Le « roi Bitcoin » continue son irrésistible ascension comme en attestent ses premiers pas réussis à la Bourse de Chicago. Les premiers contrats à terme sur la cryptomonnaie, lancés dimanche à 23h00 sur le CBOE Futures Exchange de Chicago, ont ouvert sur un gain de plus de 20%.
Un lancement sans tambour ni trompette qui fait désormais du Bitcoin un actif comme un autre que l’on peut échanger, au même titre que l’or, le dollar ou le pétrole. Une manière pour la cryptomonnaie de « rentrer dans le rang » et de s’acheter une conduite ? Rien n’est moins sûr, mais toujours est-il qu’il est désormais possible de prévoir aujourd’hui à quel prix on achètera le Bitcoin dans un certain temps, et donc de parier sur son évolution. Ainsi, le Chicago board options exchange (CBOE), une des deux plateformes boursières américaines de contrats à terme, estime qu’un Bitcoin vaudra 17 310 dollars au 17 janvier 2018, soit un peu plus de 1000 dollars que sa valeur actuelle. Mais cette institutionnalisation à marche forcée va-t-elle faire perdre au Bitcoin son attractivité ?
« Ces monnaies virtuelles suscitent la défiance de tout ce qui est organisé et régulé. Le paradigme de base des cryptocurrencies est justement celui-ci : moins de centralisation, moins de régulation et plus de pouvoir entre les mains des utilisateurs », soulignait dans nos colonnes Jean-David Benichou, PDG de Via.io et spécialiste de la question. Mais cette reconnaissance (tardive), sans dissiper tous les doutes, serait néanmoins de nature à apaiser les craintes des investisseurs professionnels qui craignent la formation d’une bulle qui, par définition, ne tarderait pas à éclater. Même de prestigieuses institutions financières, comme la BCE, se sont emparées du « dossier Bitcoin », et ont fait montre de pédagogie, estimant que la cryptomonnaie ne représentait pas un « danger macroéconomique ».
Pas de « risque macroéconomique »
Ainsi, Benoît Cœuré, membre du directoire de la Banque Centrale Européenne (BCE) et par ailleurs responsable de la surveillance des systèmes de paiement au sein de l’institution de Francfort, estime que l’éclatement de la « bulle Bitcoin » aurait des effets limités. « Si quelqu’un achète du Bitcoin et perd son argent, à la limite c’est son problème », a-t-il déclaré, dans des propos relayés par Reuters, lors d’une rencontre avec des journalistes à Paris pour présenter la quatrième édition d’un ouvrage collectif sur la politique économique. « La question c’est : quel est le dommage qu’il inflige à la société, ou est-ce que ça peut créer un phénomène de contagion, de panique ? », a-t-il ajouté en référence au risque que les détenteurs de Bitcoins et ceux qui leur ont prêté de l’argent pour en acheter cessent de financer l’économie.
Pour en revenir à « l’événement du jour » et l’arrivée du Bitcoin à la Bourse de Chicago, la CBOE affirme avoir mis en place une série d’instruments pour éviter les « fluctuations folles » dont la cryptomonnaie est pourtant coutumière. Ainsi, les échanges seront suspendus pendant deux minutes si les prix des produits augmentent ou chutent soudain de 10%. L’arrêt sera de cinq minutes si les mouvements à la hausse ou à la baisse atteignent 20%. Pour rappel, depuis le début de l’année, le Bitcoin s’est envolé de plus de 1 400%. « Je détiens, à titre personnel, des Bitcoins depuis 2012 et j’ai connu des mouvements particulièrement brutaux sur l’évolution du cours. En revanche, je ne crois pas du tout que le Bitcoin est voué à disparaître, je pense même qu’il est destiné à remplacer l’or », développait Jean-David Bénichou lorsqu’on évoquait les variations de la cryptomonnaie.
La méfiance reste de mise
Mais en dépit de toutes ces mesures de « protection », le monde de la finance institutionnelle reste particulièrement méfiant. JPMorgan, Bank of America Merrill Lynch, Citigroup et Barclays ont d’ores et déjà confirmé qu’ils ne joueraient pas les intermédiaires ce dimanche pour leurs clients (sociétés d’investissements, de capital-investissement, etc) voulant investir dans les produits Bitcoin, selon des sources proches du dossier citées par l’AFP. Tandis que Morgan Stanley et Société Générale « étudient encore la question », selon des sources distinctes. Seules les banques Goldman Sachs et le néerlandais ABN Amro ont accepté de jouer les interfaces pour un nombre de clients triés sur le volet afin de minimiser les risques attachés à la volatilité du Bitcoin qui continue, malgré tout, de susciter le débat.
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