Central en Amérique Centrale, le Costa Rica, petit par sa taille – moins de deux fois la superficie de la région Poitou-Charentes – est immense sur le plan de ses ambitions écologiques. Son capital naturel extraordinaire le place au troisième rang mondial en matière de biodiversité avec 6% des espèces animales et végétales de la planète. C’est le pays du Quetzal, un oiseau mystique, rare et fragile, que des millions de “birdwatchers” viennent tenter d’observer chaque année. En février dernier, le pays a décidé de supprimer ses émissions de CO2 d’ici 2050. Et s’évertue à devenir un modèle mondial de révolution verte.
Il rêve.
Il se projette dans l’avenir avec un goût prononcé pour l’utopie. Son moteur? La foi. L’amour de la vie, inextinguible, résumé dans cette expression nationale qui illumine les regards dès qu’on la prononce comme un bonjour : »Pura Vida! » L’équivalent pourrait être « Viva la Révolution… Verte! ». D’un gouvernement à l’autre, le Costa Rica se rêve en modèle mondial de respect de la Nature. En 1948, il a supprimé son armée pour donner priorité à la santé, à l’éducation et à la protection de l’environnement. A cette époque, la forêt recouvrait 75% de son territoire. Tombée à 26% en 1985, le pays a reboisé de manière intensive, notamment en rachetant des terres aux paysans. Aujourd’hui, la forêt couvre à nouveau la moitié de son territoire. Vingt-huit parcs nationaux et de multiples réserves privées couvrent au total un quart de la surface du pays. Son énergie électrique provient en quasi-totalité depuis 2015 de sources renouvelables telles que l’hydraulique, l’éolien et le géothermique. Dans sa stratégie de « décarbonation », le Costa Rica veut tout mettre en oeuvre pour favoriser la croissance économique en éliminant totalement le recours aux énergies fossiles à l’horizon de 2050. Cette révolution se fera par le transport: si tout se passe comme prévu, tous les véhicules individuels et collectifs rouleront à l’électricité. Un challenge. Une utopie ?
Au départ de San José, la capitale, il est possible d’entrevoir la diversité des paysages et la toute puissance de la nature, en dessinant une boucle depuis le versant sud de la Cordillère centrale jusqu’à la côte Pacifique sud. Les distances ne sont pas énormes. Les routes enlaçant la forêt primaire, surplombent des panoramas grandioses. Mais il faut du temps pour passer d’une étape à l’autre. La circulation est souvent retardée par des convois de marchandises qui progressent lentement sur les routes de montagne tropicales. Chaque étape est un nouvel eldorado.
LE VOLCAN IRAZU
Cap sur la Cordillère centrale! Il y a cinq millions d’années, des volcans sont entrés en irruption, reliant peu à peu les deux Amériques du Nord et du Sud. Sortie des eaux, la langue de terre émergée a provoqué un appel d’air dans lequel se sont engouffrées des espèces animales venues des deux continents. Ce « pont biologique » explique l’actuel foisonnement de vie qu’on y trouve et la présence d’espèces qui n’étaient pas vouées à cohabiter. Le volcan Irazu dévoile son cratère au terme d’une marche de quelques minutes sur une plage de sable gris. Soudain, le lac d’acide vert apparait dans son écrin minéral. A 3432 m d’altitude, on débarque dans un écosystème en surcis. L’Irazu, l’un des 7 volcans en activité sur les 116 que compte le pays, est entré la dernière fois en irruption en mars 1963, lors de la visite de John Fitzgerald Kennedy pour le sommet des Présidents d’Amérique centrale. A une heure trente de route, en direction de la ville de Turrialba, il faut aller visiter Guayabo, les restes d’une mystérieuse cité précolombienne construite vers 800 Av.J-C. au coeur de la jungle. La ville de Turrialba est un haut-lieu du rafting sur le rio Reventazon et s’entoure de plantations de café. On peut d’ailleurs visiter celle du Jardin Botanique du CATIE, où sont mises au point des espèces hybrides résistantes aux maladies.
