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Présidentielle : Les Traders En Ordre De Bataille Pour La Nuit De Dimanche

© Getty Images

Alors que l’issue du premier tour d’un scrutin présidentiel n’a jamais été aussi incertaine, les analystes et autres traders se préparent à une nuit de dimanche particulièrement studieuse ou agitée, c’est selon, notamment en cas de présence au second tour de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon… voire même des deux.

2,7%. Parmi la kyrielle de chiffres abondamment scrutés, commentés, décortiqués par les analystes et autres éditorialistes de salon pendant cette campagne présidentielle, celui-ci est quelque peu passé inaperçu. A quoi correspond-il ? A la fameuse marge d’erreur ou « intervalle de confiance » dans laquelle, fait inédit, se situent les quatre favoris à la magistrature suprême. En effet, entre « le tandem » Emmanuel Macron-Marine Le Pen crédité en moyenne de 22% de suffrages et Jean-Luc Mélenchon à 19%, il n’y a que trois points, pile dans ladite marge d’erreur. Ce qui signifie, de manière plus triviale, qu’Emmanuel Macron peut tout aussi bien terminer en tête qu’en quatrième position, et à l’inverse le candidat de la France insoumise s’imposer dans la dernière ligne droite.

Plusieurs scenarii qui donnent des sueurs froides notamment aux traders dont l’anticipation est l’une des principales composantes du « métier ». En effet, les analystes naviguent en eaux troubles avec cette élection, encore davantage depuis que le « risque Mélenchon » qui a fait irruption sur les marchés. En effet, le spectre d’un face-à-face « Mélenchon-Le Pen » plane au-dessus des places financières et notamment sur le marché obligataire. Conséquence : l’écart de rendement – « spread » en jargon financier – entre l’obligation française (OAT) et le « Bund » allemand a atteint, la semaine dernière, un plus haut de six semaines. Dans le détail, le fossé entre les deux obligations a atteint les 75,20 points de base selon les données Tradeweb citées par Reuters.

Des équipes spécialement mobilisées

Le risque d’un face-à-face entre les deux extrêmes, en vertu de la marge d’erreur développée en préambule, est tout à fait plausible et les traders se préparent ainsi à cette éventualité. Comme évoqué par Reuters, Société générale prévoit par exemple pour ses clients pas moins de quatre conférences téléphoniques avec des économistes et des analystes entre 22h00 dimanche et 14h00 lundi. D’autres sociétés de gestion, comme La Française, qui gère quelque 60 milliards d’euros d’actifs, ont également mis en place un dispositif « spécial » en mobilisant une équipe dédiée à la soirée de dimanche.

Si, en vertu du code électoral, les premières estimations ne seront publiées qu’à partir de 20 h, il est évident que des informations émanant de la presse étrangère ou circulant sur les réseaux sociaux – le fameux hastag #RadioLondres faisant florès à chaque élection sur Twitter consistant à désigner les candidats par d’autres appellations en rapport avec leur couleur politique ou leur trait de caractère – filtreront bien avant l’échéance de dimanche 20H. Ce qui pourrait alimenter la spéculation et la défiance des marchés, dont la nervosité n’a d’égale que la volatilité.

Le précédent « Brexit »

Mais pour certains analystes, même dans le « pire des cas » pour les marchés, à savoir une confrontation Marine Le Pen – Jean Luc Mélenchon, tous deux partisans d’un « Frexit », à savoir une sortie de l’Union européenne, même si la position du candidat de la France insoumise est légèrement plus nuancée, « la déflagration » ne pourrait être que de courte durée.

Pour étayer ce raisonnement, les analystes prennent l’exemple du « Brexit » tant redouté par les places financières internationales qui, s’il a fait pas mal de dégâts le lendemain du scrutin, avait vite été « digéré » par la suite. Ainsi, seulement cinq jours après la proclamation des résultats du référendum outre-Manche, la bourse de Londres avait effacé ses pertes directement imputables à la sortie du Royaume-Uni du giron européen. L’indice FTSE-100 des principales valeurs était ainsi passé en séance au-dessus du niveau des 6 338,1 points, soit celui de la clôture du jeudi 23 juin, jour de ladite consultation.  

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