Après deux sorties ces dernières semaines, Jobijoba vendu à HelloWork et MonBento à Peugeot Frères Industries, Newfund vient de boucler son deuxième fonds early stage à hauteur de 130 millions d’euros. Avec des spécificités uniques.
« J’apprécie deux choses chez Newfund : leur process pour traiter le deal-flow et leur connaissance des entrepreneurs, même si le métier d’investisseur est bien différent de celui de l’entrepreneur » dixit Xavier Caïtucoli, PDG et co-fondateur de Direct Energie, dont Total vient d’acquérir 74% pour 1,4 milliard d’euros. A l’occasion du lancement de leur deuxième fonds de 130 millions d’euros dédié à l’early stage, le patron de Direct Energie célèbre aussi 10 ans de collaboration avec les co-fondateurs de Newfund, qui avaient investi à l’époque dans sa start-up.
Les trois différences de Newfund2 : 100% early Stage, France-Etats-Unis, financé par des entrepreneurs
Au-delà des 13 sorties réalisées en 10 ans (avec un multiple de 3 selon le fondateur François Véron), avec des noms comme Allociné, Mille et Une liste ou encore Medtech, Newfund a aussi pu convaincre par d’autres aspects pour boucler son deuxième fonds.
Premier élément, l’engagement des gérants. L’équipe a investi ses propres fonds, à hauteur de 15 millions soit 12% des souscriptions. « Face à une décision d’investissement, on se pose la question : suis-je prêt à mettre mon argent dans cette société » témoigne François Véron.
Le deuxième élément est le profil des investisseurs : ce sont, pour plus de 90% d’entre eux, des entrepreneurs. « C’est une mécanique de confiance, celle du capitalisme entrepreneurial » explique François Véron. Sur le total de 230 millions d’euros désormais gérés par Newfund, 219 millions proviennent d’entrepreneurs. « Nous sommes la plus grande réunion d’entrepreneurs dans un fonds français d’early stage » revendique Newfund.
Le troisième élément de différenciation réside dans l’ADN transatlantique du fonds. Henri Deshays, basé à San Francisco et co-fondateur de l’incubateur StartX de Stanford, a rejoint l’équipe de gestion l’an dernier. Avec Newfund2, 25% des investissements sont réalisés aux Etats-Unis, dans des start-up comme AirCall ou encore Zinier. Les Français ne se positionnent cependant pas en concurrence avec les 800 VC américains. L’aventure américaine leur apporte notamment trois choses : du rendement, de l’aide au développement international des start-up ainsi que l’apprentissage des meilleures pratiques du métier d’investisseur. Pour les entreprises tentées par l’étranger, il y a aussi la communauté French Tech. « Cet écosystème est fort utile quand un entrepreneur débarque en Californie par exemple, explique Henri Deshays, mais certains cèdent parfois à la facilité et ne progressent pas en anglais… avant de devoir rentrer en France au bout de quelques mois. »
Une vision de l’early stage en Europe
A la différence des Etats-Unis, où les sorties vers les marchés boursiers sont légion, les entrepreneurs européens ont bien plus d’opportunités de rachat avec les entreprises établies. Les groupes familiaux et leur vision de long terme se distinguent notamment dans ces acquisitions, visant à internaliser des innovations pour garantir leur pérennité. Le rachat des parts de Newfund dans MonBento par une entité dépendante de la famille Peugeot illustre ce constat.
Newfund reste aussi focalisé sur le segment de l’early stage pour d’autres raisons, ce segment étant un peu moins prisé que les autres. « La croissance annuelle de 113% des investissements en série B et de 80% en série C traduit l’engagement et la vision industrielle de la BPI »selon François Véron, quand l’early stage n’affiche une progression que de 6% selon le baromètre EY. Autant rester à l’écart de ce que certains pourraient qualifier de bulle.
Une diversité de profils et de projets financés
Qui dont peut frapper à la porte de Newfund ? Des entrepreneurs à la recherche de financements entre 500,000 euros et 2 millions d’euros pour un premier tour de table. Pour le reste la personnalité fera l’affaire. Pas de profil type d’entrepreneur chez Newfund. 40% des investissements sont réalisés hors de l’Ile de France, les secteurs d’activité vont des aires pour camping-cars (Camping-Car Park) aux robots médicalisés (MedTech) en passant par la téléphonie (AirCall et Zinier). Tout ce petit monde se retrouve une fois par an lors du « CEO day » organisé par le fonds. Ce qui crée des synergies improbables, comme la rencontre d’une plateforme digitale pour salons de coiffure (FlexyBeauty) avec des vérandas en bois (Greenkub) pour échanger sur l’acquisition de clients sur le digital. La richesse naît parfois de la diversité.
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