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World Liberty Financial : une nouvelle plateforme DeFi signée Trump

World Liberty FinancialL’ancien président américain Donald Trump, au National Constitution Center à Philadelphie, aux États-Unis, le mardi 10 septembre 2024. Getty Images

Donald Trump et ses fils annoncent une nouvelle plateforme de prêts décentralisés avec World Liberty Financial, mais une analyse plus approfondie met en lumière des concepts déjà vus et de sérieuses préoccupations.

Un article de Nina Bambysheva et Steven Ehrlich pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

 

Donald Trump fait une nouvelle incursion très médiatisée dans le monde des cryptomonnaies ; et cette fois-ci, il emmène toute sa famille dans l’aventure. Lundi, Trump a présenté World Liberty Financial, une entreprise de cryptomonnaie « dirigée » par ses fils, Donald Jr. et Eric, lors d’une diffusion en direct sur X devant 155 000 auditeurs.

« Nous devons exceller dans tout ce que nous entreprenons. La crypto en fait partie, que cela nous plaise ou non, et nous devons nous y engager pleinement », a déclaré Trump depuis Mar-a-Lago, son country club à Palm Beach, en Floride. « Si nous ne le faisons pas, la Chine s’en chargera. D’ailleurs, elle est déjà en train de le faire », a-t-il ajouté, ignorant apparemment que les cryptomonnaies sont interdites en Chine depuis 2021. L’ancien président a ajouté que ce sont ses enfants qui « lui ont ouvert les yeux plus que quiconque ». « Barron en sait énormément sur le sujet. Il est jeune, mais il s’y connaît. Il possède quatre portefeuilles ou quelque chose comme ça, et je lui ai demandé : « C’est quoi un portefeuille ? » » a raconté Trump.

Critiquant ce qu’ils perçoivent comme une injustice inhérente au secteur bancaire, les fils de Trump, en collaboration avec l’équipe de World Liberty Financial, ont réutilisé d’anciens discours pour promouvoir leur nouveau projet de finance décentralisée, ou DeFi.

La DeFi propose des services similaires à ceux des banques ou des bourses, mais fonctionnant uniquement sur des blockchains, sans être contrôlés par une seule entité. Elle promet une alternative plus économique, privée, sécurisée et accessible aux institutions financières classiques comme les banques et les marchés boursiers. « Je pense que la DeFi correspond à la vision qu’auraient eue nos pères fondateurs, et non à ce système brisé et bureaucratique où une multitude d’intermédiaires prélèvent leur part sans réelle contribution, se contentant de gérer des formalités. Cela ne fait qu’engendrer du gaspillage et de l’inefficacité, tout en devenant un processus politisé, comme nous le constatons », a affirmé Donald Trump Jr.

Bien que peu de détails aient été donnés durant les deux heures et demie de diffusion en direct, le projet serait basé sur la plateforme de prêts DeFi Aave et inclurait également des stablecoins, des jetons conçus pour suivre des devises comme le dollar. Sur des plateformes comme Aave, les utilisateurs peuvent emprunter des actifs numériques, comme l’ether, à d’autres déposants qui cherchent à gagner des intérêts, souvent sous forme de nouveaux jetons numériques, un peu comme un prêt bancaire classique. Cependant, ces plateformes ne sont pas garanties par la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), ce qui les rend risquées pour les spéculateurs, avec des rendements pouvant atteindre 7 %. Fin 2021 et début 2022, la spéculation et l’effet de levier ont créé une bulle sur les plateformes DeFi, portant la valeur totale bloquée à près de 180 milliards de dollars.

Aujourd’hui, plus de 30 milliards de dollars sont déposés dans ces protocoles de prêt, mais la majorité des emprunts sert aux traders pour augmenter leur effet de levier sur les marchés d’actifs numériques, plutôt qu’à financer des actifs concrets comme l’immobilier ou les entreprises. WLFI mise sur le fait qu’en rendant ces plateformes DeFi plus faciles à utiliser, elles attireront davantage d’emprunteurs ordinaires.

