine de mégawatts par an assurant une électricité propre à plus d’une trentaine de milliers d’habitants.
Mais le plus original est sans conteste le nouveau projet de la famille, le Solar muséum en partenariat avec l’artiste Olafur Eliasson.
Cet artiste islando-danois est mondialement reconnu pour ses interventions multisensorielles conjuguant phénomènes scientifiques et préoccupations environnementales.
Jouant de la lumière et de ses variations colorées, de formes géométriques et de surfaces réfléchissantes, ses installations monumentales engagent le spectateur dans des expériences sensibles et perceptives inédites. « Entre phénomènes naturels et purs artifices, du soleil électrique de la Tate Modern de Londres (2003) à l’arc-en-ciel en verres teints de l’Aros Aarhus Kunstmuseum au Danemark (2006-2011), ses œuvres perturbent nos repères en même temps qu’elles sollicitent notre mémoire sensorielle » renseigne le catalogue de la Fondation Louis Vuitton qui lui est consacré.
A Ambillou, son installation invitera le visiteur à s’orienter dans le cosmos, à observer le Soleil, à appréhender son univers à travers des expériences sensorielles.
« À l’inverse d’un observatoire classique qui se projette dans le cosmos, le Solar Museum permettra d’analyser notre relation avec le soleil. Il sera donc une destination, un lieu où chacun jouera un rôle sur la planète » détaille l’immense dossier de présentation du projet.
L’œuvre monumentale sera installée au sein du parc photovoltaïque d’ici 2023.
En attendant les premiers coups de pioche, les équipes continuent de développer le parc forestier pour compenser l’empreinte carbone des… 24 heures du Mans. En effet, le Domaine de la Trigalière fait partie du GIE Carbon Forest + qui propose notamment aux 24 heures du Mans de compenser les émissions de gaz à effet de serre des voitures en améliorant le stockage du carbone dans les forêts françaises. La conservation s’effectue surtout dans le sol, et pas seulement dans les arbres eux-mêmes.
Surtout, les équipes s’affairent pour relancer l’activité mise au ralenti par le confinement sanitaire.
La Trigalière veut faire valoir ses atouts, notamment ses plus de 1 000 hectares pour attirer, dès la rentrée, des séminaires et des grandes réceptions, comme les mariages. Très implantée dans le milieu du cinéma, Aleksandra compte sur son carnet d’adresses pour attirer des tournages de films et de séries. Elle a déjà accueilli, dans un décor authentique qui rappelle au visiteur l’Angleterre victorienne, des scènes du feuilleton « Lazy Company. » À Ambillou, Bruno Chevreux a gagné ses galons de Lord.
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