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Cinéma | « Les choses simples » avec l’interview de Lambert Wilson : « C’est un film très tendre qui s’intéresse beaucoup à l’humain, et à la notion d’amitié. C’est un western moderne »

Dans « Les choses simples », Lambert Wilson incarne le symbole de la réussite : riche, philanthrope, successfull, il a tout et pourtant il lui manque le principal : le bonheurMais ne vous fiez pas aux apparences,  le nouveau film d’Eric Besnard évite l’écueil du cliché bien-pensant avec un duel façon western qui met en exergue les désirs intimes et parfois contradictoires des deux personnages principaux. Rencontre.

 

Votre tandem cinématographique avec le personnage campé par Gregory Gadebois, est-il inspiré par ceux les duos iconiques tels que Pierre Richard et Depardieu, ou Bourvil et Funès ?

Lambert Wilson : Il faudrait poser la question au metteur en scène. Je pense qu’on n’a pas anticipé. Ce qui est sûr, c’est qu’il a écrit un film pour deux personnages, à la manière d’un western : un bel espace presque désertique dans lequel deux hommes vont se rencontrer. Après, la chimie a vraiment opéré entre Gregory et moi. J’ai toujours voulu travailler avec lui car c’est un acteur très étonnant. Dans le film il se passe en effet quelque chose entre nous de l’ordre du rapide et du silencieux, du plus large et du plus longiligne. C’est parfois le génie du metteur en scène qui a vraiment une vision de casting. Il y a beaucoup d’autres rôles que j’aimerais faire avec Gregory, sur scène ou à l’écran. Donc je pense que l’histoire, elle n’est pas terminée.

 

Film choses simples avec Lambert Wilson
Film les choses simples avec Lambert Wilson

On finit par découvrir que son personnage n’est pas celui que l’on pense, à l’instar de votre personnage : le film évite l’écueil du scénario manichéen…

Lambert Wilson :  C’est le travail de l’écriture et tout le crédit en revient à Eric Besnard qui définit son scénario de « film oignon » : les masques tombent et les personnalités se révèlent. J’ai immédiatement accepté le scénario parce que je trouvais qu’il avait visé juste dans l’opposition comme dans la complémentarité de ces deux personnages et également sa façon de saisir un sujet de société et de nous faire poser des questions : la suractivité, la sur-consommation, la productivité… est-ce que tout cela nous rend heureux ? Sommes-nous à notre place dans le temps qui nous est imparti ? Est-ce que cela ne nous éloigne pas de la justesse, de la vérité, de la profondeur et du lien qui se tisse entre les hommes ?

 

Comment est née l’idée du scénario ?

Lambert Wilson : Eric Besnard nous a dit que c’était pendant la Covid, lorsqu’il a vu une dame changer de trottoir quand il s’est approché d’elle. Il a senti qu’il y avait un vrai sujet dans cette peur car elle est symptomatique de l’époque actuelle : on pense communiquer énormément alors que finalement on se rencontre de moins en moins. Moi-même je parle à énormément de mes amis par SMS ou WhatsApp, et pourtant je les vois moins. On a tout un langage à réapprendre. Il suffit de voir la vitesse avec laquelle les gens changent d’images sur les réseaux sociaux pour comprendre qu’on consomme trop de contenus à une vitesse effrénée et déconnectée de la vraie vie.

 

La nature n’est-elle pas le troisième protagoniste du film ?

Lambert Wilson : Oui, elle est présente mais ce n’est pas le sujet du film. Eric qui a toujours été fasciné par les western, voulait des paysages qui rappellent le Montana, avec un format très cinémascope. Le personnage qu’incarne Grégory est un ermite qui aurait très bien pu se trouver dans une grotte ou sur une île grecque, mais c’est un paysage montagnard que le réalisateur a retenu pour créer cette sensation d’être très loin de tout : d’un point de vue dramatique, beaucoup de choses peuvent se passer, comme l’orage qui va rebattre les cartes de leurs destins.

 


Lambert Wilson :  Si on me demandait par exemple de jouer un benêt total ou très rustique, cela me tenterait beaucoup de travailler ces couleurs-là


 

Comment définiriez-vous le film ?

Je dirais que c’est un film politique alors que cela peut ressembler au premier abord à une comédie romantique. C’est un film qui dit au public que le bonheur que l’on vous décrit est basé sur des besoins artificiels que l’on vous a créés. Ce film parle des vrais problèmes de vie, des êtres humains sur la Terre et des conséquences de nos choix en matière de productivité.  Je pense que c’est un film très tendre qui s’intéresse beaucoup à l’humain, et à la notion d’amitié. C’est un western moderne.

 

Vous avez joué dans tous les registres mais vous êtes moins attendu dans la comédie, pourquoi ?

 En règle générale, je trouve dommage qu’on ne me propose pas plus de films historiques ou de comédies, parce que lorsqu’on est comédien on se sent capable de tout faire : on connaît son instrument et on a bossé -parfois depuis des années- pour cela. J’ai fait quelques comédies comme Palais Royal ou encore Jet Set, qui ont bien fonctionné, mais cela n’a pas été suivi d’autres propositions. En réalité, on doit lutter surtout contre la faculté d’oubli permanent des agents et des réalisateurs, mais je suis ravi de faire des comédies. Après, je dois reconnaitre que l’on me propose souvent des scénarios qui ne me font pas rire du tout peut-être parce que je les lis avec le filtre de mon propre sens du comique qui est totalement subjectif. En fait, je dois avoir une confiance absolue dans le lexique comique du metteur en scène qui réalise la comédie car des réalisateurs comme Valérie Lemercier ou Alain Chabat savent rendre drôle n’importe quelle réplique.

 

Quel serait votre souhait ?

Lambert Wilson :  Ne pas me répéter et particulièrement à mon âge où le temps est compté, en faisant quelque chose que j’ai déjà interprété. Dans le registre de la comédie c’est encore plus le cas : on me propose des emplois que j’ai tellement incarné que je n’ai plus envie. Mais si on me demandait par exemple de jouer un benêt total ou très rustique, cela me tenterait beaucoup de travailler ces couleurs-là.

 

Les réalisateurs manqueraient-ils d’imagination ?

Lambert Wilson :  Il faut rappeler qu’au moment où on fait un casting, on prend des risques. Se tromper est catastrophique et définitif contrairement au théâtre où l’on peut éventuellement redistribuer. Donc généralement, les réalisateurs s’assurent que vous êtes déjà capable de le faire et que vous l’avez en fait en réalité déjà fait, tout simplement.

 

« Les choses simples » d’Eric Besnard, avec Lambert Wilson et Grégory Gadebois, en salles le mercredi 23 février

 

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