Dans un environnement de plus en plus désintermédié et agile, où la demande de réactivité et d’interactions directes est de plus en plus forte, les entreprises ont elles aussi adopté de nouvelles façons de consommer. Comptabilité en ligne, stockage des données, gestion de projet et du travail en équipe, solutions de recrutement, financements alternatifs… autant d’applications innovantes adoptées par les entreprises et qui s’inscrivent progressivement comme des outils de gestion incontournables.
En particulier, le financement des entreprises connait depuis quelques années une mutation profonde, encouragée par la crise du système bancaire et financier, par l’essor des Fintechs, et par la volonté des pouvoirs publics et des régulateurs de soutenir l’innovation, de libérer le financement des entreprises, et de fluidifier la circulation de l’épargne.
C’est ainsi que de multiples solutions sont apparues :
- Fin du monopole bancaire en 2014, les entreprises peuvent contracter des prêts auprès de particuliers via des plateformes de crowdlending ;
- Au lieu de s’attacher les services d’une société de conseil en levée de fonds, les entreprises peuvent directement solliciter des investisseurs via des plateformes de crowdequity ;
- Au lieu de mandater une banque ou une société financière pour émettre de la dette, les entreprises peuvent directement émettre des obligations via des plateformes de crowdfunding obligataire ;
- Idem pour les financements de trésorerie, de stock, de change, d’affacturage… les solutions de bas de bilan sont multiples dans l’univers des Fintechs. Celles-ci gagnent en crédibilité et s’assurent un bel avenir tant la demande des entreprises pour des solutions innovantes, simples et compétitives est importante.
Alors pourquoi les entreprises font appel à des solutions alternatives comme le financement participatif ?
- Les TPE et PME : un marché non couvert par les acteurs traditionnels
La majorité des entreprises en France qui utilisent la finance alternative sont de taille réduite, elles génèrent entre 0 et 50.000.000 d’euros de chiffre d’affaires, ce sont des TPE, des PME voire des ETI qui n’ont pas accès à la variété des solutions dont peuvent bénéficier les très grandes entreprises. La raison est simple, aucune institution financière classique n’a la volonté, l’organisation ni la structure appropriée pour répondre à des besoins de petites entreprises, sur des petits montants, donc pour des profits faibles alors que leurs coûts structurels et opérationnels sont si élevés. Les acteurs classiques n’ont pas l’organisation et la technologie adéquate pour traiter une quantité de volume sur des montants de financement relativement faibles.
Exemples : Quelle banque voudrait organiser une émission d’obligations pour une PME qui souhaiterait lever 300.000€ ? Quelle banque allouerait un opérateur de salles des marchés et un juriste pour une PME qui voudrait mettre en place un contrat de swap €/$ portant sur 100.000€ ? Quel investisseur institutionnel ou fonds d’investissement mobiliserait des ressources d’analyse et un comité d’investissement pour une PME qui souhaiterait lever 200.000€ ? Quelle société d’affacturage pourrait répondre à une demande ponctuelle de 50.000€ en 48h ? Les petites entreprises n’avaient jusqu’à présent que très peu d’outils à leur disposition, alors que la finance est l’un des secteurs les plus inventifs où la consommation des technologies et des systèmes d’information est la plus importante, mais ces moyens ne sont alloués qu’aux marchés et aux très grandes entreprises. C’est pourquoi les Fintechs ont comblé ce vide, elles ont adressé des solutions à un marché non couvert par les acteurs traditionnels en apportant aux petites entreprises des outils concrets, simples et efficaces.
Il est généralement coutume de penser que les entreprises faisant appel au crowdfunding ne sont pas bankable. Or, la très grande majorité des entreprises qui sont visibles sur des plateformes de crowdfunding ont déjà des crédits bancaires en place, le crowdfunding étant un outil complémentaire, un levier supplémentaire sollicité pour diverses raisons.
- Réactivité et rapidité d’exécution
Ce que les banques peuvent offrir en 2 à 4 mois, les plateformes de crowdfunding peuvent le délivrer en moins d’un mois voire en moins d’une semaine. Le time to market pour les entreprises est un enjeu majeur, les délais de financement doivent suivre les rythmes de décisions stratégiques des entreprises.
Les entreprises sont prêtes à payer un taux d’intérêt plus élevé si le financement participatif leur offre rapidité d’exécution mais également simplicité, efficacité et visibilité.