Un livre blanc qui a fait l’objet d’une fuite et qui a été vu pour la première fois par CoinDesk révèle que Trump s’est proclamé « Avocat en chef des cryptomonnaies », tandis que ses fils porteront les titres d’« Ambassadeurs Web3 ». Barron Trump, âgé de18 ans et étudiant à l’Université de New York, est présenté comme un « visionnaire DeFi ». Parmi les autres cadres, on retrouve Chase Herro et Zachary Folkman, tous deux liés à Dough Finance, un protocole DeFi qui a subi un piratage de 1,8 million de dollars en juillet. Le parcours de Folkman, chef des opérations chez World Liberty Financial, est atypique : cofondateur de Subify, une alternative non censurée à Patreon et OnlyFans, il a également fondé Date Hotter Girls LLC et animé des séminaires YouTube sur l’art de séduire.

Steve Witkoff, un investisseur immobilier de longue date et allié fidèle de Trump, qui était à ses côtés sur le terrain de golf dimanche lors de l’interception d’un potentiel assassin, a pris les rênes des « investissements institutionnels », tandis que son fils, Zach Witkoff, est chargé des « renseignements ».

Une clause de non-responsabilité précise que World Liberty Financial n’est en réalité « ni détenue, ni gérée, ni exploitée » par la famille Trump, bien qu’elle continue d’en tirer des bénéfices. Folkman a confirmé lors de la diffusion en direct que WLFI vendra un « jeton de gouvernance », terme cryptographique désignant un actif numérique conférant des droits de vote similaires à ceux d’une action. Environ 63 % de ces jetons seront vendus au public, 17 % seront réservés aux récompenses des utilisateurs, tandis que 20 % seront alloués à la « rémunération de l’équipe », y compris les conseillers et les futures recrues, et bien sûr, la famille Trump. Aux États-Unis, ces jetons seront offerts sous la réglementation D de la SEC, qui exempte certaines entreprises des exigences d’enregistrement pour une offre publique, uniquement aux investisseurs accrédités ; ceux disposant d’un patrimoine net d’au moins un million de dollars ou d’un revenu annuel supérieur à 200 000 dollars. De plus, ces jetons seront initialement non transférables. Folkman a expliqué que cela vise à n’attirer que les personnes intéressées par la gouvernance et l’exploitation de la plateforme.

Sécuriser des investisseurs dès maintenant pourrait être une stratégie intelligente pour la famille Trump, étant donné que la plupart des jetons DeFi ont perdu 88 % de leur valeur depuis les sommets atteints pendant la pandémie de Covid-19.

 

La valeur des jetons DeFi peine à revenir à son niveau pré-pandémie

« La DeFi est en difficulté parce que la plupart des liquidités, qui cherchaient auparavant des rendements de 4 à 6 % sur les grandes plateformes, se dirigent maintenant vers de nouveaux projets qui offrent des rendements plus élevés grâce à des (jetons gratuits) », explique Kavita Gupta, fondatrice de Delta Blockchain Fund.

Aave et Compound ont respectivement chuté de 73 % et 95 % depuis leurs sommets historiques du début de la décennie. Pourtant, elles se négocient à des valorisations bien supérieures à celles des entreprises financières traditionnelles, comme les banques.

WLFI prévoit de distribuer des jetons à ses utilisateurs, mais leur non-transférabilité pourrait poser problème, surtout au vu de la récente mauvaise performance des jetons associés à Trump et de l’action de Trump Media & Technology Group Corp (DJT).

 

DJT a perdu 75 % de sa valeur depuis le début de son activité

 

Les principaux meme coins liés à Trump s’effondrent

 Jusqu’à présent, Trump a gagné plus de 7 millions de dollars en vendant sa collection de NFT, après être passé de critique à amateur de cryptomonnaies. Un PAC pro-crypto, Fairshake, a aussi collecté plus de 161 millions de dollars auprès d’entreprises comme Coinbase, Andreessen Horowitz, Ripple, et d’autres acteurs majeurs du secteur. S’assurer que l’argent continue d’affluer pourrait être sa priorité majeure à moins de deux mois de l’élection. « World Liberty Financial ne cherche pas à contrôler la cryptographie, mais plutôt à la rendre accessible aux gens », a déclaré Folkman.


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