San Gerardo de Dota
Ils sont partout! Neuf cent dix huit espèces d’oiseaux vivent sur cette bande de terre. Leur chant attire une partie des trois millions de visiteurs annuels du Costa Rica. La plupart d’entre eux quittent la capitale, San José, juste après l’atterrissage pour se perdre dans la forêt dans un lodge ou un hôtel de Tourisme durable certifié CST par le gouvernement, qui encourage le développement de l’écotourisme. 918 espèces d’oiseaux et, à priori, presqu’autant de verbes pour définir leur cri! Parmi eux, une star: le quetzal dont il resterait entre 2800 et 4000 individus. S’il est un endroit privilégié où l’observer, c’est à San Gerardo de Dota, une vallée investie par les premiers colons dans les années 50. Ils y ont planté des vergers de pêchers, de figuiers, d’abricotiers, de pommes, le long du Rio Savègre. Ici pousse un petit avocat sauvage, l’aguacatillo. Ce fruit constitue quasiment l’unique nourriture du quetzal que l’on peut observer à la fin de sa période de reproduction, lorsqu’il nourrit ses petits, de février à avril. Au bord de la route, des groupes de birdwatchers se pressent derrière la longue vue braquée sur le trou qu’un pivert a creusé dans un arbre mort. C’est là que le couple de quetzal a disposé ses oeufs. L’oiseau ne bâtit pas son nid, il doit le trouver. Symbôle de liberté, le volatile s’adapte mal à la captivité qui lui est fatale. Dans son ballet entre le nid et les fruits, l’oiseau se pose au bord du ruisseau, à quelques mètres de la route: un cadeau! Les Japonais, les Libanais, les Français qui ont parcouru pour lui des milliers de kilomètres sont heureux: l’oiseau les a adopté et laisse admirer ses plumes vertes fluorescentes qui contrastent avec son poitrail rouge soyeux. Quelle jolie tête il a ! De retour à l’hôtel, au Dantica Forest Lodge, on continue de savourer le panorama sur la forêt et le ballet des oiseaux jusqu’à la nuit, à travers les grandes baies vitrées de la chambre. Do you can? Yes, I toucan!
Playa Ballena.
Descente de 3000 m d’altitude à 0, au bord du Pacifique… Il apparait, majestueux, vaste étendue grisonnante avec ses rouleaux fracassants qui soulèvent une éternelle fumée d’embruns. La forêt dégringole aussi jusque sur les bords de l’océan. La politique de préservation du littoral initiée ici en 1990 a permis de restaurer l’aspect sauvage de la côte au abords du Parc National Marin de Ballena. Depuis les temps immémoriaux, les baleines de diverses espèces de l’hémisphère nord et de l’hémisphère sud viennent dans les eaux chaudes autour de Piedra Ballena, trois îlots autour desquels la mer est moins agitée, pour mettre bas et éduquer leur baleineau à faible profondeur (trente mètres). On peut les observer entre juillet et octobre, de même que plusieurs espèces de dauphins. Mystère de la nature: un tombolo relie la plage à une bande de rochers en mer, imitant exactement la forme d’une queue de baleine…
Rainmaker, réserve privée.
Remontant le long de la côte vers le nord par la route N°34, jusqu’à la plage de Herradura, on s’enfonce de nouveau vers l’intérieur. Sur 7 km, la piste de terre longe des propriétés agricoles qui ont grignoté la forêt. Celle-ci n’occupe plus que le fond de petites vallées, le long de rivières et ruisseaux. Les villages, très étalés le long de la route, sont constitués de maisons modestes de travailleurs agricoles. Au détour d’un virage, la piste descend vers une surface boisée et s’enfonce sous le couvert végétal. On vient ici dans le cadre du réseau d’établissement labellisés CST, sur la route des lodges spécifiques pour l’observation des oiseaux. C’est juste avant le lever du jour, à l’aube, que la symphonie des oiseaux est la plus polyphonique. Les crapauds écoutés le soir se taisent le matin. C’est le moment de partir randonner sur les sentiers qui entourent cette propriété de 600 hectares créée en 2011 rassemblant une réserve (Macaw Lodge Private Forest Reserve) et une ferme qui a permis le reboisement d’une quantité de terres reprises sur les surfaces agricoles.