- Simplicité : le crowdfunding comme outil de financement agile
Beaucoup de chefs d’entreprise se voient demander par les banques des cautions personnelles, des nantissements sur actifs, des garanties particulières, des conditions restrictives ou alors le chargé de compte a été muté, l’entreprise doit reprendre l’historique de la société, ou le comité des risques a de nombreuses remarques et tarde à donner une réponse formelle, ou le banquier traditionnel n’a pas les outils et les procédures adéquates pour analyser une entreprise innovante, il n’a pas de comparable dans son portefeuille clients pour présenter le dossier à son comité des risques, ou encore la complexité du dossier requiert un transfert à un centre d’affaires spécifique… autant d’exemples que de complications auxquelles sont souvent confrontés les chefs d’entreprise. Les plateformes de crowdfunding sont quant à elles capables d’adresser un interlocuteur unique, d’être réactives et de mettre en place des opérations fluides dans un souci de simplicité et d’agilité rendues possibles par une optimisation des processus de traitement des demandes et des moyens technologiques.
- Efficacité : les entreprises ont des projets, leur financement ne doit pas être un obstacle
En octroyant des crédits, les banques n’ont pas vocation à prendre de risques, elles ont pour métier de neutraliser le risque par l’arbitrage des allocations de crédits distribués, par la mise en place de garanties, par la sélection d’entreprises avec un historique de bilans irréprochables… l’objectif étant d’optimiser leurs ratios réglementaires de RORWA (return on risk weighted assets ie. indicateur de performance des banques en matière de rendement des prêts pondéré du risque). Le crédit aux entreprises est en effet un produit d’appel, un moyen d’entrer en relation avec un prospect ou de ne pas perdre une relation avec un client. La finalité étant de générer des marges sur d’autres services plus rémunérateurs et qui présentent un risque faible voire nul (paiements, flux, gestion, placements, conseil etc.).
Les objectifs des entreprises et des banques peuvent alors être contradictoires : les premières souhaitent emprunter pour financer leur croissance, elles prennent donc un risque de réussite, les secondes veulent minimiser le risque en décidant d’octroyer un crédit « sans risque » (à moins de 3% en moyenne sur la base de la courbe des taux actuels) ou tout simplement en refusant d’octroyer ledit crédit car évalué comme risqué. En effet, le choix des banques est binaire : soit elles accordent un crédit car elles neutralisent le risque, le taux d’intérêt alloué est alors faible, soit elles refusent d’accorder le crédit car elles n’ont pas la capacité ni la volonté de prendre un risque en contrepartie d’une hausse significative du taux d’intérêt. Il n’existe donc pas de situation intermédiaire.
Les plateformes de crowdfunding sont quant à elles plus granulaires dans leur approche, elles couvrent le marché du crédit généralement compris entre 6% et 10% d’intérêts, taux qui rémunère le risque pris par les prêteurs individuels. Il y a donc une volonté d’efficacité demandée par les entreprises, à chaque stade de leur développement (ex : période difficile, période stable, période de transformation, développement, forte croissance…), pour chaque objet de financement (ex : financement des recrutements, du développement commercial, de la R&D, financement d’un projet classique, d’un projet novateur …) et pour chaque finalité (ex : nouveau marché, marché BtoB, BtoC, marché traditionnel, marché international…), il existe un niveau de risque différent qui doit se traduire par un taux d’intérêt différent.
Les banques sont sur le créneau du « zéro risque » à moins de 2-3% d’intérêts, certaines structures très spécifiques sont sur le créneau du high-yield à plus de 10-15% d’intérêts, les plateformes de crowdfunding répondent quant à elles au marché intermédiaire, dans un souci d’apporter aux entreprises une réponse efficace à tous leurs besoins sans pour autant sélectionner des dossiers où les risques seraient évalués comme trop importants.
- Visibilité : les entreprises profitent aussi d’une campagne de crowdfunding pour gagner en visibilité
En plus d’un financement, les entreprises peuvent bénéficier d’une notoriété accrue, les campagnes étant souvent relayées sur les réseaux sociaux et dans la presse. Les contributeurs sont de leur côté des clients ou des ambassadeurs potentiels qui n’hésitent pas à relayer l’information sur une marque, un projet, un produit ou un service qu’une entreprise aurait décidé de mettre en avant. Les contributeurs diffusent ainsi un message positif, le crowdfunding devient alors un moyen de communication efficace et même parfois viral.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits