L’automne n’a pas réellement changé la donne : le flou entourant le Brexit perdure. Les négociations sont enlisées et personne ne voit réellement poindre de solution favorable aux deux parties. Sur l’axe strictement politique la situation Britannique semble inextricable : Theresa May, contre toute attente, n’a pas pu consolider sa majorité aux dernières élections. Au contraire, elle doit désormais faire face à des courants totalement antagonistes entre des « modérés » qui souhaiteraient une sortie en douceur et des durs qui sont prêts à quitter l’Europe sans accord. Ces incertitudes autour de la ligne politique à suivre finissent par lasser les acteurs de l’économie Britannique qui, les uns après les autres, retardent leurs investissements tant que le schéma de sortie ne sera pas éclairci.
Les données économiques Britanniques traduisent ces atermoiements. Les statistiques pointent toutes, mais de manière somme toute modérée, vers un ralentissement progressif de l’économie Britannique. Les plus pessimistes se sont lourdement trompés : Il n’y a pas d’effondrement non plus !
Notre idée était, en cas de succès du Brexit, que la variable d’ajustement serait la Livre Sterling. C’est effectivement ce qui s’est produit dans un premier temps. Les effets de la baisse de la Livre par rapport à l’ensemble des principales devises ne sont pas faits attendre : D’abord positif pour les entreprises exportatrices, l’inflation importée n’a pas tardée à augmenter significativement. Etant donné que les employeurs britanniques sont peu enclins à prendre des risques dans un contexte de grande incertitude, les salaires n’ont pas suivi. Les consommateurs britanniques ont continué à consommer mais, sans gain de pouvoir d’achat, ont dû ponctionner leur épargne et emprunter. Résultat : La Banque Centrale d’Angleterre (BOE) doit désormais gérer à vue entre deux objectifs peu conciliables pour le moment : Soutenir la devise pour limiter l’inflation importée (et donc monter ses taux courts) et soutenir la croissance qui commence à patiner (et donc maintenir ses taux très bas).
M.Carney président de la BOE a apporté un début de réponse : il veut absolument soutenir la Livre Sterling. Il a donc augmenté ses taux directeurs de 0.25% la semaine dernière en tenant un discours plutôt conciliant destiné à rassurer sur les perspectives de l’économie Britannique…L’effet à chaud sur les marchés n’a pas exactement été celui recherché par M. Carney : la Livre a vivement reculé ainsi que les taux d’intérêts…
Pourtant, les taux n’avaient plus été relevés en Grande-Bretagne depuis 10 ans ! Il aurait été concevable d’imaginer que les marchés réagiraient plus clairement dans le sens d’une hausse de la Livre Sterling et ce d’autant plus que pendant la conférence de presse qui a suivi la hausse des taux, M. Carney a laissé entendre que les incertitudes perdureraient tant que les conditions de sortie de l’Union Européenne ne seraient pas fixées clairement.
Dans le contexte politique Britannique actuel, il est difficilement envisageable d’avoir rapidement un « deal » clair pour le premier trimestre 2019. A ce stade, il faut donc tout envisager : un Brexit dur, sans accord entre l’Union Européenne et la Grande-Bretagne, est donc tout à fait possible.
Toutes choses égales par ailleurs cela rendrait probable un des deux scenarios suivant :
– Une forte baisse de la Livre Sterling, suivi quelques mois plus tard d’une hausse de taux pour limiter l’inflation ; sur le plan économique cela donnerait une croissance forte pendant quelques mois suivi d’un ralentissement sensible à cause de la hausse des taux.
– Une hausse des taux rapides pour empêcher la Livre Sterling de baisser et donc une économie au mieux en faible croissance (la BOE prévoit moins de 2% pour les 3 prochaines années).
Dans les deux cas, la situation économique de l’Europe serait affectée notablement par un ralentissement trop marqué de la Grande-Bretagne. Pour le moment rien ne plaide pour un investissement Outre-Manche, la situation est trop incertaine. Il est à espérer que la situation se décantera rapidement concernant les négociations autour du Brexit et qu’un accord soit trouvé. Dans le cas contraire, l’ensemble des marchés de la zone pourrait subir une nouvelle fois une décote. Ce n’est pas trop pénalisant en ce moment compte tenu du rebond enregistré par l’économie Européenne, cela serait fatalement plus préjudiciable dans le cas d’une consolidation sur les marchés américains.
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