La banque américaine Goldman Sachs serait actuellement, selon une information relayée par Les Echos, en train d’esquisser les contours d’une unité de trading de bitcoins. Une nouvelle étape vers la « démocratisation » des cryptomonnaies ?
Considéré comme une « fraude » il y a moins d’un an par Jamie Dimon, l’omnipotent et fort en gueule PDG de JPMorgan, le bitcoin va-t-il faire prochainement son entrée par la grande porte de l’un des établissements bancaires les plus prestigieux de Wall Street ? L’idée fait son chemin. Même si le tempétueux patron de la banque américaine a quelque peu nuancé son discours, la star des cryptomonnaies serait en passe de pénétrer dans les arcanes d’une autre place forte financière américaine, en l’occurrence Goldman Sachs. En effet, la banque, considérée il est vrai comme l’un des établissements les moins « crypto-sceptiques », vient de recruter le trader Justin Schmidt, 38 ans, qui a notamment fondé l’an passé une société de trading de cryptomonnaies baptisée Translunar Crypto. Dans un premier temps, le trader devrait présider aux destinées de la division « marché d’actifs numériques » de la banque avant de piloter le bureau de trading de bitcoins, et plus largement de cryptomonnaies. La banque n’a ni confirmé ni infirmé l’information de Bloomberg, se bornant à déclarer « explorer plusieurs pistes dans l’intérêt de servir au mieux leurs clients détenteurs d’actifs numériques ». Fin de citation.
« On assiste pour le moment à des expérimentations de la part des institutionnels dans la mesure où le cadre juridique et fiscal international est encore très loin d’être figé sur ces questions », tempère Tristan Colombet, PDG de DomRaider, l’une des premières sociétés de l’Hexagone à avoir eu recours, l’an passé, à une levées de fonds – les fameux « ICO » en cryptomonnaies. Toutefois, le dirigeant souligne que ces grandes banques ne veulent pas « courir le risque de rater ce virage, ayant bien conscience qu’un véritable mouvement était en marche ». Comme évoqué en préambule, Goldman Sachs a fait partie, au même titre que Citigroup ou encore Bank of America des établissements les moins « virulents » à l’encontre du Bitcoin. Même si il convient de rappeler qu’à l’instar de Jamie Dimon, le patron de Goldman Sachs a eu, il y a quelques temps, des propos peu amènes sur le Bitcoin, estimant qu’il s’agissait « d’un moyen pour commettre des fraudes ». Ce qui n’a pourtant pas empêché la banque de franchir le Rubicon au point d’accompagner le lancement en trombe d’un des premiers produits financiers permettant de parier sur le bitcoin à la Bourse de Chicago.
Le Bitcoin retrouve des couleurs
« Il est vraisemblable que d’autres grandes banques emboîtent le pas de Goldman Sachs et posent les jalons d’une unité dédiée à la cryptomonnaie. Ils essaieront a minima d’expérimenter et de comprendre les enjeux relatifs à ces monnaies numériques voire même de les développer », abonde Tristan Colombet. Et de donner un satisfecit à cette initiative. « Je pense qu’il s’agit d’une démarche assez saine de leur part ». Longtemps sous le feu nourri des critiques, le Bitcoin peut-il ainsi s’acheter une virginité auprès de ces établissements ? Il est sans doute prématuré de s’aventurer à répondre à cette question, notamment au regard des turbulences et des fluctuations intempestives du cours de la vedette des « cryptos » au début de l’année 2018. Néanmoins, il semble que le « BTC » ait repris du poil de la bête ces dernières semaines.
Depuis le début du mois, le Bitcoin a en effet gagné environ 27 %. S’il stagne actuellement sous la barre des 9 000 dollars (7 385 euros), il semble toutefois lentement mais sûrement panser ses plaies de son « trop plein » de la fin d’année 2017. « Cette année, le Bitcoin a démontré toute sa ténacité lorsqu’il a chuté sous la barre de 7 000 $ (5 740 €), malgré de grands bouleversements, comme l’interdiction en Inde des banques impliquées dans des activités crypto, etc. », explique Garrick Hileman, cofondateur de la société de recherche et de données de cryptomonnaies, Mosaic.io, interrogé par nos confrères de Forbes US « Les moteurs de cette hausse comprennent notamment des rapports de grandes institutions financières telles que Barclays, stipulant qu’elles souhaitent pénétrer dans le monde des cryptomonnaies ». Ancien « paria », la porte des puissances régnantes de la finance internationale s’ouvre doucement mais sûrement pour le Bitcoin.
Avec Anna Chapelle
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