Trublion de l’art depuis qu’il a fini ses études en 1979, Hervé Di Rosa est l’auteur de centaines d’œuvres dispatchées aux quatre coins du monde. Il est le cofondateur du mouvement de Figuration libre, aux côtés de Robert Combas, François Boisrond et Remy Blanchard, mais aussi le concepteur des arts modestes, dont il a fondé le Musée international (le MIAM) à Sète, en 2000. Il se nourrit d’inspirations venues de toutes les cultures et puisées auprès d’artisans de différents pays, mêle des techniques de création variées, s’intéresse à tous les arts. Son univers réunit des œuvres hétéroclites qui ont toutes un point commun : porter indiscutablement une empreinte bien identifiable, la sienne. Faisons connaissance avec cet artiste à l’œuvre protéiforme qui n’a pas fini de titiller l’art contemporain !
Vincent Daffourd : Hervé, racontez-nous votre parcours. Comment êtes-vous devenu artiste ?
Hervé Di Rosa : Il y a 40 ans exactement avait lieu ma première exposition personnelle à Amsterdam et ma première exposition au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. J’étais arrivé trois ans auparavant à Paris pour faire mes études à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs. Depuis, j’ai été invité à des expositions personnelles et collectives dans des musées et des galeries du monde entier.
En 2000, j’ai ouvert le Musée International des Arts Modestes1 à Sète, ma ville natale. Nous allons fêter son vingtième anniversaire. C’est un musée particulier dédié aux sources de l’art modeste et de l’art populaire, un musée où toutes les transversalités sont possibles et où l’on peut aborder des sujets inclassables, des thématiques qu’aucun autre musée n’abordera… C’est à ce jour la plus grande œuvre que j’aie réalisée !
Où puisez-vous votre inspiration ? Comment avez-vous construit votre style ?
Hervé Di Rosa : Très jeune, j’ai été influencé par les images populaires. En effet, il y a 50 ans, à Sète, il était difficile d’accéder à l’art contemporain, si ce n’était à travers les livres et les magazines. J’ai été très marqué par la bande dessinée, l’illustration, les pochettes de disques, les affiches de films, bien avant de voir des œuvres d’art dans des musées.
Je dis souvent que je suis un mélange de Jérôme Bosh, Vélasquez, Matisse, mais aussi d’Hergé, Franquin ou Disney ! Toutes les images et les formes m’intéressent. Les plus triviales et les plus minuscules, l’insignifiant comme le gigantesque m’ont toujours beaucoup influencé.
Où puisez-vous votre inspiration ?
Hervé Di Rosa : J’essaie de ne jamais m’ennuyer. Je passe d’une toile à l’autre, et je peux en réaliser une dizaine en même temps. Il faut surtout que je ne me lasse pas de peindre ! C’est le centre et la racine de mon travail. Ma passion est de pratiquer toutes les techniques. Je vais de la taille sur bois à la céramique en passant par l’aquarelle, la peinture à l’huile, la sculpture, l’installation, le dessin animé, le décor pour le théâtre, la gravure ou encore la lithographie… Tout m’intéresse !
Avez-vous une méthode de travail ?
Hervé Di Rosa : Je suis dans mon atelier du matin au soir. Pour moi, il n’y a qu’avec de nombreuses heures de travail qu’on peut arriver à peut-être faire quelque chose.
Quel est l’événement ou la rencontre qui a marqué votre vie d’artiste ?
Hervé Di Rosa : Quand j’étais enfant, j’étais assez isolé et même ascète dans les années 70. Puis j’ai eu la chance de rencontrer deux ou trois personnes qui m’ont ouvert les yeux sur le monde et sur la création. J’étais alors un jeune adolescent punk à qui on a fait lire Antonin Artaud ou fait voir les peintures de David Hockney. J’ai aussi découvert le théâtre ou l’histoire du rock. Je souhaite aujourd’hui rendre hommage à ces personnes disparues et désormais oubliées, car elles ont changé le cours de ma vie bien plus que n’importe quelle école ! Enfin, je dois dire que j’ai eu la chance d’avoir des parents qui, bien que peu éduqués, m’ont fait entièrement confiance et m’ont soutenu au maximum avec leurs faibles moyens quand je suis allé faire mes études à Paris et quand commencé mes expositions.
Le confinement a-t-il été pour vous une source de frustration ou d’inspiration ?
Hervé Di Rosa : Le confinement est un drôle de moment… Il me laisse beaucoup de temps pour peindre, beaucoup plus que d’habitude ! Il me permet d’être plus concentré, car il y a moins de coups de téléphone, moins de projets, moins de tout. C’est là tout le problème, car un artiste n’a pas besoin que de peinture et de toile, mais il a besoin aussi du contact avec les autres pour développer des projets et pour se tourner vers l’avenir. Et en sous-main, on ne le voit pas trop, l’avenir ! D’un côté, je suis content de pouvoir peindre un peu plus, mais de l’autre un peu triste que tous les projets soient reportés.
Quels sont vos projets pour 2021 ?
Hervé Di Rosa : À la fin de l’année, une grande exposition de mes nouvelles peintures se tiendra à la galerie AD de Montpellier, dans son nouvel espace. Mais avant cela, aura lieu, le 4 juin, le vingtième anniversaire du Musée International des Arts Modestes. Nous espérons pouvoir donner une grande fête, avec un grand concert, et une grande exposition sans avoir encore une fois à déplacer les événements.
L’année 2022 devrait être très riche, mais j’aurai l’occasion d’en reparler…
Où pouvons-nous retrouver vos œuvres ?
Hervé Di Rosa : Je participe à une exposition au Musée du quai Branly. Elle a ouvert en février. Intitulée « Ex Africa », elle présentera de nombreux artistes contemporains européens et africains, inspirés par l’Afrique. Une partie de mes travaux réalisés à Foumban au Cameroun sera exposée.
On peut aussi voir mes œuvres à la galerie AD à Montpellier, à la galerie Louis Carré & Cie à Paris ainsi qu’à la galerie JCM Billy à La Baule. Plusieurs musées et centres d’art présentent mes œuvres, en France et dans le monde. La liste est sur mon site Internet.
Nicolas-Xavier Calu, expert Street Art et Art Contemporain à Montpellier, nous parle de sa rencontre avec Hervé Di Rosa
Artiste et figure incontournable de la figuration libre, Hervé Di Rosa a toujours porté un intérêt particulier à l’art urbain. Il représente à lui seul la richesse des talents de notre département de l’Hérault. Son ascension grandissante aux quatre coins du monde est impressionnante.
Je l’ai rencontré en 2007 à l’occasion de l’exposition de peinture « SÈTE sous les bombes », un événement dédié à l’Art Urbain et organisé au Musée international des Arts Modestes. Ça a été un moment magique.
Hervé me fascine tant par la richesse de ses compositions artistiques que pour son caractère d’humain accessible et entier.
L’œuvre d’Hervé Di Rosa ne se résume pas à sa production, qui pourtant est gigantesque. L’œuvre d’Hervé Di Rosa, c’est aussi le partage et ce qu’il fait avec et pour les autres artistes. Ce sont de nombreux livres, dont il est parfois l’auteur, parfois le sujet. C’est son musée, le MIAM, qui contribue activement entre résidences d’artistes, bourses, expositions, événements et publications à promouvoir un art haut en couleur et bien vivant.
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