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Où Va Le Pétrole ? 100$ Ou 20$ ?

Depuis quelques semaines le pétrole envoie des signaux assez discordants : les chiffres économiques sont globalement bons un peu partout dans le monde, ce qui militerait pour un prix du baril largement au-dessus de 50$ mais il n’en n’est rien. Le Baril de pétrole (WTI américain) évolue plutôt sous les 45$. Toutes les tentatives de rebond ont avorté plus ou moins rapidement.

L’OPEP a pourtant prolongé l’accord de réduction de la production signé en décembre dernier mais cela ne suffit pas à faire repartir le cours du pétrole vers le haut. Le marché pense que les producteurs américains compenseront largement cette baisse de l’offre venant des pays producteurs de l’OPEP avec leur production de pétrole de schiste. Pour les professionnels du pétrole, les prix du baril devraient être orientés à la baisse. Andy Hall par exemple, responsable du Hedge Fund Astenbeck, une des stars de la profession, est devenu résolument baissier sur les cours du pétrole. Il estime en effet que l’OPEP n’en n’a pas fait assez pour réduire la production et surtout pour empêcher les exportations de continuer sur le même rythme qu’avant les réductions de production… De ce fait, les producteurs américains se ruent pour profiter du moindre rebond du prix du pétrole !

Il y a quelques mois, les prix de revient de la production de pétrole de schiste se situaient largement au-dessus de 50$. Il n’en est rien aujourd’hui : d’énormes efforts de productivité ont eu lieu et désormais les producteurs américains sont rentables au-dessus de 45$. De plus, les taux restant finalement assez bas, les producteurs américains trouvent aisément tous les financements dont ils pourraient avoir besoin. Pour M.Hall, la volonté de l’OPEP de revenir à un pétrole au-dessus de 60$ va se heurter aux surcapacités actuelles et au potentiel de la production américaine.

Force est de constater que « l’argent facile » disponible à Wall Street permet aux producteurs d’augmenter leur production sans trop se soucier des fluctuations à court-terme des cours du pétrole. Depuis avril les cours du pétrole ont baissé de 13% et dans le même temps 100 puits ont été mis en production entre l’Oklahoma et le Dakota.
Sur les 18 derniers mois, plus de 57 milliards de Dollars ont été injectés dans le secteur du pétrole ! Tant que le baril se situait au-dessus de 50$, le mot d’ordre était : il faut augmenter la production pour profiter de la fenêtre ouverte par l’OPEP en termes de prix ! Désormais, des voix s’élèvent du côté de ces financeurs pour réclamer un retour sur investissement… impossible sur les niveaux actuels. Il est clair que si les prix du baril de WTI revenaient flirter vers 40$, les sociétés ayant amené du cash ou de la dette dans des sociétés pétrolières demanderaient de lever le pied sur la production.

Les protagonistes du bras de fer en cours sur le pétrole sont donc bien identifiés :

– Les pays producteurs sont liés par l’accord de réduction de production mais des pays comme la Lybie, le Nigéria ou l’Iran continuent d’approvisionner le marché.
– Les producteurs américains inondent le marché de pétrole de schiste tant que le pétrole tient au-dessus de 43/45$ le baril.
– Les spéculateurs jouent le pétrole à la baisse pour profiter de l’excès d’offre.

Il est probable dans ce contexte qu’un test des 40$ soit tenté dans les prochaines semaines. Les producteurs américains seront alors amenés à réduire la voilure… Tout l’enjeu sera alors de voir comment réagiront les investisseurs qui ont amené les 50-60Milliards de $ quand ils comprendront que le retour sur investissement n’aura pas lieu avant plusieurs mois !

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