On a tous un souvenir avec Molitor. Avec sa piscine haute couture des plus mythiques, en se remémorant ses célèbres baigneurs, ou encore tous ces nombreux clins d’œil littéraires et cinématographiques. Devenu hôtel cinq étoiles, Molitor diffuse toujours le même magnétisme qui fait de l’adresse une icône intemporelle. Pour chasser le blues de l’automne, c’est ici qu’on se réfugie. L’occasion pour Forbes de vous conter Molitor en cinq faits marquants.
Faire son baptême avec une personnalité
Dans la France des Années Folles, l’heure est à la démocratisation d’une discipline : la natation. En Angleterre, Allemagne ou en Suisse, les piscines champignonnent. En France, la Côte d’Azur n’a plus l’exclusivité : Paris aussi devient un spot ‘nautique’ depuis qu’un entrepreneur, Antoine Berverge, prêche la bonne parole. Convaincu que « la natation prévient les noyades et permet un perfectionnement physique rendant l’homme plus fort au travail », ce promoteur empressé exporte sa philosophie jusqu’au Conseil de Paris qui valide son projet. ‘Les grands établissements balnéaires d’Auteuil’, édifiés par l’architecte Lucien Pollet, sortent de terre en 1929. Ou plutôt, deux bassins : l’un d’hiver et couvert, le second à ciel ouvert destiné à la belle saison. A quelques enjambées du Bois de Boulogne, du Parc des Princes et de Roland-Garros, Molitor voit le jour dans l’autre triangle d’or de la capitale.
Mais le coup de maître de la piscine municipale est de marquer les esprits, d’emblée ! C’est un certain Johnny Weissmuller – sur le point de crever l’écran avec le rôle de sa vie Tarzan – qui assure le show pour l’inauguration. L’homme au physique ravageur et athlétique est déjà une star grâce à ses cinq médailles d’or en natation remportées aux Jeux olympiques de Paris en 1924. Les premiers nageurs profitèrent d’y patauger sous l’œil protecteur du champion recruté comme maître-nageur le temps d’un été.
Savoir nager à contre-courant
Au clan des conservateurs, passez votre chemin ! La grande bleue francilienne nous a très tôt montré qu’elle n’avait pas froid aux yeux en créant l’événement lors de sa Fête de l’Eau. Durant ce défilé de maillots en 1946 pour élire la plus jolie baigneuse, le premier bikini, imaginé par l’industriel Louis Réard, a été dévoilé…Verdict : un peu trop osé pour l’époque, il fit un flop. Molitor, l’avant-gardiste veut être bien plus qu’une bâtisse Art déco. Le tout-Paris s’y presse donc pour voir et être vu. Il faut dire que ce drôle de « paquebot » posé dans le XVIème arrondissement est devenu le nouveau lieu à la mode avec son design si singulier : la piscine bordée de cabines jaunes et bleues criardes fait flotter un air de Venice Beach en Seine, le bassin aux dimensions XXL affiche une longueur olympique de 50 mètres (aujourd’hui de 46 mètres), les fenêtres hublots traversées de balustrades blanches s’approprient les codes nautiques.
Molitor, c’est un look tape à l’œil qui vous donne l’irrépressible envie de troquer l’habit de ville pour le costume de bain, à l’image d’un Boris Vian y enchaînant les brasses. Des références littéraires et des clins d’œil cinématographiques parachèvent la légende. Encore récemment, le film oscarisé d’An Li « L’Odyssée de Pi » (2012) lui fit la révérence au prétexte d’une tirade : « Son eau est tellement claire que tu peux faire ton café du matin avec ! » raconte l’oncle du héros au futur naufragé. Iconique.
Appartenir aux locaux
Mondaine et un brin snob, l’adresse n’en a pas oublié sa vocation première d’accueillir les Parisiens pour les initier à la natation. Pendant des décennies, l’établissement public a vu défiler des générations d’écoliers venus de toute l’Ile-de-France. Et parce que Paris est une fête, Molitor s’animait également en hiver où elle devenait… patinoire. Une métamorphose technique et logistique qui nécessitait un mois et demi de travaux pour la mise en place de la piste givrée. La plus grande de Paris. Jugée peu rentable, la patinoire disparaît à la fin des années 1970.
Saut dans le temps en 2001, Molitor est cette fois investie par une tribu de street artists, parmi lesquels des graffeurs, dont beaucoup de célébrités en devenir (à l’instar de Reso, Shaka, Katre, Kashink, Jace, Kouka, Nosbé)… Les murs se couvrent de dessins et de messages provocateurs. Molitor devient alors le dernier lieu underground à la mode, théâtre de fêtes mémorables. En plein XVIème, dans un Paris ayant fait la bascule à gauche avec Bertrand Delanoë à l’Hôtel de Ville, ce Molitor-là abrite la plus grosse rave party improvisée dans la région. Le 14 avril 2001, 6 000 fans de techno nous refont Woodstock.
