Jeremy Blackwell, vous êtes le banquier privé de la tech, des investisseurs privés, top influenceur LinkedIn… c’est un parcours impressionnant. Qu’est-ce qui vous anime au quotidien ?
Jeremy Blackwell : Merci pour cette présentation élogieuse. Je tiens à préciser que j’accompagne effectivement de nombreux entrepreneurs ou dirigeants dans la Tech, mais pas seulement : je conseille également quelques CEO ou fondateurs de grands groupes non-Tech. J’ai la chance de pouvoir choisir mes clients, et je ne me fixe aucune limite.
Ce qui m’anime, que ce soit dans mon travail en gestion de fortune, ou dans mes activités de business angel, c’est de prendre du plaisir à ce que je fais. Je rencontre tous les jours des personnes extraordinaires, bien plus intelligentes que moi ! J’aime apprendre d’eux et les aider autant que je le peux, soit en leur transmettant mon expertise, soit en leur apportant mon réseau et en leur ouvrant des portes. Cela me réjouit de leur faire gagner du temps ou de l’argent, et encore plus quand je permets à deux personnes de se rencontrer et qu’elles font de belles choses ensemble.
D’où vous vient cette passion pour la finance ?
J. B. : Je suis passionné par la bourse depuis mes 10 ans, et j’ai commencé à y investir à 12 ans. C’est difficile de dire précisément d’où ça vient, mais mon père, qui a travaillé dans l’agroalimentaire en Normandie avant d’ouvrir une petite agence immobilière à Levallois, était le seul de la famille à s’intéresser à la bourse, et il m’en parlait régulièrement, comme à un grand, et achetait la presse économique (Les Échos, Investisseurs), que je dévorais. Donc c’est certainement grâce à lui. Par ailleurs, je suis très curieux, et quand un sujet m’intéresse (et il y en a beaucoup d’autres), je creuse à fond. C’était comme un jeu pour moi. Un jeu très stimulant et qui en plus permettait de gagner de l’argent rapidement et à moindre effort. J’étais fasciné à la fois par le comportement des investisseurs et par ces hommes qui créent des sociétés, décident d’une stratégie à suivre, font des acquisitions…
Pourquoi cet amour de la tech et des entrepreneurs ?
J. B. : J’ai toujours eu énormément de respect et d’admiration pour les entrepreneurs. Peut-être parce que je n’ai moi-même encore jamais eu le courage de me lancer. Et j’ai toujours été fasciné par les succès rapides ou précoces. C’est pour ces deux raisons que j’ai commencé à m’intéresser au business de la tech (je précise bien au business car je ne suis pas du tout geek !), et aussi parce que j’ai investi en bourse dans de nombreuses valeurs tech (Amazon, Apple, Alibaba, Tencent, Tesla par exemple), puis, assez naturellement, dans les startups, en lisant par exemple tous les jours des sites comme TechCrunch. J’ai ensuite commencé à investir dans des startups à 25 ans et suis aujourd’hui Business Angel dans une quarantaine de startups.
Quel regard portez-vous sur la situation économique actuelle ?
J. B. : Dans le monde, je dirais qu’il y a autant de sujets d’inquiétudes que de sujets porteurs d’espoir. Je suis assez inquiet de la situation de la Chine, qui fait selon moi face à des problèmes plus profonds qu’on ne le pense : problème de la dette insoutenable, de la démographie déclinante, de l’après-covid, avec probablement des séquelles psychologiques sous-estimées.
Au niveau des sujets porteurs d’espoir, il y a au contraire l’envol de l’Inde, qui pourrait remplacer la Chine pour tirer la croissance mondiale, ou le développement de l’IA, qui va, j’en suis sûr, améliorer globalement nos conditions de vie (santé), notre productivité et créer des emplois. En France, je pense qu’on a un vrai changement des mentalités, plus entrepreneuriales désormais, et de nombreux atouts, malgré la période inflationniste compliquée actuellement, mais qui devrait bientôt toucher à sa fin.
