Un second mandat de Donald Trump pourrait ouvrir la voie à une nouvelle vague d’acquisitions, avec les entreprises de taille moyenne en ligne de mire des acheteurs.
Après l’élection de Donald Trump au début du mois, le marché boursier a connu une forte hausse. Wall Street a salué l’arrivée d’une administration perçue comme favorable aux entreprises, anticipant un environnement réglementaire plus souple.
Sous l’administration Biden, le rythme des transactions a nettement ralenti, freiné par la politique antitrust stricte menée par la Commission fédérale du commerce sous la présidence de Lina Khan. La hausse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale, qui s’est étendue sur un an et demi, a également pesé sur l’activité. Cependant, Donald Trump a toujours exprimé son intention de réformer les agences publiques, et un remaniement à la tête de la FTC semble figurer parmi ses priorités dès son arrivée prévue en janvier. Par ailleurs, la Fed a amorcé une baisse de ses taux en septembre, offrant un nouvel élan potentiel.
Les négociateurs et investisseurs s’attendent à ce qu’un second mandat de Trump marque le début d’une nouvelle ère de fusions et d’acquisitions. Wall Street anticipe également que, sous la présidence de Trump, des transactions actuellement bloquées, comme la fusion entre les chaînes de supermarchés Kroger et Albertsons, pourraient enfin obtenir le feu vert.
Fusions-acquisitions en plein essor : les prévisions de Wall Street pour l’ère Trump
Les récentes baisses des taux d’intérêt par la Réserve fédérale ont diminué le coût du capital, facilitant ainsi les transactions, notamment celles nécessitant un financement par endettement. Selon David Kostin, stratège en chef de Goldman Sachs pour les actions américaines, le volume des fusions et acquisitions en 2025 devrait augmenter de 20 %, contrastant avec une baisse de 15 % enregistrée cette année. « Un raz-de-marée de fusions et acquisitions dans le secteur technologique, ainsi qu’un regain général des transactions, pourrait désormais se dessiner avec Trump à la Maison-Blanche », estime Dan Ives, analyste chez Wedbush.
Les PDG des grandes entreprises cotées en bourse voient d’un bon œil les perspectives de transactions sous la nouvelle administration Trump. David Zaslav, PDG de Warner Bros. Discovery, a déclaré aux analystes lors d’un appel plus tôt ce mois-ci que cette administration pourrait favoriser la consolidation des entreprises.
Andrew Peck, co-responsable des investissements chez Baron Capital, qui gère 43 milliards de dollars d’actifs, prévoit de nombreuses opportunités de fusions et acquisitions dans des secteurs tels que la santé, les biens de consommation de base, et surtout la technologie, où les grandes entreprises bénéficient d’importantes réserves de liquidités.
Sam Stovall, stratège en chef des investissements chez CFRA, partage cette analyse pour la santé et la consommation de base, tout en ajoutant les secteurs déprimés tels que l’industrie et les matériaux à la liste des opportunités potentielles. De son côté, Bank of America estime que presque toutes les entreprises combinant un flux de trésorerie positif, une croissance des ventes supérieure à la moyenne et un faible endettement représentent des cibles idéales pour des acquisitions.
Les entreprises à moyenne capitalisation, dont la valorisation boursière se situe généralement entre 2 et 10 milliards de dollars, ont surperformé depuis le début du siècle. L’indice S&P Midcap 400 a enregistré des rendements totaux supérieurs de 39 % à ceux du S&P 500 (grandes capitalisations) et du Russell 2000 (petites capitalisations). Ainsi, un investissement de 10 000 dollars en mai 2000 dans le fonds négocié en bourse MDY, qui réplique l’indice S&P Midcap 400, aurait atteint 92 260 dollars. En comparaison, le même montant investi dans le SPY, qui suit le S&P 500, aurait grimpé à 65 560 dollars, tandis qu’un investissement équivalent dans l’IWM, qui suit le Russell 2000, aurait atteint 66 430 dollars.
Les opportunités d’acquisition les plus prometteuses
Forbes s’est lancé dans l’identification de potentielles cibles d’acquisition parmi les actions de sociétés à moyenne capitalisation peu connues. L’objectif : repérer des entreprises susceptibles d’attirer des acquéreurs en quête d’un équilibre entre croissance et valorisation.
