Annoncée début septembre, l’acquisition par Facebook du géant kenyan du transfert d’argent par téléphone mobile M-Pesa semble bien engagée. Ce projet s’inscrit dans la stratégie de Mark Zuckerberg de renforcer son positionnement sur le marché des paiements et transferts de fonds par mobile dans les pays émergents et peu bancarisés. Cela explique aussi sa récente visite au Nigéria et au Kenya et surtout sa déclaration: «L’avenir est en Afrique».
Le voyage de Mark Zuckerberg en Afrique subsaharienne où les paiements sur mobile font maintenant partie de la culture dans cette partie du monde, a insufflé au continent un vent entrepreneurial. Il y a aussi au Kenya 5,3 millions d’utilisateurs de Facebook dont beaucoup ont accès au réseau social via un téléphone mobile.
Son voyage fait également écho au discours du président Obama au Kenya en juillet dernier. Il a dans son discours félicité les entrepreneurs technologiques locaux en les invitant à ambitionner mondialement: « Ce continent doit être un canal de la croissance mondiale et pas seulement de la croissance africaine » .
Le modèle africain s’exporte aussi en Asie
Cet engouement pour les marchés émergents ne se limite pas au continent africain. Au Bangladesh, BRAC Bank (banque bangladaise destinée à aider les personnes et petites entreprises ne pouvant ouvrir de compte dans les banques traditionnelles) a lancé en 2011 l’opérateur de paiements sur mobile BKash. BKash possède un portefeuille d’environ 18 millions de comptes, ce qui en fait le deuxième opérateur mondial derrière M-Pesa. La valeur des transferts d’argent sur mobile au Bangladesh était de 5,6% du PIB, bien en dessous du Kenya (55% du PIB).
Mark Zuckerberg n’est pas le seul à suivre avec intérêt le succès des sociétés telles que M-Pesa et BKash: La Banque Mondiale et l’ IFC (International Finance Corporation), la Fondation Bill et Melinda Gates ou Omidyar Network s’impliquent dans d’autres pays et continents, en particulier en Asie. L’Inde, l’Indonésie, le Vietnam, le Myanmar, le Cambodge, le Laos et beaucoup d’autres pays de cette partie du monde doivent tourner le dos au passé (paiements cash) pour rentrer activement dans l’avenir (fintech).
Omidyar Network est une société d’investissement philanthropique, créée en 2004 par le fondateur d’eBay, Pierre Omidyar et sa femme Pam. Omidyar Network a annoncé avoir investi plusieurs milliards de dollars dans des organisations à but non lucratif comme dans des entreprises à but lucratif dans plusieurs domaines d’investissement, y compris l’inclusion financière. Ils se basent sur l’idée que lorsque les populations décident d’améliorer leur vie, ils s’impliquent aussi plus activement dans leurs communautés et ont un impact plus positif dans la société.
Il faut inclure également le Brookings Institute, l’un des plus anciens groupes de réflexion américains qui fournit des recherches indépendantes sur les sciences sociales, en particulier l’économie, la gouvernance et la politique étrangère, pour le gouvernement américain. Le Brooking Institute a un domaine de recherche consacré à l’inclusion financière (offre de services financiers et bancaires de base à faible coût pour des consommateurs en difficultés et exclus des services traditionnels) et vient de présenter son rapport 2016. Dans ce rapport, on peut constater que beaucoup de pays asiatiques ont encore un retard à ce niveau (Pour consulter la totalité du Rapport Brooking Institute).
La déclaration de Bill Gates semble se confirmer quand il dit : «Dans 15 ans, les services bancaires numériques donneront aux pauvres plus de contrôle sur leurs actifs et les aideront à transformer leurs vies.».
En 2030, les 2 milliards de personnes qui n’ont pas de compte bancaire stockeront de l’argent et effectueront des paiements avec leurs téléphones. D’ici là, les fournisseurs de services mobiles offriront toute la gamme des services financiers, des comptes d’épargne en passant par les offre de crédit ou d’assurance. Les banques traditionnelles ne peuvent pas se permettre d’intégrer dans leur clientèle les populations pauvres c’est pourquoi 2,5 milliards d’adultes n’ont pas de compte bancaire.
Pourquoi un tel retard en Asie ?
La première raison vient du manque de capitaux et d’investisseurs qui veulent investir dans les « fintech pour les non bancarisés. »
Deuxième raison: le manque de talent pour développer des initiatives à destination des non bancarisés.
Cette question est aussi très étroitement liée à un troisième défi – le manque d’infrastructure: La disponibilité de plates-formes BaaS (Banque as a Service) et d’API ouvertes sur le marché est également l’un des principaux facteurs qui freinent les pays non ou faiblement bancarisés pour accéder aux fintech.
Et enfin – l’ouverture d’esprit des régulateurs. Exemple en Inde il y a environ un an: L’organisme de réglementation des télécommunications de l’Inde a bloqué le service Free Basics de Facebook dans le cadre d’une décision soutenant la neutralité du réseau. La décision fait suite à près d’un an de conflit entre Facebook et les militants de la neutralité du Net qui prétendent que Free Basics viole la neutralité en favorisant certains services par rapport à d’autres. Cela porte également atteinte aux efforts plus vastes d’Internet.org de Mark Zuckerberg qui a pour objectif de mettre le monde entier en ligne.
Ce sont les quatre points à améliorer pour que les pays d’Asie répondent par les Fintech aux attentes de leurs populations face à l’inclusion financière.
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