Arrivé chez Visa il y a plus de 20 ans, Romain Boisson occupe depuis 2018 le poste de directeur général des activités en France. Lors d’un échange pour Forbes France, ce dernier présente sa vision de la dématérialisation du paiement et les clés pour accélérer la digitalisation de l’industrie et des usages.
Forbes France : Comment définiriez-vous votre rôle de Directeur général de Visa en France ?
Romain Boisson : J’ai rejoint Visa il y a 20 ans et depuis plus de 6 ans mon rôle est d’instiller de l’’innovation dans l’écosystème français et permettre aux consommateurs d’accéder à des usages de paiement simples et sécurisés. Étant moi-même tombé dans la marmite de l’industrie du paiement en tant qu’étudiant, je suis convaincu que cet élan d’innovation est nécessaire pour accélérer la digitalisation du paiement.
Où en est la France en matière de paiement dématérialisé ?
R. B. : Il y a eu ces dernières années une nette accélération de la digitalisation du paiement – celui par carte représentant près de 60% des paiements en France. La crise sanitaire a aussi renforcé l’usage du sans contact qui correspond à près de 7 paiements sur 10 aujourd’hui. C’est le même constat que pour l’adoption de l’e-commerce : il n’y aura pas de retour en arrière sur le paiement dématérialisé.
Selon une récente étude, les internautes seraient d’ailleurs plus de 70% à abandonner leurs paniers d’achat sur les sites d’e-commerce, notamment parce que le processus de vente et de paiement est trop long, trop compliqué, voire opaque. C’est pourquoi nous avons annoncé récemment, lors du dernier salon One to One 2024 à Monaco, le lancement de la fonctionnalité « Click to Pay » pour reproduire la même expérience du sans contact dans le commerce en ligne.
Cette transformation a-t-elle besoin de plus d’open banking et d’interopérabilité ?
R. B. : Visa s’est toujours positionné en faveur de l’ouverture de son système mais aussi de sa sécurité. Click To Pay est ainsi un standard interopérable. Et pour s’assurer de la sécurisation des transactions en ligne, nous avons notamment misé sur la tokénisation. Nous avons émis plus de 4 milliards de jetons de réseau à travers le monde, ce qui signifie qu’ils sont désormais plus nombreux que les cartes physiques Visa actuellement en circulation.
Visa Token Service assure la confiance entre les quatre parties impliquées, à savoir le commerçant, la banque, le porteur de carte et son émetteur. Ainsi, toutes les transactions en ligne peuvent s’effectuer simplement et rapidement depuis un ordinateur, une tablette ou un smartphone.
Enfin, l’open banking répond à une autre ambition : aller au-delà du paiement carte, avec par exemple l’initiation de paiement de compte à compte. Toujours dans l’optique d’apporter l’innovation et la confiance dans son écosystème, Visa se considère comme un créateur d’usages en tant que tel.
La cybersécurité serait-elle le plus grand défi pour l’industrie bancaire ?
R. B. : Cet enjeu cyber nous impose d’être toujours extrêmement vigilant et nos systèmes sont d’ailleurs visés par plus de 10 millions de cyberattaques chaque semaine. En 2022, une étude de Visa, en partenariat avec Wakefield Research, a montré que face à la sophistication grandissante des méthodes des cybercriminels, aucun consommateur n’est à l’abri d’arnaques. C’est pourquoi nous avons investi plus de 10 milliards de dollars en solutions technologiques, notamment pour réduire la fraude et accroître la sécurité du réseau.
Au total, plus de mille experts sont chargés de la sécurité du réseau contre les logiciels malveillants et s’appuient sur l’intelligence artificielle pour faire de la surveillance en temps réel. Rien qu’en 2023 par exemple, Visa a bloqué 25 milliards d’euros de transactions frauduleuses.
Pour limiter les failles, il faut également sensibiliser aux bons réflexes numériques nos clients mais aussi nos plus de 28 000 employés répartis dans le monde. Enfin, comme évoqué précédemment, nous avons aussi annoncé le lancement de Click to Pay en France, une solution de paiement permettant de payer ses achats en ligne en 20 secondes, tout en divisant le risque de fraude par trois.
En 2021 Visa a racheté la fintech suédoise Tink, puis Pismo au Brésil… Qu’est-ce qui justifie ces acquisitions ?
R. B. : Visa reste toujours soucieux de faire des acquisitions car c’est un moyen de renforcer son écosystème et enrichir son innovation. Le rachat de Tink nous permet de rendre notre écosystème plus agile sur la question de l’open banking. Et c’est la même logique avec notre prise de participation majoritaire dans le processeur de paiements mexicain Prosa ou encore l’acquisition de la fintech brésilienne Pismo.
Le secteur fintech continue d’exploser et de plus en plus de start-up arrivent à jouer dans la cour des grands… Comment vivez-vous cette concurrence de plus en plus rude dans votre écosystème ?
R. B. : Je ne parlerais pas vraiment de concurrence. Visa s’est très vite intéressé à cet écosystème des fintechs et collabore avec des acteurs comme Lydia ou Spendesk. Nous avions d’ailleurs très vite mis en place notre programme Fintech in the box pour permettre à ce type d’acteurs de nous rejoindre dès leur amorçage et d’accéder à nos APIs. Nous accompagnons aussi de près l’émergence de Revolut mais aussi la croissance de BoursoBank.
Toutes ces fintechs ont apporté un enrichissement de l’écosystème et je ne les opposerais pas aux acteurs bancaires traditionnels. Elles ont offert de nouvelles solutions de paiement aux consommateurs et cela facilite notre mission de fournisseur de solutions technologiques de paiement.
Un mot de la fin ?
R. B. : Comme vous le savez peut-être, Visa est un partenaire mondial historique des Jeux Olympiques et Paralympiques. Dans ce cadre, Visa s’est donné pour mission de rendre concrète l’ambition de Paris 2024 d’organiser les Jeux les plus responsables, inclusifs, égalitaires et spectaculaires jamais organisés. Nous avons lancé la campagne “Pas Sans Vous” et collaborons avec l’association Sport Dans La Ville afin d’offrir des opportunités aux jeunes de Seine-Saint-Denis (Île-de-France). Visa financera la création de trois nouveaux centres sportifs, un programme de parrainage pour les jeunes filles et sera sponsor du Youth Solidarity Festival (juillet 2024).
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