Enfin, concernant plus spécifiquement la tech, je n’aime pas dire cela, mais je pense qu’on va souffrir jusqu’à fin 2024, avec beaucoup de casse l’an prochain, notamment avec de belles sociétés qui n’arriveront pas à lever, le marché devenant de plus en plus exigeant, surtout à partir de la série A. Pour ce qui est du Seed, qui est plus mon terrain de jeu, comme de nombreux fonds qui investissent habituellement en série A, B, C ou D s’y mettent afin de tenter de booster leur rendement moyen (et masquer ainsi quelques casseroles), cela devrait un peu mieux se passer.
Vous êtes un véritable « dénicheur de talents », comment parvenez-vous à identifier le potentiel d’un jeune entrepreneur ?
J. B. : J’aime les gens, et je pense globalement assez bien et rapidement les percer à jour. Il y a certaines questions que j’aime bien poser, mais je n’ai aucune méthode. Cela fonctionne donc en grande partie au feeling, et bien sûr je me trompe parfois, notamment parce que je me décide en 30 minutes, mais avec l’expérience (une quarantaine d’investissements réalisés), j’apprends. Si vous misez sur un entrepreneur qui est intelligent, qui a déjà vécu de nombreuses galères en s’en sortant, qui est passionné par ce qu’il fait, qui sait le vendre et qui est animé d’un but / d’une mission qui n’est pas seulement de faire fortune le plus vite possible, vous réduisez considérablement les chances de vous planter. Et si en plus il vend un bon produit, alors vous pouvez y aller, toujours en diversifiant vos investissements.
Quels seraient les 3 conseils financiers de base que vous donneriez à nos lecteurs ?
1. Commencez à investir le plus tôt possible : J’ai acheté mes premières actions à l’âge de 12 ans, notamment France Télécom et Amazon. Mon premier investissement locatif a eu lieu à 18 ans, et j’ai réalisé mon premier investissement en startup à l’âge de 25 ans.
2. Diversifiez, comme je viens de le dire : diversifiez vos investissements par classes d’actifs et dans le temps, en investissant régulièrement. On parle de lissage de l’investissement.
3. N’investissez que l’argent qui n’est pas essentiel pour vous, et contrôlez votre risque, notamment en utilisant des ordres stop loss en bourse.
Quels sont vos projets actuels et en cours ?
J. B. : Sur le plan professionnel, j’ai rejoint la Banque Privée Hottinguer en mars dernier en tant que Directeur / Gérant de Fortune. Je continue à choisir soigneusement de nouveaux clients que j’ai à cœur d’accompagner à long terme. Cependant, ma disponibilité est limitée, et je prévois de n’accueillir bientôt que 3 ou 4 nouveaux clients par an au maximum, pour maintenir un niveau d’excellence de service, avec une forte proactivité et des relations humaines de haute qualité.
Du point de vue de mes investissements, je m’intéresse actuellement à une variété de sujets, notamment l’éducation financière des jeunes (j’ai récemment investi dans Money Walkie), le marché de la seconde main et l’authentification (je siège au conseil d’administration et j’ai investi dans 58 Facettes et Jaylo), la digitalisation de l’immobilier (Kastel.co, qui facilite l’accès à l’immobilier haut de gamme pour tous, ou Konkrete, qui simplifie le financement de projets immobiliers en faisant le lien avec le monde de la crypto), ainsi que les possibilités offertes par la blockchain, en particulier avec Dowsers. Cette startup, que j’accompagne depuis ses débuts, permet grâce à une technologie française, notamment utilisée par la SNCF, de trier parmi les millions de cryptos, NFTs et tokens existants en analysant automatiquement des dizaines de milliers de « smart contracts ».
Enfin, sur le plan personnel, je cherche également à me challenger sur le plan sportif. Je me suis inscrit aux 20 km de Paris, qui auront lieu le 8 octobre, et au semi-marathon de Boulogne, qui aura lieu le 26 novembre.
Chaque fois que j’ai un moment, je cours, en général en écoutant des épisodes de « Generation Do It Yourself » de Matthieu Stefani ou de « Tech 45 » de Sébastien Couasnon, deux personnes que j’apprécie beaucoup et que j’ai eu la chance de rencontrer.
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