Elitiste Molitor ? Tantôt oui, tantôt non !
Dormir pour mieux revenir
Après 60 ans d’exploitation et de coups d’éclat en tous genres, le site nécessite de nombreuses rénovations. Trop coûteux à entretenir, la Mairie de Paris n’entend plus verser de deniers publics. Nous sommes en 1989, la piscine rejoint la prestigieuse liste des ‘belles endormies’ jusqu’à cette fameuse rave party du nouveau millénaire. L’endroit à l’abandon devient également une scène pour des spectacles, soirées, défilés de mode organisés avec le concours de la Compagnie des Maîtres-Nageurs. Avec sa localisation rêvée, son empreinte dans l’histoire et ses murs classés aux Monuments nationaux, l’adresse ne prendra pas plus longtemps la poussière. En 2007, le Conseil municipal lance un appel à candidatures pour la rénovation et l’administration du bâtiment abandonné.
C’est la société Colony Capital, en association avec Bouygues Construction et Accorhotels, qui décroche le contrat grâce à son projet de réhabilitation fidèle à l’architecture du bâtiment et au respect de son identité. Les travaux qui débutent en 2011 imposent la destruction de la mythique piscine car la structure et les bétons n’étaient plus assez résistants après quasiment un siècle d’existence. Toutefois, la reproduction des mythiques bassins se voudra fidèle à l’ouvrage originel grâce à l’implication d’historiens et d’anciens sociétaires. Pour l’anecdote, la fille de l’ancien architecte Lucien Pollet, qui avait vécu à Molitor, fut émue de constater que pratiquement rien n’avait changé du bassin d’hiver qu’elle avait connu. Complètement transfiguré, le 13 Rue Nungesser et Coli devient en 2014 un magnifique hôtel de 124 chambres et suites imaginées par le designer Jean-Philippe Nuel.
Hôtel Molitor & Spa by Clarins
Instagrammable jusqu’aux inscriptions taguées sur la moquette, le désormais hôtel de la collection MGallery aligne les expériences lifestyle. Les gourmets s’y retrouvent pour y déguster une cuisine hautement créative autour de produits de saisons locavores. Le plus ? Une touche asiatique et un dressage minutieux cinq étoiles. Mais aussi, une offre récente Click & Collect et la possibilité de commander son panier pique-nique.
Autre lieu où il y a autant affluence qu’à la piscine : le rooftop. Dans un décor balnéaire, on se dore la pilule au grand air les yeux rivés sur le bleu dégradé du bassin. Histoire de mieux narguer le bitume et la bouche de métro, vos voisins de chaussée… Forcément, il y a foule dans ce repaire de gens bien inspirés réunis pour l’happy hour ou pour sabrer le champagne lors d’un événement particulier. Cocktails et cuisine estivale (poulpe grillé, ceviche de daurade ou ces délicieuses gambas à la plancha), sur fond de sets endiablés, font de ce rooftop l’une des adresses star de la capitale.
L’indétrônable piscine Molitor reste bien sûr le pôle d’attraction de l’établissement. Ce chef-d’œuvre de l’époque Art déco est la signature de l’hôtel. On y vient pour perfectionner son crawl, afficher sa plastique (refaite ou pas…), profiter du Spa by Clarins ou juste pour s’extirper de sa routine. Il est très aisé d’y passer des heures notamment pour contempler les 78 cabines du bassin d’hiver customisées par de célèbres street artists (Hopare, Mademoiselle Maurice, Mosko, Romain Froquet, Stew, Jace, Reso…) lors de sa transformation en enseigne hôtelière. Héritage des années underground. Des sessions de visites sont organisées les mercredis et les samedis. Réservation impérative !
Côté événementiel, l’Hôtel Molitor nous met prochainement à l’heure de Roland Garros le temps d’une exposition unique et solidaire. La Fédération Française de Tennis ouvre pour la première fois ses collections de photographies au grand public, l’occasion de découvrir les plus belles photos de celles et ceux qui ont fait du grand chelem un tournoi de légende. John McEnroe, Monica Seles, Serena Williams, Rafael Nadal et bien d’autres sont à redécouvrir du 21 septembre au 11 octobre 2020*.
*Tous les bénéfices de la vente des tirages photos seront reversés au fond de dotation FFT, visant à collecter des fonds pour financer des projets sociaux, solidaires, éducatifs, culturels ou environnementaux liés au tennis.
Hôtel Molitor & Spa by Clarins – MGallery
13 Rue Nungesser et Coli
75016 Paris
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits