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Vers L’Avènement Du Marché Obligataire

De nombreuses entreprises (ETI, SBF 120, CAC 40) se ruent depuis quelques temps sur le marché obligataire privé et public. Mais pourquoi le marché des obligations séduit-il de nouveau les emprunteurs et les investisseurs ? Il semblerait que les conditions soient réunies pour ce que nous pourrions appeler « le rebond du marché obligataire ».

En recherche de rendement

Attirées par les liquidités disponibles sur les marchés, les entreprises bénéficient de la souplesse et des conditions avantageuses apportées par les investisseurs institutionnels et privés. Ces derniers cherchent des sous-jacents de qualité mais aussi des poches de rendements attractifs. C’est sur ce dernier volet que l’émergence des placements privés connait une forte croissance. Pour trouver du rendement, les investisseurs descendent sur des signatures de moindre notoriété, sur des entreprises de plus petite taille et pour des montants d’émission plus faibles. A ne pas confondre avec les placements dits High Yield qui ne concernent que les entreprises dont les fondamentaux financiers ne sont vraiment pas à leur avantage.

Encore peu connu des dirigeants d’entreprise et des investisseurs, le placement privé des PME est à l’aube d’une révolution financière en France comme en Europe. Encore trop dépendantes du marché bancaire, les PME ont, elles aussi, l’opportunité de profiter d’un marché obligataire dynamique qui pourrait leur offrir, diversification, profondeur et souplesse de financement.

Un marché obligataire encore méconnu

Le marché des produits de taux (fixed income) est souvent réservé aux grands investisseurs (assureurs, mutuelles, fonds spécialisés, banques) car peu accessible et peu distribué au grand public comme le pourrait être le marché actions. En effet, les obligations sont principalement adressées aux investisseurs qualifiés et ne sont que rarement accessibles en direct pour des souches inférieures à 1.000.000 d’euros, c’est un produit presque exclusif aux grands donneurs d’ordre.

Par ailleurs, la multiplicité des types d’obligations rend ce produit financier difficilement abordable. On y trouve des obligations simples, des obligations convertibles en actions, des obligations à taux variable, des obligations à zéro-coupons ou encore des obligations à taux révisable.

Mais ce produit historique tend à se développer aussi bien pour les petites entreprises que pour les plus petits investisseurs (family office, gestion de fortune, grand public). L’apparition d’intermédiaires spécialisés en dette obligataire (sociétés de gestion, plateformes d’Euro PP et plateformes de financement participatif obligataire) ouvre la voie à la démocratisation de l’investissement direct en obligations. Culturellement très développé aux Etats-Unis et en Angleterre, le marché du fixed income en Europe offre un potentiel de croissance gigantesque. Et les capitaux étrangers ne peuvent qu’être attirés par la stabilité politique et règlementaire du marché européen, et par la diversité et la qualité des PME européennes.

Les grandes entreprises redonnent des couleurs à l’obligataire

L’Etat et les grandes entreprises sont majoritairement représentés sur le marché obligataire. L’Etat français est le principal émetteur sur le marché des obligations. A ce titre, sa dette obligataire représente près de 85% du PIB.

Mais les emprunts obligataires ne sont pas réservés exclusivement aux grandes administrations publiques. Entre les mois de mai et de juin 2017, post-élections présidentielles levant le risque politique, de grandes entreprises ont annoncé avoir réalisé avec succès leurs émissions obligataires : Nexity, Lagardère, Nokia, Altarea Cogedim, Argan ou Korian sont les quelques exemples de l’attrait du marché des obligations pour le financement des grandes entreprises. Ces entreprises ont pu profiter de taux bas leur permettant de renforcer leurs programmes d’investissement tout en allonger la maturité de leur dette.

Récemment, c’est au tour de la Banque Mondiale d’émettre des obligations pour le moins originales. Afin de lutter contre les pandémies, la Banque Mondiale a décidé d’émettre des « pandemic bonds ». Ces obligations constituent une réserve de fonds mobilisables pour éviter toute pandémie de maladies mortelles, qui dans la plupart des cas, pourraient être endiguées rapidement en débloquant les fonds suffisants au bon moment.

Puis ce fut au tour de la Chine d’ouvrir son marché obligataire aux investisseurs étrangers. Dans une volonté d’internationalisation des marchés financiers chinois, le gouvernement a ouvert l’accès à l’achat-vente d’obligations chinoises par des investisseurs étrangers. La Chine représente le 3ème marché obligataire mondial.

Avec des taux de coupon historiquement bas, les grandes entreprises se ruent sur le marché obligataire pour couvrir leurs besoins de financement. C’est également le cas des Etats, comme la France qui a récemment émis, en plusieurs fois, quelques dizaines de milliards d’obligations vertes pour financer ses investissements dans le développement durable. Ou comme l’Australie qui vient d’émettre pour 800 millions de dollars d’obligations acquises pas un seul et unique investisseur !

Le marché des obligations est aussi accessible aux PME

Le marché obligataire n’est pas uniquement réservé aux Etats ou aux grandes entreprises. Bien que méconnu, les ETI et PME peuvent également se financer en émettant des obligations. Pour émettre des obligations, ces entreprises ont les possibilités suivantes :

  • L’Initial Bond Offering créé en 2012 par Euronext qui, par un processus similaire à une introduction en Bourse, permet de lancer un appel public à l’épargne en émettant des titres obligataires cotés. Or ce procédé est lourd, coûteux et chronophage, ce qui n’a permis de financer que très peu d’entreprises.
  • L’Euro Private Placement quant à lui, permet aux entreprises d’émettre des obligations dans un cadre privé et réservé à des investisseurs qualifiés. Là aussi, les souches doivent être suffisamment importantes pour qu’une banque accepte d’en faire l’arrangement auprès de grands investisseurs.

Dans les deux cas, les montants émis doivent généralement être supérieurs à 10 millions d’euros pour que cela soit rentable et attractif pour un émetteur.

Dans un registre plus souple et moins coûteux, il existe les plateformes de crowdfunding obligataire qui ont la possibilité de s’adresser à des PME pour des émissions inférieures à 2,5 millions d’euros dans un cadre privé, sans avoir à viser un prospectus AMF d’appel public à l’épargne. Cette solution tend fortement à se développer en France comme en Europe (+155% dans les volumes en 2016).

Les fintech démocratisent le marché des obligations

Alors que l’accès au marché obligataire est souvent complexe pour les emprunteurs PME et les investisseurs non institutionnels, des fintech alliant finance de marché et technologie, ont eu la bonne idée de faciliter l’accès au marché des obligations.

Dorénavant, les PME peuvent se financer sur le marché obligataire grâce au financement participatif. Simple, souple et rapide, l’obligataire est l’outil idéal pour la diversification du financement de PME. Les investisseurs privés peuvent ainsi placer leur épargne sur des obligations de PME non cotées, avec des tickets d’entrée accessibles et pour des rendements souvent supérieurs aux placements classiques.

Quels sont les avantages du crowdfunding obligataire pour les PME ?

  • Une diversification des sources de financement et des partenaires financiers
  • Une profondeur de l’emprunt, allant jusqu’à 2.500.000€ sans avoir à viser un prospectus AMF
  • Des financements adaptés à leurs besoins, pour des objets matériels comme immatériels
  • Une source de financement non dilutive lorsqu’il s’agit d’obligations simples (ie. Non convertibles en capital)

La force première de ces fintech, c’est d’avoir adapté un mode de financement tant apprécié des grandes entreprises aux besoins des PME. Si les grandes entreprises raffolent du financement obligataire, pourquoi ne pas en faire profiter les PME ?

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