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Yahoo! Cède Une Partie De Son Expertise Pour Quelques Milliards

Crédit Photo : Chris Farina/Corbis /Getty Images

Verizon Wireless, leader américain des télécommunications spécialisé dans les services mobiles pourrait renforcer son pôle dédié au numérique en rachetant Yahoo!.

Verizon Wireless, qui a déjà racheté Internet AOL en mai 2015 pour 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) souhaite profiter des pertes accumulées par Yahoo! depuis son lancement en 1995 pour envisager une fusion.

Clap de fin pour l’indépendance de Yahoo!.

L’une des premières entreprises à s’être lancées sur le marché de l’Internet vient de vendre, lundi 25 juillet 2016, ses joyaux de famille comme Yahoo Mail et Yahoo News, pour 4,8 milliards de dollars (4,37 milliards d’euros) au géant américain des télécoms Verizon Wireless.

Quelques heures avant l’officialisation du rachat de ses activités Internet, Yahoo a annoncé une hausse de 5,2 % de son chiffre d’affaires à l’issue du deuxième trimestre. Le chiffre d’affaires total du groupe avait atteint 1,24 milliard de dollars (1,12 milliard d’euros) entre avril et juin 2015, contre 1,31 milliard de dollars (1,18 milliard d’euros) à l’issue du deuxième trimestre en 2016.

L’opération, qui intervient vingt ans après la création d’un des pionniers du Web, va permettre à Verizon d’intégrer une nouvelle marque (re)connue de la Toile à sa division consacrée aux acteurs du numérique. Marissa Mayer, qui est arrivée en 2012 à la tête de Yahoo! dans l’espoir de redresser la barre de l’entreprise en pleine déliquescence, a soutenu ce projet de rachat qui doit être finalisé au début de l’année 2017.

Ce rapprochement permet à Verizon d’atteindre son objectif de création d’un « groupe international de médias de premier rang et d’aider à accélérer nos revenus dans la publicité en ligne » , souligne le CEO de Verizon, Lowell McAdam. La création de la marque Yahoo-AOL est assez impressionnante et permettrait de titiller les géants du contenu sur Internet que sont Facebook et Google.

Yahoo!, AOL et le cimetière des éléphants

Le plus grand fournisseur de services téléphoniques locaux AT&T était intéressé par une acquisition des activités sur le Web de Yahoo, tout comme le groupe de capital-investissement TPG Capital et un consortium soutenu par le milliardaire Warren Buffett. Des acteurs de la Tech comme Google, le géant du secteur, ou la maison-mère du titre de presse Daily Mail, étaient intéressées par le rachat des principales activités de Yahoo! pour une raison fondamentale : la chute de valeur financière et boursière concédée par l’entreprise américaine depuis 2014.

Le montant de la transaction de Yahoo! à Verizon représente un échec pour la garde rapprochée de Marissa Mayer, avec une perte de valeur de la marque auprès des acteurs, après une valorisation maximale estimée à plus de 100 milliards de dollars. Avec 400 millions de dollars (363,85 millions d’euros) de pertes à l’issue du 2e trimestre 2016 et un repli de 7 % du chiffre d’affaires net en 2015, la société américaine spécialiste des outils destinés au Web s’engluait dans une situation inextricable.

La 15e plus grande entreprise au monde – selon le classement Global 2000 de Forbes arrêté au 1er mai 2016 – avec une valeur marchande de 206,2 milliards de dollars (187,58 milliards d’euros), compte profiter de cette acquisition pour concrétiser sa stratégie de convergence entre le contenu et le réseau. Outre ses marques Yahoo Mail, Yahoo News ou Yahoo Bourse, Yahoo! reste un actionnaire, bien que minoritaire, du géant chinois du commerce en ligne et sur mobile Alibaba et compte la plateforme de microblogging Tumblr dans son porte-feuille de marques.

La jeune entreprise new-yorkaise fut rachetée fin 2012 pour 1,1 milliard d’euros par Yahoo! pour répondre aux desiderata de Marissa Mayer de combler un retard pris dans le social, la publicité native et le mobile. Trois ans et demi plus tard et des vagues de dépréciations, le portail a abaissé une énième fois la valeur de Tumblr, pour un montant autour des 700 millions de dollars (637 millions d’euros). Yahoo! reconnaît ici son échec en ayant surpayé cette acquisition, au montant similaire à celui dépensé au printemps 2012 par Facebook pour racheter Instagram. Le réflexe de rattrapage de ses concurrents par un achat similaire, qui dénote un manque de vision stratégique propre, a mis en danger Yahoo!.

Les 15 % de participations conservées, valorisées à 31,5 milliards de dollars (28,65 de millions d’euros), dans le capital du géant chinois du commerce en ligne et sur mobile Alibaba, intéresse Verizon désireux de concurrencer le leader du marché qui n’est autre que l’américain Ebay. Alibaba, le spécialiste de l’e-commerce dirigée par Jack Ma la deuxième fortune de Chine estimée à 23,9 milliards de dollars (21,7 milliards de dollars) au 26 juillet 2016 selon Forbes, avait racheté pendant l’été 2012une majeur partie de ses propres titres boursiers au détriment de Yahoo!.

Le groupe chinois se positionne, au 1er mai 2016 à la 147e place du classement Global 2000 de Forbes des plus grandes entreprises au monde avec une valeur marchande de l’ordre de 200,7 milliards de dollars (182,6 milliards d’euros). Alibaba a enregistré un record de transactions au cours de la journée des célibataires, fixée au 11 novembre chaque année depuis 2009, avec 1,5 milliard d’euros de marchandises écoulées en moins de 13 minutes (12 minutes et 38 secondes pour les plus tatillons). Mieux, le chiffre d’affaires de 13,3 milliards d’euros enregistré par Alibaba en 2014 – soit une croissance de 60 % sur un an… équivaut au produit intérieur brut mesuré la même année pour le Sénégal.

Yahoo! rejoint AOL dans une sorte de cimetière des éléphants du marché du digital avec l’espoir de voir leurs activités relancées par Verizon. Le groupe AOL était LA société à suivre à la fin des années 1990, juste avant l’éclatement de la bulle Internet. Le premier fournisseur mondial d’accès à Internet valait 165 milliards de dollars (150,1 milliards d’euros) en janvier 2000 après sa fusion retentissante et inédite avec le premier groupe mondial de communication Time Warner. La séparation fracassante des deux entités neuf ans plus tard entraîne la perte de valeur d’AOL et son rachat par Verizon Wireless pour une bouchée de pain, soit 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros). La fin d’une époque.

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