Soulagés par l’accession au second tour d’Emmanuel Macron, où il sera opposé à Marine Le Pen, les investisseurs ont profité de cette semaine « post-élection » pour reprendre des forces avant le second tour et un nouveau cycle électoral dans le reste de l’Europe.
Libéré(s), délivré(s) ! Ce « cri du cœur », bien connu des aficionados de Disney et de la Reine des Neiges, n’a jamais semblé autant en adéquation avec l’attitude des marchés actions européens cette semaine, notamment ce lundi où les investisseurs ont relâché la pression accumulée depuis de nombreuses semaines. Pression qui a atteint son paroxysme dans la dernière ligne droite avec la perspective d’un second tour Marine Le Pen / Jean-Luc Mélenchon, faisant résolument office d’épouvantail pour les marchés actions européens. Mais finalement, comme prévu par les sondages et une kyrielle d’enquêtes d’opinion, c’est le fondateur d’En Marche!, Emmanuel Macron, qui sera chargé de porter l’estocade à la présidente frontiste pour le plus grand bonheur des opérateurs. Sauf cataclysme et en dépit d’un début de campagne de second tour résolument poussif, Emmanuel Macron, en vertu des ralliements de ses principaux opposants, devrait être sacré président de la République le 7 mai prochain. Ce scénario, qui écarte a priori une victoire des partisans d’un « Frexit », est donc, comme évoqué en préambule, salué par l’ensemble des marchés boursiers du Vieux Continent.
Ainsi, sur la seule séance de lundi, la première suivant le verdict des urnes, le CAC 40 a décollé de 4,14% (+4,11% sur l’ensemble de la semaine à 5 267,33 points), ce qui a permis de dégager l’horizon obstrué des analystes, à cause de l’incertitude pesant sur le scrutin. « Nos perspectives pour les actions européennes sont positives, et nous pensons que la baisse du risque politique favorisera un regain d’attention pour la croissance qui s’améliore dans la région. L’Europe devrait bénéficier de la reflation à l’œuvre à l’échelle internationale et les secteurs cycliques présentent des valorisations attrayantes », déclare le gestionnaire d’actifs Black Rock. Ce dernier prévoit également un resserrement du spread – écart de rendement, en jargon financier – entre les obligations françaises et le Bund allemand. Ce qui s’est, en effet, produit cette semaine.
Soulagement à tous les étages
Ainsi, l’euro, qui évoluait autour de 1,07 avant le premier tour dimanche, a grimpé à plus de 1,09 dollar et l’écart de rendement entre l’OAT française à 10 ans et le Bund allemand de même échéance est tombé de 75 à 45 points de base. Signe d’une véritable « tendance de fond », comme évoqué par Reuters, les marchés d’actions européens sont parvenus à conserver leurs gains acquis lundi tout au long des derniers jours et devraient signer leur meilleure performance hebdomadaire depuis la semaine du 9 décembre 2016 (+5,19% pour le CAC 40 cette semaine-là). Avec sa progression de 4,14% ce lundi, le CAC 40 a également renoué avec ses plus hauts depuis la crise financière.
Certains analystes, n’hésitant pas à faire le parallèle avec la victoire de Donald Trump, préconise néanmoins de faire montre d’une certaine prudence dans les derniers jours de campagne. En effet, selon Brandywine Global cité par Reuters, la course entre les deux candidats, qui ferrailleront ce mercredi soir pour le traditionnel débat de l’entre-deux tours, « pourrait être serrée, car la qualification de Marine Le Pen traduit le populisme profondément ancré en province ». Pour rappel, la présidente frontiste est arrivé en tête au premier tour dans plus de 19 000 communes quand l’ancien ministre de l’Economie a terminé en première position dans « seulement » plus de 7 000.
Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis, Italie au menu
Une fois la présidentielle française « digérée », les investisseurs ont un menu particulièrement copieux qui les attend. Premier de cordée : les Etats-Unis où la politique de Donald Trump peine à imposer ses « effets ». Le pays a ainsi connu au premier trimestre – le premier de l’ère Trump – sa croissance économique la plus faible en trois ans (+0,7%) là où les économistes interrogés par Reuters attendaient 1,2%. Ce qui interroge sur la capacité de Trump à « rendre sa grandeur à l’Amérique » comme clamé à hue et à dia.
Les élections législatives du Royaume-Uni, au mois de juin, comme celles qui se tiendront en Allemagne à l’automne, seront également particulièrement scrutées par les investisseurs. Avant 2018, et les élections italiennes, prévues en l’état en 2018, qui pourraient voir ressurgir le spectre des populismes et ainsi attiser la crainte des marchés, comme ce fut le cas en France avec la montée en puissance de Jean-Luc Mélenchon. L’accalmie sera donc de courte durée pour les investisseurs.
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