Retour sur San José
Le fleuve Tarcoles est l’habitat chéri des crocodiles et des caïmans, que les bateaux abordent au centimètre près, lorsque les prédateurs dorment, la gueule posée sur une berge. Imperturbables dans leur sieste digestive, on a alors tout le loisir de les photographier! A quelques centaines de mètres de l’embouchure du fleuve, le « pont des belles-mères » permet de les observer du dessus, sans les déranger. Le crocodile américain peut atteindre une longueur de 7 mètres. Le caïman à lunettes celle de 2,50 mètres. C’est la dernière étape avant le retour sur la capitale. La place du Théâtre National construit en 1897 est bordée par le magnifique bâtiment du Gran Hotel Cista Rica restauré et modernisé pour accueillir entre ses murs, l’un des plus beaux lieux de séjour du centre-ville. Des ascenseurs de verre hissent au 5ème et dernier étage où se situe le restaurant avec vue plongeante sur la ville. Il et adossé à l’Avenida Central, qu’il suffit de d’arpenter pour prendre le pouls de la capitale. Pour terminer en beauté le voyage, une expérience incontournable: le restaurant Sikwa ouvert il y a un an et demi par trois jeunes associés, vous fait découvrir la gastronomie amérindienne. « On interprète la richesse culinaire des populations indigènes du Costa Rica à travers nos créations » dit Pablo Bonilla qui, à chaque plat servi, explique l’origine des ingrédients produits par les Indiens Bri Bri sur leur réserve du Costa Rica, et invitent à leur rencontre, par papilles interposées.
DATES CLÉS :
Le territoire costaricien est occupé par les Amérindiens dès la Préhistoire avant d’être découvert par Christophe Colomb en 1502.
Colonisé par les Espagnols du xvie siècle au xixe siècle, le Costa Rica acquiert son indépendance en 1821.
– 1er décembre 1948: devient un pays neutre et la première nation du monde à avoir constitutionnellement supprimé son armée.
Depuis 2009 classé à la première place mondiale du Happy Planet Index
2012 à la cinquième place de l’indice de performance environnementale grâce à sa politique active de développement des énergies renouvelables.
Capitale : San José
Population : 5 millions d’habitants
Superficie : 51 100 km2
Devises : Le colón costaricien (CRC): 1 EUR = 678,270 CRC
Les dollars us (USD) sont aussi acceptés au Costa Rica : 1 EUR = 1,13 USD
La majorité des cartes de crédit (American Express, Diners Club, MasterCard et Visa)
sont acceptées dans la plupart des hôtels et restaurants.
Langue officielle : Espagnol
Langue minoritaire
reconnue : Bribri
Climat : La période sèche s’étend de décembre à mai.
La période verte s’étend de mai à novembre et se caractérise par quelques pluies sur les reliefs. Le climat est favorable sur les littoraux tout au long de l’année avec une eau de mer qui avoisine les 28/29°.
Important : 110 volts, prises américaines – prévoir un adaptateur US
INFOS PRATIQUES
VOLS
Air France propose trois vols par semaine Paris-San José. Durée du vol: 11h20.
www.airfrance.fr
HOTELS
A San José :
Hôtel Gran Hotel Costa Rica, groupe Hilton. 79 chambres.
https://curiocollection3.hilton.com
Costa Rica Marriott Hotel Hacinda Belen
https://www.marriott.com/
A Turrialba :
Villa Florencia: http://villaflorencia.com/wp/principal
A San Gerardo de Dota :
Dantica Cloud Forest Lodge http://www.dantica.com
A Playa Ballena :
Cristal Ballena http://www.cristal-ballena.com
A Carara :
Macaw Lodge http://www.macawlodge.com
Textes et photographies Par Françoise SPIEKERMEIER Pour Plume Voyage Magazine
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