Est-ce vraiment important de considérer un horizon de temps aussi court ?
La question mérite d’être posée, car l’horizon d’investissement sur les marchés d’actions doit s’envisager sur une durée d’au moins 5 à 7 ans. Une analyse rétrospective sur les 10 dernières années, permet d’ailleurs d’observer que le marché des actions a connu une forte progression avec, par exemple, des rentabilités annualisées de près de 8,9 %1 par an pour les marchés européens et même 13 %2 par an pour le marché américain ! Les investisseurs ont ainsi pu réaliser des placements attractifs… mais il est vrai que l’on partait d’un point bas, qui suivait le paroxysme de la crise financière !
Le scénario des dix dernières années était donc idéal pour les marchés financiers : des valorisations très décotées, la volonté des banques centrales d’injecter d’importantes liquidités pour soutenir les économies des grands pays développés, avec des taux d’intérêt historiquement bas et, à la clef, une reprise de la croissance mondiale, qui a retrouvé en 2017 des rythmes de +4 %.
2018 : une situation plus délicate pour les marchés d’actions…
Si l’analyse des performances des 10 dernières années est très favorable, les résultats des deux dernières années sont bien plus mitigés : après un recul cette année de plus de 11 %3, l’indice Euro Stoxx 50 a ainsi effacé toute l’avance accumulée en 2017 : cette performance décevante depuis deux ans montre bien que, dès lors qu’on investit sur un horizon trop court (deux ans par exemple), il est plus difficile de tabler sur une performance systématiquement positive d’un portefeuille d’actions.
Un investisseur en actions doit être prêt à subir une certaine amplitude de variation des cours et des performances ponctuellement négatives.
L’année 2018 avait pourtant bien commencé, avec une croissance mondiale assez forte et synchronisée entre les différentes zones, et des taux d’intérêt encore très bas. Mais la guerre commerciale menée par l’administration Trump, la remontée des taux directeurs américains, et les nuages qui ont assombri le ciel européen (Italie, Brexit, ralentissement de la croissance européenne) et asiatique (ralentissement de la croissance chinoise) ont fini par avoir raison de l’optimisme des investisseurs.
2019 : beaucoup de mauvaises nouvelles déjà intégrées… même si les marchés ont besoin d’un catalyseur positif pour rebondir
Si, en 2018, les marchés sont sortis d’une configuration quasi « idéale » et peuvent justifier une certaine prudence à court terme, tous les ressorts des marchés d’actions n’ont pas pour autant disparu.
En effet, bon nombre de raisons à l’origine de la correction des marchés d’actions en 2018 semblent évoluer dans un sens plus positif :
- La Banque centrale américaine (Fed) adopte une position moins restrictive sur sa politique monétaire, permettant aux taux obligataires américains de se détendre nettement (près d’un demi-point4 de moins depuis fin octobre pour le taux 10 ans américain, revenu à 2.68 % fin décembre) ;
- Les prix du pétrole se sont fortement contractés (-35 % depuis leur pic début octobre) ce qui va permettre de soutenir la demande des ménages partout dans le monde et la profitabilité de beaucoup d’entreprises ;
- La « guerre commerciale » Chine/États-Unis connaît une pause de quelques mois et Donald Trump semble à la recherche d’un accord avec les Chinois ;
- Le gouvernement italien a trouvé un accord avec l’Union Européenne sur son budget 2019.
Enfin, l’aversion au risque et le recul des indices des derniers mois a permis aux valorisations sur les actions de s’améliorer sensiblement, les actions européennes se payant désormais moins de 12 fois les résultats attendus en 2018.
Alors que les marchés financiers abordaient 2018 avec beaucoup d’optimisme, ils ont été déçus. Aujourd’hui, alors que le pessimisme semble de rigueur, on pourrait paradoxalement avoir de bonnes surprises, notamment du côté de la guerre commerciale sino-américaine ou de la Fed.
Il reste que les soubresauts encore possibles sur les marchés d’actions en 2019 ne doivent pas prendre le pas sur le besoin de valorisation d’une épargne à moyen long terme. Une réalité semble difficilement discutable : compte tenu des niveaux de taux actuels (moins de 0,70 % sur les taux à 10 ans français par exemple), il est difficile de se priver du « moteur » que constituent les marchés d’actions dans une allocation d’actifs équilibrée. A condition de se tenir à l’horizon d’investissement recommandé !
Les perspectives mentionnées sur ce site sont susceptibles d’évolution et ne constituent pas un engagement ou une garantie de la part de Natixis Investment Managers International. Les analyses et les opinions mentionnées représentent le point de vue de l’auteur. Elles ont été émises entre le 26 novembre et 3 décembre 2018 et sont susceptibles d’évoluer. Elles ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle.
Par Nuno Teixeira, Directeur de gestion cross-asset, Natixis IM
1 Source Bloomberg : MSCI Europe DNR en euros – du 30/12/2008 au 31/12/2018
2 Source Bloomberg : MSCI USA Net Total Return en dollars – du 30/12/2008 au 31/12/2018
3 Source Bloomberg : Euro Stoxx 50 en euros – du 29/12/2017 au 31/12/2018
4 Source Bloomberg – Le taux des emprunts du Trésor américain à 10 ans sont passés de 3,14% à 2,68% entre le 31 octobre et le 31 décembre 2018.