L’équipementier aéronautique a, une fois encore, déçu les marchés en dévoilant des perspectives timides pour l’exercice en cours tandis que le retour à la rentabilité historique devrait encore prendre trois années.
Après avoir passé toute la matinée dans les abysses du SBF120, le titre Zodiac (-2,83 à 20,74 euros) a endigué l’hémorragie, après avoir perdu près de 6% dans les premiers échanges, mais a continué de susciter la déception des investisseurs. Un sentiment devenu malheureusement habituel, après chaque publication de résultats, où le groupe dirigé par Olivier Zarrouati est contraint de colmater des brèches de plus en plus béantes.
« La prévision pour 2016-2017 est d’un quart inférieure au consensus. Celle pour l’exercice suivant est en ligne, mais l’expérience a amené le marché à se méfier des prévisions à moyen terme du groupe », abonde un analyste cité par Reuters. Avec une marge de 5,2% sur l’ensemble de l’exercice 2015-2016 clos en août, l’équipementier aéronautique, qui même si elle se situe, peu ou prou, en ligne avec les attentes du marché est à des années lumières de celle de la période 2012-13 où elle culminait à 14,5%.
Zodiac réclame « du temps »
Mais pour tenter de « calmer » la fronde des investisseurs, Zodiac Aerospace a confirmé son « objectif de retour à la performance opérationnelle pour fin 2017 », évaluant son niveau de rentabilité historique prévu pour 2019-20 à environ 15%. Mais l’équipementier réclame du temps. « Nous transformons notre fonctionnement industriel en profondeur, ce qui ne se fait pas du jour au lendemain », a expliqué le président du directoire Olivier Zarrouati au sortir d’une conférence de presse sur les résultats annuels.
Insuffisant néanmoins pour susciter l’optimisme des opérateurs, alors que même les principaux clients de l’équipementier, dont Airbus, n’ont eu de cesse de tancer publiquement le groupe qui multiplie les retards de livraisons imputables aux difficultés chroniques de sa branche Sièges. « Quand il était dit que la crise industrielle de Zodiac devait être terminée à l’été 2015. C’était du pipeau », avait déclaré, sans ambages, Fabrice Brégier PDG de l’avionneur au début de cette année.
« Le village gaulois »
Dès lors, quelles alternatives s’offrent à Zodiac pour redresser la barre ? Pour de nombreux analystes le salut de l’équipementier passe par un rachat. Une éventualité évoquée ce matin par le patron du groupe, filant la métaphore avec une célèbre bande-dessinée. « Sommes-nous une cible ? Le but de cette équipe de direction est d’exécuter notre plan et c’est un plan d’entreprise indépendante », souligne Olivier Zarrouati. Et d’ajouter presque immédiatement. « Est-ce que cela signifie que nous sommes un village gaulois qui ne serait pas capable de saisir une bonne opportunité ? Bien sûr que non, mais toute opportunité devrait être meilleure que les performances que nous pouvons réaliser seuls ».
Signe que Zodiac avance à pas feutrés, prenant grand soin de n’écarter aucune éventualité. Aux prémices de l’été, c’est un autre équipementier de référence, en l’occurrence Safran, qui serait venu aux nouvelles. Fin octobre, le PDG du groupe, Philippe Petitcolin, avait refusé de commenter et de s’exprimer sur un potentiel rachat alors qu’il présentait les résultats trimestriels de son groupe. Prudence est mère de sureté : en 2010, les actionnaires majoritaires de Zodiac Aerospace s’étaient vigoureusement opposés au rachat par Safran. Mais le discours pourrait être plus nuancé, cette fois-ci. En l’état actuel des choses, Zodiac maintient le cap et veut poursuivre, seul, son redressement mais que se passera-t-il en cas de nouvelle tempête ? Affaire à suivre.
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