L’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et les pays non membres du cartel avec en tête de gondole la Russie, ont prolongé de neuf mois, jusqu’en mars 2018, l’accord de réduction de la production en vigueur depuis le début de l’année. Au grand désarroi des marchés.
Si l’issue de la réunion de jeudi à Vienne entre les différents pays exportateurs de pétrole avait déjà été largement anticipé par les marchés, ces derniers n’ont pas, pour autant, masqué leur déception de voir ce fameux accord de réduction de production prorogé de neuf mois, en l’occurrence jusqu’au mois de mars 2017. Dans le détail, cette réduction de 1,8 million de barils par jour (bpj), soit l’équivalent de 2% environ de la production mondiale, avait été calculée par rapport aux extractions d’octobre 2016, ce qui équivaut peu ou prou à 31 millions de bpj. Conséquence immédiate : dans la foulée du « rendez-vous » de Vienne, le baril de Brent de la mer de la Mer du Nord a décroché de 4,6% avant de se « reprendre » aujourd’hui, et endiguer sa chute ne perdant « que » 0,80% en début d’après-midi ce vendredi à 50,92 dollars.
Comme rappelé par Reuters, les mesures de réduction de la production ont permis au cours du brut de repasser la barre des 50 dollars, afin d’offrir davantage de manœuvre budgétaire aux pays producteurs, dont bon nombre sont particulièrement tributaire de la rente pétrolière et qui ont dû, à l’image de l’Arabie saoudite, puiser dans leurs réserves de change pour combler leur déficit budgétaire. A l’époque – en fin d’année 2016 – cet accord qualifié « d’historique » avait fait grimper le cours du baril, les investisseurs voyant s’arrêter la course aux extractions que l’Opep menait avec les producteurs américains de pétrole de schiste d’un côté et avec la Russie de l’autre, l’un des poids lourds du secteur qui a finalement rallié la politique des quotas.
Un accord mi-figue mi-raisin
Dans ce contexte, la prolongation de l’accord semble faire consensus – en dépit de résultats peu éblouissants, les réserves de brut mondial restant à des niveaux assez élevés-, mais cet accord pourrait, à moyen terme, « coûter des parts de marché au cartel et à ses partenaires », comme le souligne notre contributeur Christophe Barraud, chef économiste et stratégiste chez Market Securities. « L’OPEP et ses alliés sont sans conteste dans une situation délicate face à des producteurs américains de plus en plus agressifs mais la menace pourrait également venir d’ailleurs ».
Et de dresser le panorama des « forces en présence ». « La production libyenne, qui a récemment atteint son plus haut niveau depuis décembre 2014, pourrait continuer d’accélérer suite à l’accord politique récent trouvé au sein du pays. En parallèle, le Nigéria (également exempté de l’accord) aurait significativement augmenté sa production en mai à 2 millions de b/j tandis que l’ran est susceptible de faire cavalier seul », souligne Christophe Barraud.
TechnipFMC et Total dans les tréfonds du CAC 40
Comme évoqué en préambule, les marchés n’ont guère apprécié le manque d’allant de l’OPEP de proposer des solutions alternatives et autres mesures ambitieuses pour soutenir le cours de l’or noir. Fort de ce postulat, l’indice européen Stoxx 600 pour le pétrole-gaz accusait en milieu d’après-midi ce vendredi la plus importante baisse sectorielle (-1,09%) devançant même les bancaires (-1,05%). Aucune surprise de voir, au regard de tous ces éléments, le parapétrolier TechnipFMC (-4,50%) et dans une moindre mesure Total (-1,07%) se retrouver dans les abysses du CAC 40.
Au regard de sa position de seconde – derrière LVMH- plus grosse capitalisation de l’indice, la compagnie pétrolière française tire tout le CAC 40 vers le bas. Invité à réagir sur la décision de l’OPEP, le PDG du groupe, Patrick Pouyanné, n’a pas masqué sa satisfaction. « C’était une bonne décision. C’était bien car cela va au-delà de six mois et donne de la visibilité jusqu’en 2018, et ne fait pas tout dépendre de la prochaine réunion de l’Opep le 30 novembre ». Ajoutant tout de même. « Cependant comme toujours, l’inconnue demeure la production américaine ».
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