Ce Que Dit L’Ayurvéda Au Sujet De La Consommation De Vin

La méta-analyse publiée le 23 août dernier par The Lancet a fait grand bruit. Et pour cause : elle affirme que l’idée d’une « dose d’alcool inoffensive » serait un mythe. L’alcool serait dangereux, même à petite dose…alors que l’Ayurvéda se montre beaucoup plus nuancé au sujet de la consommation de vin.

La méta-analyse publiée par The Lancet[1] a porté sur la consommation d’alcool et ses effets sur la santé de 28 millions de personnes entre 1990 et 2016. Financée par la fondation Bill et Melinda Gates, elle a mobilisé 1800 chercheurs dans 127 pays sous l’égide de l’OMS. Mille études ont été passées au peigne fin. Elles concluent qu’un verre de vin par jour  augmente de 0,5% le risque de développer un problème de santé. Statistiquement parlant, elle bat en brèche l’idée d’une dose inoffensive. Les effets positifs de la consommation de vin rapportés par certaines études et relayés par les médias résultent de visions partielles. Si le vin a des effets bénéfiques sur les maladies cardiaques, il aurait aussi des effets néfastes sur d’autres pathologies, à commencer par le cancer. Ces effets nocifs seraient visibles même à faible dose.

Les chercheurs rappellent que l’alcool serait impliqué dans la mort de 2,8 millions de personnes par an. C’est le 7ème facteur de risque de mort prématurée et le principal pour les personnes de 15 à 49 ans. La conclusion de cette méta-analyse repose exclusivement sur l’interprétation de l’augmentation de 0,5% du risque pour la santé. Conscients de cette faiblesse, et à ceux qui voudraient dénigrer leur travail, les chercheurs rappellent que l’étude n’a pas tenu compte des adolescents de moins de 15 ans. Leur prise en compte aurait augmenté à coup sûr le taux de risque. Un tel message n’est pas passé inaperçu dans un pays comme la France où le vin fait partie intégrante de la culture. Heureusement, la France n’est pas dans le top 5 des pays où l’on est le plus malade de l’alcool. Elle n’arrive qu’en  6ème position pour les hommes, derrière le Danemark, la Roumanie, l’Ukraine ou encore l’Argentine et l’Allemagne.

A la question « est-il bon de boire du vin ? » l’Ayurvéda répond « ça dépend ! ». Elle n’est pas opposée par principe à la consommation de vin de qualité bio[2]. Sous certaines conditions, elle préconise une faible consommation, paramètre ignoré par l’étude. Il n’est donc pas question de consommation régulière, mais seulement occasionnelle. Quelle que soit la boisson considérée, l’alcool étant chaud et sec, il aura donc tendance à aggraver le dosha Pitta. L’Ayurvéda répertorie plusieurs boissons alcoolisées parmi lesquelles le vin est considéré comme un euphorisant, favorisant notamment la création artistique et la digestion, du moins à faible dose. Leur surconsommation conduit à l’alcoolisme, pathologie pour laquelle l’Ayurvéda suggère des cures spécifiques. A faible dose, l’alcool atteint rapidement le cœur et l’esprit, ce qui explique son  effet immédiat sur les trois doshas, Vata, Pitta, et Kapha. En fonction de notre constitution et de l’état de nos doshas au moment où nous consommons du vin, l’alcool qu’il contient aura donc tendance à renforcer l’état dans lequel nous nous trouvons. Voilà sans doute pourquoi certains ont le vin gai pendant que d’autres ont le vin triste. L’Ayurvéda rappelle en tous cas que le mauvais usage de l’alcool engendre la peur, le chagrin, la colère, la maladie et la mort. 

L’Ayurvéda ne conseille pas de consommer du vin en dehors des repas. Si vous rentrez chez vous agité, stressé, en colère, l’alcool  chaud et sec aura tendance à intensifier cette agitation. Méditer ou faire quelques postures de yoga serait alors plus judicieux. L’envie d’alcool s’envolera d’elle-même. Si vous ressentez l’envie d’un petit verre de Bordeaux, il est recommandé de prendre en compte les qualités de la nourriture, votre âge, votre force digestive, votre état de santé, la saison de l’année et l’heure locale. Consommer un vin à midi ou à 20 heures n’aura pas le même effet sur vos doshas. Un plat de pâtes de qualité Kapha s’accommodera bien d’un vin rouge. Un curry d’épinards de qualité Vata s’accommodera d’un vin doux.

Lorsque vous dégustez un repas entre des amis et que le vin est au menu, l’Ayurvéda recommande de respecter les conseils suivants :

• Assurez-vous de vous sentir joyeux et en bonne santé. Sinon, donnez-vous le droit de dire en souriant : « Non merci. »
• N’oubliez pas la règle d’or : la modération, même lorsque vous faites la fête. C’est ainsi que nous pouvons nous permettre de profiter d’un rituel social sans en payer le prix au niveau de la santé!
• Pour les personnes de constitution Pitta, il est conseillé de consommer du vin en très petite quantité et de s’en abstenir totalement en cas de déséquilibre Pitta. Evitez d’en consommer pendant la saison chaude.
• Pour les personnes de constitution Vata, préférez les vins doux, style muscat, et toujours en quantité modérée.
• Pour les personnes de constitution Kapha, le vin rouge est le plus adapté. Plus chaud et plus sec, avec plus de tanins, il offrira un soutien au feu digestif, souvent lent chez les tempéraments Kapha.

L’Ayurvéda explique que les personnes qui pratiquent le yoga ou sont engagées dans une voie spirituelle ressentent de moins en moins le besoin de boire de l’alcool. Leur organisme équilibre naturellement la production d’hormones du bonheur, dopamine, ocytocine et sérotonine.

Conclusion d’un de mes amis bordelais : faites en sorte que votre vin fasse partie de l’alchimie du repas et ne soit pas un poison qui aggrave vos déséquilibres. Il n’y a pas de mal à boire un peu de vin. Quant à savoir s’il vous sera bénéfique, rappelez-vous que l’Ayurvéda répond « cela dépend ». En suivant ces quelques règles, vous saurez alors quand ce verre de vin vous sera «bénéfique».

[1]                              https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31571-X/fulltext

[2]                              Chacun sait que les vignobles, y compris les plus réputés, utilisent de nombreux pesticides