Pour identifier les meilleures cibles dans la catégorie « croissance », Forbes s’est appuyé sur des critères précis. L’analyse a ciblé des entreprises dont la capitalisation boursière se situe entre 2 et 15 milliards de dollars, soit la fourchette typique des actions de moyenne capitalisation. Ces entreprises sont suffisamment grandes pour représenter une menace concurrentielle pour les acteurs majeurs de leur secteur, attirant ainsi l’attention des repreneurs potentiels. Elles restent cependant assez petites pour être facilement intégrées par des grandes entreprises, des fonds de capital-investissement ou des investisseurs comme Warren Buffett, en quête d’entreprises bien gérées générant des flux de trésorerie stables et croissants. Avec plus de 10 000 sociétés de capital-investissement dans le monde, et un montant record de 2,6 billions de dollars de liquidités disponibles selon un rapport de S&P Global publié cette année, les conditions sont idéales pour une vague d’acquisitions.
Pour sélectionner nos candidats à la croissance parmi les entreprises de moyenne capitalisation, nous avons appliqué des critères stricts : une augmentation de plus de 7 % du bénéfice par action et du chiffre d’affaires pour l’année en cours, ainsi qu’un rendement du capital investi (ROIC) d’au moins 15 %. Ce dernier indicateur permet d’évaluer l’efficacité avec laquelle une entreprise alloue ses ressources à des projets ou investissements rentables.
Pour la catégorie « valeur », nous avons ajouté une exigence de rendement pour l’actionnaire supérieur à 4 %, tout en supprimant l’obligation d’une croissance de 7 % du bénéfice par action et du chiffre d’affaires pour l’année en cours. Ce double filtre nous permet d’identifier des entreprises performantes et attractives pour différents profils d’investisseurs. Pour les deux catégories, nous avons également intégré un critère clé : la valeur d’entreprise divisée par le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (BAIIDA). Cet indicateur, largement utilisé par les acquéreurs potentiels, permet d’évaluer la capacité d’une entreprise à générer des flux de trésorerie, en supposant l’achat de l’intégralité de ses actions et la prise en charge de ses dettes. Enfin, les deux listes ont été classées selon le rendement du capital investi (RCI), et seules les 10 actions les mieux notées sur cet indicateur ont été retenues.
En tête des listes de croissance et de valeur figure Dropbox, spécialiste du stockage en nuage avec une capitalisation boursière de 8,5 milliards de dollars. Bien que son action ait reculé d’environ 7 % cette année, Dropbox affiche un rendement impressionnant de 55,6 % sur le capital investi, témoignant de l’efficacité de sa direction dans la gestion de projets rentables. Du côté de la liste « valeur », les performances les plus remarquables proviennent du secteur de la consommation de base, malgré une relative stabilité des cours boursiers cette année. Parmi les leaders figurent Bath & Body Works (RCI de 37 %), la chaîne de grands magasins Dillard’s (28 %) et le fabricant de chaussures Crocs (26 %). Quant à la liste « croissance », les principales cibles incluent le fournisseur de services à domicile Frontdoor, la société radiopharmaceutique Lantheus Holdings et le détaillant de vêtements Abercrombie & Fitch. Ces entreprises ont vu leurs actions s’envoler en 2024 grâce à une forte croissance des bénéfices : Lantheus a progressé de 20 %, tandis qu’Abercrombie & Fitch et Frontdoor ont enregistré des hausses de plus de 50 %.
Kurt Havnaer, gestionnaire du fonds commun de placement Jensen Quality Mid Cap (JNVIX), souligne que les changements réglementaires peuvent faciliter certaines opportunités, mais ne modifient pas fondamentalement les éléments qui rendent une transaction avantageuse. Il avertit que, même si une nouvelle administration pourrait alléger la surveillance réglementaire, des facteurs tels que des taux d’intérêt plus élevés pourraient compenser toute augmentation de l’activité transactionnelle. À l’avenir, les acquéreurs resteront probablement sélectifs, en se concentrant sur des transactions qui créent une valeur tangible pour les actionnaires grâce aux synergies de revenus, à l’expansion du marché et à l’efficacité opérationnelle.
Un article de Sergei Klebnikov et John Dobosz pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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