Tout a déjà été écrit sur la capacité phénoménale des Français à épargner. Ils se distinguent années après années comme les champions d’Europe de l’épargne. 87 % d’entre eux mettent de l’argent de côté, plus que les Belges (83 %), les Espagnols (81 %), les Italiens ou les Anglais (75 %), selon une étude réalisée par Blackrock en 2015.
Leur taux d’épargne – 15,5% du revenu disponible brut en 2015 – frôle les records et devrait leur permettre de mettre de côté, comme en 2015, plus de 100 milliards d’euros en 2016. De vrais fourmis !
Si l’on peut se réjouir de cette frugalité, les Français privilégient cependant une épargne sûre et sans risque qui ne profite ni à leurs comptes en banque, ni à l’économie réelle qui aurait pourtant bien besoin de capitaux frais pour innover et gagner des parts de marché.
Comptes courants, livrets et produits d’épargne réglementés…
Tout est bon pour éviter le risque et surtout gagner très peu d’argent tant ces placements servent des rendements déprimants : entre 0,75% et 1,6% en moyenne en 2016. Alors que les taux d’intérêts bas devraient plutôt encourager les Français à prendre des risques en investissant dans des placements bien plus rémunérateurs comme les actions, les obligations, les PME ou l’immobilier commercial, ceux-ci se contentent d’épargner comme de « bons pères de famille », sans prise de risque et sans rendement. Défiance à l’égard des institutions financières, crises financières multiples auxquelles il faut ajouter une culture économique inférieure à la moyenne des pays de l’OCDE (étude PISA 2014), tout concorde pour faire des Français des épargnants passifs, obnubilés par la sécurité plutôt qu’un bon rendement.
Les choses sont néanmoins en train de changer
L’épargnant est de plus en plus à la recherche d’un retour sur investissement. Grâce au numérique, il a accès à de multiples sources d’information. Il peut seul découvrir et comprendre comment fonctionnent les mécanismes économiques et les marchés financiers. Il a aussi plus facilement accès à des produits d’épargne alternatifs lui offrant un meilleur rendement. La finance doit prendre en compte ces transformations et considérer les épargnants comme des acteurs à part entière de l’équation investissement. Pour cela, nous devons faire œuvre de transparence en mettant en place les outils permettant à Monsieur Tout le Monde de connaître en temps réel la réalité de ses investissements et la performance qui y est associée. Il faut aussi aligner les intérêts des professionnels de la finance sur ceux des épargnants. Les gestionnaires d’actifs et autres banquiers doivent être au service de leurs clients et non l’inverse.
Nous devons également annoncer des objectifs de performance, informer en temps réel nos clients de nos investissements, des points positifs comme négatifs, des convictions ou des doutes que nous avons sur tel ou tel marché. L’honnêteté, la transparence, la pédagogie doivent être les vertus cardinales qui permettront de faire de l’épargnant un acteur à part entière de son épargne, et par là même un investisseur en bonne et due forme. Prêt à prendre des risques en conscience car il aura été bien informé et bien conseillé. Ne nous y trompons pas, les épargnants nous confient leur confiance et leur argent : nous leurs sommes donc redevables.
La réconciliation des Français avec la prise de risque se fera donc à ces conditions : que nous mettions l’épargnant au cœur de notre business model afin d’en faire un véritable acteur de son épargne.
Frédéric Puzin – Président de CORUM
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