Le groupe Suez a annoncé mercredi dernier que ses résultats seraient moins bons qu’attendus, un profit warning dans le jargon des marchés. La sanction a été sévère. Les investisseurs ont massivement vendu le titre. Pendant la séance de mercredi, le recul était proche de 20% au plus fort de la baisse. Le cours de l’action Suez est ainsi revenu à son niveau de 2014.
L’attitude des investisseurs est assez « logique ». D’une part, de plus en plus de gérants analysent la situation de l’entreprise. À l’annonce du profit warning, le cours de bourse entame un cycle de sous-performance de plusieurs mois. D’autre part, beaucoup de fonds et sociétés de gestion imposent à leurs gérants de sortir des titres de sociétés annonçant une alerte sur leur résultat. Enfin, et peut-être surtout pour Suez, l’annonce a totalement surpris les analystes et les gérants. La communication a été désastreuse : Suez avait rencontré les investisseurs le 13 décembre dernier sans laisser penser qu’il y avait un problème d’activité à venir. Or les investisseurs détestent plus que tout être surpris.
Comme tous les gérants, nous avons été étonnés de l’annonce du groupe Suez. Par contre nous sommes pragmatiques et préférons analyser en détail les données pour juger s’il nous semble possible ou non d’investir, que ce soit après un profit warning ou non.
D’une part, nous constatons que les chiffres passés sur l’exercice 2017 sont certes décevants, sur l’activité liée au traitement d’eau et nettement inférieurs aux attentes. Ceci sera à surveiller de près pour la suite. Par contre, certains éléments sont ponctuels (les implantations à l’étranger) et ne se reproduiront pas.
Pour 2018, on retrouve les anticipations relativement décevantes pour le traitement des eaux. Une situation qui pourrait durer quelques temps. Certains autres éléments négatifs sont là aussi assez ponctuels, comme des effets de change ou l’impact de la réforme fiscale de Donald Trump. Le groupe Suez a bien sûr pris des mesures pour compenser à l’avenir ces différents points en accélérant son programme de réduction des coûts.
Le plus perturbant pour la valorisation du titre réside dans les anticipations de la progression de l’activité à l’international : le groupe a réduit ses prévisions de croissance des ventes à 5 ans de 4 à 6%, loin des 6-8% en moyenne annuelle.
La baisse du titre sur la séance de mercredi reflète des anticipations qui nous semblent trop pessimistes : le marché a durement réagi en prenant en compte directement l’ensemble des mauvaises nouvelles.
Nous considérons que c’est excessif et certains de nos gérants ont profité de la baisse pour initier des positions sur le titre. Bien sûr, nous n’avons pas alloué dès mercredi le poids cible total de ce nous faisons habituellement sur un titre. Nous gardons des munitions en cas de baisse encore possible. Cependant, nous considérons que le temps joue en notre faveur, bien aidé aussi par un fort dividende (de l’ordre de 4,5% si bien sûr il est maintenu sur ces niveaux). Nous sommes donc prudemment acheteurs sur le titre.
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