Démocratisée, la médecine esthétique vit son âge d’or. Elle n’est plus l’apanage des célébrités, ni des classes aisées, aujourd’hui, beaucoup ont un rapport « décomplexé » avec cette discipline. Une alternative médicale comme une autre ? C’est un pas que ne franchira pas le Docteur Belhadj qui reçoit dans son cabinet parisien célébrités et anonymes : des patients très éduqués sur le sujet à la faveur d’une littérature inépuisable : les réseaux sociaux. Réglementation, contre-indications, tabous persistants : Forbes a sollicité l’expertise éclairé du Dr Belhadj pour décortiquer le sujet.
Plébiscitée, la médecine esthétique est l’alternative « soft » à la chirurgie esthétique, bien plus invasive. Pour autant, cette discipline n’est pas encore une spécialité officielle réglementée par le Conseil de l’Ordre des Médecins. Pourquoi ce décalage selon vous ?
Docteur Belhadj : Non, je ne considère pas la médecine esthétique comme une « alternative soft » à la chirurgie esthétique, mais bien comme une alternative complémentaire. Par exemple, un lifting chirurgical ne peut être remplacé par des fils tenseurs car il y a des limites d’indication pour ces derniers. Les deux disciplines cohabitent et d’ailleurs, les chirurgiens esthétiques pratiquent également la médecine esthétique. Ce n’est effectivement pas une spécialité et elle ne sera certainement pas reconnue comme telle ! Mais on peut la considérer comme une formation complémentaire pour tout médecin souhaitant pratiquer cette discipline. Néanmoins, la difficulté réside sur la pluridisciplinarité de cette activité qui est à la fois liée à la nutrition, à la dermatologie… etc
Finalement, chacun trouve sa voie de prédilection et finit par privilégier certains actes comme le laser, les injections ou autres. Si cette activité n’est pas encore bien légalement encadrée. C’est avant tout un acte médical intégré dans une prise en charge médicale globale. Les risques de complications sont donc possibles et un médecin esthétique est normalement formé à les gérer.
Aujourd’hui, on parle ouvertement du recours au « Botox » et à « l’Acide Hyaluronique », est-ce devenu un acte de sa routine beauté comme un autre, signant la fin d’un « tabou » ?
Cela continue d’être « un peu » tabou car la tendance est au naturel, très demandé par les patientes. Je vous cite une phrase devenue récurrente : « Docteur, il ne faut surtout pas que cela se voit ! ». Néanmoins, il y a en effet une démocratisation de la médecine esthétique, phénomène qui se nourrit de la prédominance des Influenceurs qui occupent aujourd’hui le devant de la scène. En revanche, on ne peut pas parler « d’acte de routine » car il est tout de même bien réfléchi par les patientes avec la peur de la douleur, le stress autour de l’acte. Ces questionnements sont bien réels avant de se lancer, il ne faut pas les négliger.
Botox ou acide hyaluronique : pour qui, pourquoi ?
Les indications et le mode d’action ne sont pas les mêmes. Le Botox, appelé également toxine botulique, a une large indication médicale et esthétique. Il est souvent utilisé pour corriger les rides d’expression, du front de la glabelle et de la patte d’oie. Ce sont essentiellement des rides d’expression provoquées par la contraction répétée du muscle du front qui va créer une cassure et donc, la ride. Par conséquent, ce n’est pas une histoire d’âge, il est pratiqué par tous. Concrètement, le botox agit de façon indirecte sur les rides, il anesthésie le muscle en vue d’éviter sa contraction ce qui permet de lisser la ride. Moins elle se creuse et plus l’effet sera spectaculaire. C’est pourquoi, il peut être intéressant de commencer assez tôt, et les jeunes l’ont bien compris !
Parallèlement, l’Acide Hyaluronique est un produit naturel déjà présent dans la peau. Il est fabriqué synthétiquement et constitue la raison de la souplesse de la peau. Il permet de combler un vide et donc, la ride bien creusée. Il restaure les volumes comme, par exemple, les pommettes ou le menton, et il réhydrate fortement la peau. Ce produit est très souvent utilisé pour le comblement des sillons nasogéniens et pour l’augmentation du volume des lèvres.
Docteur Belhadj : « Le maître-mot est : l’éthique. Tout n’est pas réalisable, et il faut raison garder. Un praticien a le devoir de guider le patient dans ses désirs esthétiques et de les refuser quand il le faut. »
Parlez-nous des contre-indications et des risques d’un geste non maîtrisé ?
Il est très important de connaître et de lister les contre-indications lors de la première consultation, la mise en place d’un interrogatoire est primordiale. Les principales contre-indications sont : les allergies connues, les maladies auto-immunes, le traitement à base d’anticoagulants et certaines autres maladies. Un geste esthétique doit être maitrisé avec une parfaite connaissance de l’anatomie. De fait, les risques doivent toujours être à l’esprit d’un médecin esthétique. En illustration, lors d’un comblement, l’utilisation d’une canule plutôt que d’une aiguille diminue et divise par dix les risques d’hématome.
Il faut savoir que la complication majeure est la nécrose cutanée provoquée par un embole d’acide hyaluronique injecté dans une veine. Il est essentiel de savoir la reconnaître et la traiter quand vous y êtes confronté. Le meilleur traitement reste la prévention afin d’éviter cette situation exceptionnelle !
Pour des raisons éthiques, vous n’hésitez pas à refuser des demandes de patients, même célèbres. Est-ce trop facile de blâmer systématiquement l’influence des réseaux sociaux ?
Effectivement, le maître-mot est : l’éthique. Tout n’est pas réalisable, et il faut raison garder. Un praticien a le devoir de guider le patient dans ses désirs esthétiques et de les refuser quand il le faut. La meilleure attitude est d’adopter un juste milieu, mais l’excès est à éviter. De plus, il est important de savoir faire un tri de l’information émise sur les réseaux sociaux. Il y a beaucoup de fausses informations et d’images truquées, retouchées pouvant entraîner les patientes vers des mésaventures esthétiques.
Ne sommes-nous pas dans un « cercle vicieux » avec beaucoup de people prêt à tout pour arrêter le temps et qui trouvent toujours une adresse où se faire traiter, et qui, par la suite, seront pris en exemple par le grand public ?
Non, je ne pense pas. Les patientes arrivent à faire preuve de discernement face aux peoples « ravagés » par certaines procédures ratées. Ces personnalités notoires existent, cela freine le grand public quant à son recours à la médecine esthétique. Les actes ratés sur les peoples ont tendance à marquer les esprits bien plus que les actes réussis !
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