En quelques années, Antonin Courant, est devenu le Dj favori du Who’s who : Madonna, Leonardo Di Caprio, Natalia Vodianova ou Olivier Rousteing s’arrachent ses sets … Mais aussi les plus grandes marques pour leurs « After Shows » à Paris, Milan, ou New-York. Interview du chouchou du Gotha.
- Comment est née votre vocation de dj ?
Vers l’âge de 14 ans : un coup de foudre immédiat. Je suis rentré par hasard dans une boutique de vêtements parisienne où un Dj enchaînait les disques et semblait dans une autre dimension. J’ai trouvé ce qu’il faisait fascinant… Je n’avais jamais vu, ni entendu cela auparavant.
Très rapidement, j’ai passé tout mon temps à m’entraîner dans ma chambre, à tenter de mélanger tous les vinyles que je trouvais un peu partout, comme un ancien 33 tours de Claude François avec un vinyle de Hip-hop chiné aux puces…. Ce genre de choses. J’adorais créer mes propres mixtapes et les partager avec mon entourage. Lors de mes razzias de vinyles dans les boutiques de disques de Châtelet à Paris, je croisais souvent les précurseurs de la « French Touch » : Martin Solveig, David Guetta, Bob Sinclar… Mais aussi Cut Killer, Dynasty… Nous étions comme une petite famille de passionnés de cette nouvelle culture DJ.
- Aviez-vous une prédilection pour un genre musical ?
Tout m’intéresse. J’ai grandi avec le Hip-hop et Gainsbourg. Mais ce qui me fais le plus vibrer, c’est de créer une alchimie en mélangeant les genres, faire vivre aux auditeurs un voyage où je pilote l’avion. Une rencontre a été décisive dans mon parcours : celle avec Ariel Wizman, lors d’une soirée où nous avions tous les deux été « bookés ». Cet incroyable journaliste et Dj culte de la scène française m’a beaucoup transmis sur la culture, le partage, et l’ouverture d’esprit nécessaires pour être remarqué dans ce milieu. Je le voyais à l’époque mélanger de la Techno avec du Reggae, pour finir sur un titre de Disco… Les gens étaient en transe ! Je tente de perpétuer cette intelligence dans mon travail : je suis ouvert et éclectique pour ne pas suivre la tendance, qui reste très éphémère.
- Qu’est-ce qui a séduit chez vous ?
Je pense que les gens étaient surpris de voir un jeune DJ scratcher et mélanger Daft Punk avec Chic et Blue Monday de façon très fluide… Peu de Djs faisaient cela. On met souvent les artistes dans des cases. J’étais un ovni et je ne me débrouillais pas trop mal techniquement.
Tout s’est enchaîné très rapidement. J’ai joué dans des clubs branchés parisiens comme « La Suite », la boîte de nuit du couple Guetta, qui m’avait repéré. Je suis passé par chez « Maxim’s », aux « Bains », à l’Arc », au « Néo », au « Black Calavados »…
J’ai ensuite vécu à New-York, où j’ai étoffé mon carnet d’adresse. La ville du rêve américain où tout est possible, mais où le challenge est permanent. Il faut surprendre, se réinventer sans cesse, être perfectionniste, rigoureux. Mon côté « French Touch » plaisait beaucoup, et j’ai expérimenté des mixes où l’on passe du rythme des « Seventies » à la House Music, de la musique électronique à la musique urbaine de mes racines…. J’aime remixer et twister les sons mythiques. À New-York, Je mixais aussi pour des de défilés de mode, et pour des VIPs à la recherche du chic français. D’ailleurs, ce sont très souvent des français comme Michel Gaubert ou Brodinsky que les marques s’arrachent pour mettre en musique leurs défilés de mode. Le groupe Daft Punk est probablement le plus bel exemple à suivre quand il s’agit de mélanger les styles !
- Qu’est-ce qui vous plaît aujourd’hui dans ce métier ?
Chaque journée et chaque soirée est unique, et demande une préparation et une attention particulière. J’aime être seul la journée, puis le soir entrer en communion avec le public, que cela soit un petit groupe de « kids » sur une plage à Ibiza, ou avec des milliers de personnes dans un gigantesque club. Ce qui est incroyable pour moi, est cette sensation rare de donner du plaisir. Ces moments sont éphémères, mais j’ai l’intime conviction de créer des instants suspendus et intenses avec le public durant ces quelques heures de mix. Cet échange peut même, s’il est bien fait, s’apparenter à une véritable thérapie de groupe !
J’ai la chance de beaucoup voyager, de découvrir des pays et des gens que je ne rencontrerais probablement pas si j’étais salarié d’une banque.
Aujourd’hui, je suis souvent demandé par des marques et des célébrités pour animer leurs soirées. J’ai eu l’opportunité de mixer récemment pour Madonna à « Laperouse » lors de sa dernière tournée à Paris. Une soirée riche en émotions.
Parmi les nombreuses anecdotes de moments passés parmi les stars, il y a cette nuit où Céline Dion était venue « twerker » près de moi derrière les platines du « Manko Cabaret », ce fabuleux « Palace » nouvelle génération où j’étais résident à Paris. Elle avait vraiment lâché prise, c’était magnifique à voir et à vivre. Un an et demi plus tard elle était revenue, se souvenait parfaitement de moi, et m’avait glissé à l’oreille : « Antonin, ta musique m’avait manqué ! ».
Je mesure la chance incroyable que j’ai de jouer le chef d’orchestre pour tous ces personnages hors du commun et où les rôles s’inversent le temps du mix. La musique me permet de côtoyer des personnes qui ne me regarderaient certainement jamais dans leur quotidien.
Je poste ces petits moments insolites sur mon compte Instagram pour le partager avec mes amis et en garder un souvenir.
J’aime aussi beaucoup travailler avec les grandes Maisons de mode comme Balmain, Louis Vuitton, Yves-Saint-Laurent, Dolce & Gabbanna… Dans ces occasions, je suis proche de créateurs extrêmement exigeants. Cela m’oblige à me surpasser pour les surprendre, et ne pas faire comme les autres.
- Quels sont vos projets à venir ?
Je vais sortir mon premier disque avant la fin de l’année, c’est un véritable aboutissement car je passe plus de temps à remixer les titres des autres que de produire pour moi-même. 2024 s’annonce une année très intense avec les Jeux Olympiques à Paris, la réouverture du Grand Palais où je mixe fréquemment, les Fashion-Weeks et, je l’espère, une tournée aux Etats-Unis, où la scène musicale change beaucoup en ce moment. J’ai une société de design sonore, « Playtop », qui supervise la direction musicale pour de nombreuses enseignes, hôtels et restaurants de luxe : j’aimerai trouver le temps de faire encore plus dans ce domaine passionnant et continuer de collaborer avec des gens inspirants.
- Vous dormez peu avec toutes ces activités ?
Je choisis les projets qui me correspondent le mieux, et je me repose les soirs où je ne mixe pas. Je garde un mode de vie sain, fais du sport, pratique la relaxation, et surtout, j’ai un entourage familial et amical solide qui n’hésite pas à me rappeler le sens des réalités quand il le faut. Je dis souvent que nous ne sommes pas des astrophysiciens non plus, que d’autres métiers sont bien plus pénibles que le nôtre. En revanche, le « business » se fait la journée donc, effectivement, il ne faut pas trop s’endormir non plus !
https://www.instagram.com/antonin.courant/
https://soundcloud.com/antonin-courant
Crédits photos : Joseph Degbadjo, Ksenia Dubeshka et Tchane
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