Comment Pininfarina Est Devenue La Plus Célèbre Maison De Design Italien

Pininfarina est responsable de certaines des voitures les plus durables et les plus exotiques de l’histoire du design. Fondée par Battista ‘Pinin’ Farina en 1930, la carrozzeria a esquissé des produits qui sont devenus des icônes pour Ferrari, Fiat et Alfa Romeo – pour n’en citer que quelques-uns. Le studio travaille également dans un monde créatif plus large, en concevant des jets, des yachts, des trains, des bus et d’autres produits industriels. Il élargit également sa pratique de l’architecture avec quelques projets exceptionnels. Alors que la marque fête ses 90 ans, Forbes a profité de l’occasion pour discuter avec le président et petit-fils du fondateur, Paolo Pininfarina, afin de savoir où il voit l’entreprise se diriger maintenant et à l’avenir.

Nargess Banks : En 11 ans, depuis que vous à la tête de l’entreprise, Pininfarina est devenue une agence de design complète travaillant sur tous les modes de transport, sur le design industriel et de produit et de plus en plus sur l’architecture. Est-ce ainsi que vous espériez prendre le studio fondé par votre grand-père ?

Paolo Pininfarina : Au cours des dernières années, nous avons poursuivi le processus de diversification du design que j’avais commencé à la fin des années 1980. En particulier, nous sommes passés du design de produits au design d’intérieur et, depuis 2013, à l’architecture.

NB. Ce sont des domaines très différents. Quels sont vos principes de base en matière de design ?

PP. Nos principes de design restent les mêmes, car nos projets doivent toujours être innovants ; ils doivent être purs et élégants avec l’objectif de durer longtemps. De plus, les équipes de design développent leur travail de manière cohérente en suivant le processus original de Pininfarina, qui est continuellement mis à jour pour intégrer les nouvelles technologies.

NB. Comment ces différentes disciplines se nourrissent-elles les unes les autres de façon créative ?

PP. Il y a beaucoup de points communs entre les différentes disciplines. Par exemple, l’ergonomie est une priorité – l’intérieur d’un bus doit être sûr et confortable comme l’intérieur d’une cuisine. Le brassage entre les différents secteurs est la base d’une innovation continue et cela se produit parce que la contamination est une excellente hélice pour la créativité.

NB. Vous vous impliquez de plus en plus dans l’architecture et l’environnement bâti. Pouvez-vous me dire ce qui rend unique un bâtiment conçu par Pininfarina ?

PP. Nous avons étudié en profondeur nos racines avant d’entrer dans le domaine de l’architecture. Et nous sommes arrivés à la conclusion que la fonctionnalité et la fluidité doivent être les bases de notre langage de design. Le jalon a été la Ferra Tower 2013 à Singapour, car le projet fait référence aux autres qui ont suivi, dont l’édifice Cyrela 2018 à San Paolo. Je dirais que la Ferra est comparable à ce que la Cisitalia 202 de 1947 est pour nous dans le secteur automobile – 66 ans plus tard.

NB. Comment Automobili Pininfarina, fondée l’année dernière en tant que marque indépendante de voitures écologiques, s’intègre-t-elle dans la principale agence de design ?

PP. Il s’agit d’une société indépendante et distincte, ayant pour mission spécifique d’introduire des véhicules à émission zéro. Pininfarina reste une entreprise indépendante qui offre des services de design à 360° dans les secteurs les plus variés. Dans le cas particulier de l’hypercar Automobili Pininfarina Battista, le défi pour le design était d’exprimer toute l’identité et l’ADN de notre marque. Et ce fut une expérience très nouvelle et très excitante.

NB. En parlant de cela, nous sommes à un carrefour critique, la durabilité étant le principal moteur du design et de l’innovation. Vous avez personnellement participé à des projets progressistes comme l’Autolib à Paris pour lequel vous avez reçu le prix de la personnalité italienne de l’année. Êtes-vous passionné par le développement durable et par la recherche de solutions innovantes pour l’avenir des habitations et des transports ?

PP. La famille Pininfarina a toujours été sensible au thème de la durabilité de l’environnement, et ce depuis trois générations. Je pense aux visions aérodynamiques de mon grand-père dans les années 1930, à la soufflerie développée par mon père dans les années 1970 et à la Blue Car électrique qui a été le dernier projet développé par mon frère Andrea en 2008, réalisé sous la forme de l’Autolib en 2011.

Et oui, je suis tout à fait d’accord en ce que les designers ont la responsabilité sociale de contribuer à la réalisation d’un monde futur plus respectueux de l’environnement. Nous voulons faire partie du « Green Deal » des 20 prochaines années et nous le ferons en nous impliquant profondément dans le processus d’électrification automobile.

NB. Vous avez toujours été au sommet de l’innovation en matière de design industriel. Comment voyez-vous Pininfarina se développer à l’avenir ?

PP. Je vois des domaines potentiels d’amélioration dans le secteur de l’expérience utilisateur et dans la génération de nouveaux projets de design et d’architecture à travers le monde grâce à l’expansion de nos bureaux à distance. Je souhaite également un avenir brillant grâce à notre coopération avec Automobili Pininfarina.

NB. Pininfarina est, littéralement, dans votre sang. Selon vous, quelles leçons avez-vous le plus apprises de votre grand-père et du fait d’être né dans une dynastie de designers italiens ?

PP. Mon grand-père est décédé en 1966 alors que je n’avais que 7 ans, mais après avoir lu ses mémoires à plusieurs reprises et entendu des histoires à son sujet par l’intermédiaire de mon père, j’en sais beaucoup sur lui. J’ai appris beaucoup de leçons et l’une d’entre elles est, avant tout, de ne jamais se contenter d’être satisfait : toujours essayer de sauter une barre plus haute. J’ai une admiration infinie pour mon grand-père et pour ce qu’il a fait. Pour moi, c’est un pionnier.

NB. Pouvez-vous me dire ce qui inspire votre travail ?

PP. Quand je commence un nouveau projet, je pense toujours à mes prédécesseurs et je me demande comment ils feraient mieux que moi ? Sont-ils satisfaits de ce que je fais ? C’est ce qui m’inspire dans ma recherche continue de l’excellence.

Article rédigé par Nargess Banks.

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