Nous y sommes, la France rouvre enfin ses terrasses et ses lieux culturels ! Il n’y avait donc pas meilleur moment pour inaugurer le très attendu musée de la Bourse de Commerce – Collection Pinault, qui ouvrira ses portes ce week-end à Paris.
Après une rénovation qui a coûté 195 millions de dollars, le musée de la Bourse de Commerce – Collection Pinault ouvrira ses portes ce samedi 22 mai. Les visiteurs pourront ainsi admirer la vaste collection d’art du milliardaire français, François Pinault, une collection d’environ 10 000 œuvres de quelque 400 artistes parmi les plus avant-gardistes au monde.
Le fondateur du groupe de luxe Kering et de la société d’investissement Artémis, dont la valeur nette est estimée à 54,2 milliards de dollars, souhaitait depuis un certain temps trouver un lieu pour exposer sa collection. Alors, quand Anne Hidalgo, la maire de Paris lui a proposé en 2015 de reprendre la Bourse de Commerce de Paris, il a sauté sur l’occasion. Lorsque l’on pose les yeux sur cet imposant bâtiment, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi !
Le bâtiment circulaire est surmonté d’une coupole en métal et en verre (ajoutée en 1812). Sous la coupole, une immense fresque a été peinte en 1889 au moment de l’Exposition universelle. Cette fresque de 1400 m2 représente le commerce entre les continents. Pendant six mois, une équipe composée de 24 personnes s’est attelée à la restauration de ce chef d’œuvre.
L’architecte japonais, Tadao Ando, avec l’aide du cabinet parisien NeM Architectes, a installé un cylindre de béton au sein de la structure. Cette installation s’intègre parfaitement dans le décor et agit comme un pont entre le passé et le présent. Il en va de même pour la pièce maîtresse de l’exposition, l’œuvre Untitled (2011-2020) de l’artiste suisse, Urs Fischer. Cette sculpture de cire (matériau choisi pour sa qualité éphémère) représente deux personnages entrelacés et est une réplique de la sculpture L’Enlèvement des Sabines de l’artiste flamand du XVIe siècle, Giambologna.
Caroline Bourgeois, qui travaille avec François Pinault depuis 2007, est la conservatrice de la Collection Pinault. Les œuvres de la collection sont dispersées dans les espaces qui entourent le dôme au sous-sol, au deuxième et au troisième étage. Au dernier étage, le restaurant du musée sera dirigé par le duo aveyronnais père et fils, Michel et Sébastien Bras, deux étoiles au Michelin.
Dans les dix espaces de la galerie, des hauteurs de plafonds variables, un éclairage soigneusement étudié et des fenêtres parfaitement placées créent un flux aéré de lumière et d’énergie. Les artistes qui exposent en ces lieux sont très différents les uns des autres, mais ils ont tous un point commun : leurs œuvres remettent en question les stéréotypes en mettant en lumière les rôles sociaux, en bouleversant les limites du genre, de l’âge et du statut. Cette remise en question est au cœur de la vision de François Pinault. « L’une des grandes vertus du rapport à l’art réside dans les perspectives qu’il ouvre », écrit-il dans l’avant-propos du catalogue de l’exposition. « Chaque découverte m’a révélé des univers et des esthétiques différents, m’a fait comprendre ce qui m’était étranger jusqu’alors et a repoussé les limites que je pensais devoir m’imposer. »
Première d’une quinzaine d’expositions prévues pour l’année à venir, l’exposition inaugurale, intitulée « Ouverture », débute par une série de photographies de l’artiste Cindy Sherman et d’œuvres de l’artiste-activiste David Hammons. Ce dernier réalise ces œuvres principalement à partir d’objets trouvés tels que des paniers de basketball ornés de lustres. Les visiteurs pourront également admirer son Drapeau afro-américain en lambeaux.
Parmi les autres œuvres de la Collection Pinault, citons The Helms Amendment (1989), une série de photographies d’un gobelet en plastique réalisée par l’artiste Louise Lawler. Par cette série, l’artiste réagit au vote du Sénat des États-Unis en faveur de l’amendement qui, en 1987, refuse d’allouer des fonds pour l’éducation, la distribution de matériel et la prévention contre le sida sous le prétexte de ne pas encourager l’homosexualité.
L’installation The GROUND de l’artiste libanais, Tarek Atoui, dans le foyer de l’auditorium est également un passage obligatoire. Présentés à la Biennale de Venise en 2019, les objets électroniques et artisanaux de Tarek Atoui jouent leur propre partition de manière autonome et fusionnent en un son obsédant, mais poétique, qui transporte le public dans le delta de la rivière des Perles en Chine.
La Bourse de Commerce n’a peut-être pas encore ouvert ses portes, mais elle est déjà un monument historique de la capitale française. Non loin de l’éblouissante cathédrale Saint-Eustache, à quelques pas du Centre Pompidou et entourée d’une multitude de boutiques et de restaurants, la Bourse de Commerce a transformé le paysage de la ville, faisant à nouveau des Halles le cœur de Paris.
Article traduit de Forbes US – Auteure : Rooksana Hossenally
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