L’engouement est à la hauteur de ses performances : Cyréna Samba-Mayela est la meilleure chance de médaille d’or de l’athlétisme tricolore aux JO de Paris, dans lesquels elle est entrée en lice ce mercredi 7 août. Portrait d’une hurdleuse surdouée qui se donne les moyens de ses ambitions.
Par Yves Derai. Un article issu du numéro 27 – été 2024, de Forbes France
À l’approche de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, le 26 juillet prochain, on commence à moins penser à l’organisation de l’événement et un peu plus aux résultats prévisionnels de nos champions. Et en athlétisme, la discipline reine des JO, nos prétendants aux podiums ne sont pas légion.
Même si une éclaircie est apparue dans le ciel tricolore lors des derniers championnats d’Europe auxquels la France a fini deuxième, juste derrière l’Italie, le pays organisateur. Parmi les belles promesses qu’on a vu naître sous nos yeux il y a quelques semaines, l’une d’entre elles se détache. Son nom résonne comme une fête, son prénom comme une déesse : elle s’appelle Cyréna Samba- Mayela. Cette jeune femme franchit les haies comme une gazelle, avec grâce et fluidité. À tel point qu’aujourd’hui, elle cumule les titres de championne du monde du 60 mètres haies en
salle et de championne d’Europe du 100 mètres haies en plein air, et détient des records de France dans ces deux spécialités. Mieux encore, à Rome, Cyréna Samba-Mayela a battu la meilleure performance mondiale de l’année. Dans l’absolu, elle figure désormais parmi les postulantes à la médaille d’or aux prochains JO.
Comment cette athlète de 23 ans, très à l’aise devant les caméras lorsqu’il s’agit de livrer ses sentiments après la course, en est-elle arrivée là ? Née à Champigny, dans le Val-de-Marne, elle est très vite remarquée pour ses talents de sprinteuse et s’oriente vers la course de haies. Elle multiplie les places de choix lors des championnats « jeunesse », au niveau national et international, puis en junior, sans totalement dominer la situation. Il lui arrive, en effet, d’être battue par ses concurrentes.
La réalité made in USA
En 2019, elle est recrutée par l’ancien champion français de triple saut, Teddy Tamgho, au sein de Lille Métropole Athlétisme. Avec pour effet immédiat de passer sous la barre des 8 secondes au 60 mètres haies lors des championnats de France espoirs à Saint-Brieuc. En 2020, le bourgeon éclot : Cyréna est sacrée championne de France senior du 100 mètres haies en plein air à Albi en 12,73 secondes. Les résultats s’enchaînent puisqu’elle réalise, peu de temps après, les minimas pour les JO de Tokyo. Sauf que… patatras ! Lors de son échauffement d’avant les séries, elle ressent une douleur à la jambe gauche qui la contraint à déclarer forfait. Sa vieille blessure s’est réveillée au pire moment. C’est le premier coup d’arrêt de sa fulgurante carrière.
La jeune femme à la tête aussi bien faite que le corps, qui suit un cursus d’architecture en parallèle et joue du piano, a de la ressource. Elle rebondit, dès 2022, en ravissant son record de France du 100 mètres haies à Monique Ewanje- Épée. Puis prend une décision qui va influencer puissamment sa trajectoire, elle se sépare de Teddy Tamgho pour rejoindre, aux États-Unis, le groupe d’entraînement de l’Irlandais John Coghlan qui compte la « queen » de sa discipline, Jasmine Camacho-Quinn, la Portoricaine championne olympique en titre. Le challenge s’avère plus compliqué qu’elle ne l’imaginait. « J’ai dû changer toute ma technique, confie-t-elle en conférence de presse. Ma jambe d’attaque, ma jambe de retour, tout. Ça marche bien. J’ai battu tous mes records depuis et je sens que j’ai une plus grande marge. » Même le directeur de la haute performance de la Fédération française d’athlétisme, Romain Barras, reconnait qu’« il y a vraiment un changement impressionnant ». Un changement technique mais aussi culturel. « Le voyage, assure-t-elle, m’a demandé beaucoup d’adaptation et permis de m’ouvrir un peu plus. Tout ça se retranscrit dans ma façon de courir. »
Cyréna Samba-Mayela est clairement candidate à une médaille d’or aux Jeux olympiques de Paris. Mais parée de tous les dons et moult vertus, l’ambitieuse hurdleuse est aussi une potentielle superstar dans une discipline qui, depuis Guy Drut, n’a plus connu de champion olympique français, hommes et femmes confondus. Nous serons nombreux, au stade ou devant notre écran de télévision, à encourager Cyréna dès les séries le 7 août prochain !
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