Secoués par l’explosion de la bulle internet, essorés par la crise des subprimes en 2007, les actionnaires ont fui les marchés. En 15 ans, le nombre d’actionnaires individuels a été divisé par deux, passant de 7,4 millions à 3,3 millions. Mais si les français, notamment les plus jeunes, la génération Y, boudent la bourse, ce serait surtout à cause de la fiscalité qui pèse sur les actions.
Tous actionnaires ! Souvenez-vous, les années 80 ! Michael Douglas, le roi de Wall Street… L’époque de Jean-Pierre Gaillard, le grognard du palais Brongniart, « en direct de la bourse de Paris », tous les jours à la radio. La France vibrait au son de la corbeille. A l’affût des bonnes affaires et de l’argent facile. Avec près de 10 millions d’actionnaires individuels, les français étaient définitivement convertis à la Bourse !
Las ! Secoués par l’explosion de la bulle internet, essorés par la crise des subprimes en 2007, les actionnaires ont fui les marchés. Entre 2000 et 2015, le nombre d’actionnaires individuels a été divisé par deux, passant de 7,4 millions à 3,3 millions, faisant chuter à 10 % la part des personnes physiques au capital des sociétés (contre un tiers à la fin des années 80). Pis, ils ne sont plus que 6,8 % à avoir un PEA, un plan d’épargne en actions, et seulement 2,5 % à détenir un fonds investi en actions. C’est trois fois moins qu’en 2008.
Pour l’Ansa, l’Association nationale des sociétés par actions, le coupable est tout désigné : la fiscalité, trop lourde, qui pèse sur la bourse. Les prélèvements fiscaux et sociaux sur les dividendes sont ainsi passés de 39,4% en 1995 à 59,1% en 2015 pour le contribuable. En 25 ans (de 1991 à 2016) les prélèvements sociaux ont été multipliés par 13.
Résultat : les 4 258 milliards d’euros d’épargne des Français n’étaient dirigés qu’à 13 % sur les titres cotés contre 37 % sur l’assurance-vie (investie encore massivement aujourd’hui sur des supports monétaires), 15 % sur les livrets d’épargne réglementée et 16 % sur les dépôts à vue.
Du coup, l’Ansa profite de la campagne électorale pour appeler à une modification de la fiscalité sur les dividendes. Elle propose de fixer un prélèvement forfaitaire de 25 %, libératoire de l’impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux sur le modèle de ce qui se réalise ailleurs en Europe. « Un prélèvement forfaitaire de 25 % devrait également être appliqué sur plus-values mobilières (incluant les prélèvement sociaux) » ajoute l’Ansa, « pour les titres détenus depuis moins de cinq ans, suivi d’une baisse progressive de l’imposition pour favoriser la stabilité actionnariale (0 % au-delà de 10 ans) ». L’Ansa préconise également d’unifier les charges des entreprises sur l’actionnariat salarié à 8 % et de créer un Plan épargne en actions Jeune dès 16 ans.
Pas sûr que cela suffise à convaincre les nouvelles générations ! Selon une étude récente, la génération Y, les jeunes nés après l’an 2000, veut bien investir en bourse mais à condition que cela rapporte plus de 10 % par an ! Et ils ne veulent pas prendre de risque ! Pour eux, un investissement à long terme, c’est… deux ans.
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