La plus vieille banque du monde en activité, dont les besoins en fonds propres ont été estimés à 8,8 milliards d’euros par la BCE, devrait donc être renflouée par l’Etat italien et devenir ainsi, selon les propres dires du ministre de l’économie, une banque « hyper-capitalisée ».
Monument en péril. Le sauvetage de la troisième banque transalpine en volume de prêts devrait être plus onéreux que prévu pour l’Etat italien. En effet, la banque centrale européenne a estimé lundi que le besoin en fonds propres de l’établissement s’élevait à 8,8 milliards d’euros, soit près de 4 milliards de plus que les cinq milliards initialement annoncés. Une estimation qui ne peut être contestée, selon Pier Carlo Padoan, ministre de l’Economie italien…même si ce dernier souligne « qu’il aurait été utile, sinon aimable que la banque centrale fournisse plus de précisions sur les critères utilisés pour aboutir à cette nouvelle estimation ».
Dans le détail, Rome devrait ainsi injecter 6,5 milliards d’euros, ce qui lui permettrait de porter sa participation à hauteur de 70 %. Les 2,3 milliards d’euros restants devraient être comblés par les investisseurs institutionnels qui détiennent des obligations non garanties de Monte dei Paschi. En outre, le ministre de l’Economie a entretenu le flou sur un retour prochain de la banque sur les marchés, après la suspension de sa cotation, se bornant à déclarer que celle-ci devrait reprendre « le plus rapidement possible ». La banque clôt ainsi une année cataclysmique sur le front boursier, le titre du troisième établissement transalpin ayant fondu, avant sa suspension de la cote, de près de 90% depuis le 1er janvier.
Un « exemple »…à ne pas suivre
Outre ces considérations boursières, le ministre de l’Economie a également souligné que la situation de Monte dei Paschi aura peut-être au moins « le mérite » d’éviter à d’autres grandes banques européennes de vivre pareille situation. Un « exemple » à méditer également pour l’ensemble du secteur bancaire italien. En effet, outre Monte dei Paschi di Siena, d’autres établissements transalpins en difficulté ont un besoin vital d’argent frais, notamment Banca Carige et les banques non cotées Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca.
Pour rappel, le bulletin de santé des banques italiennes est alarmant, puisqu’en effet, les 14 grands établissements du pays détiennent, à eux seuls, plus d’un tiers des créances douteuses de l’ensemble de la zone euro, soit l’équivalent de 360 milliards d’euros. A la différence de l’Espagne ou de l’Irlande, l’Italie n’était pas intervenue pour aider son secteur bancaire lors de la crise financière.
Mais la réussite de la recapitalisation ne devrait pas, pour autant, régler tous les problèmes, de nouvelles problématiques devraient surgir inévitablement, notamment en ce qui concerne la gouvernance l’établissement. Toutefois, le ministre de l’Economie a conforté la position de l’administrateur délégué, Marco Morelli qui ne devrait donc pas, sauf surprise, être remise en cause. Sous assistance respiratoire, le chemin vers la rédemption de la plus vieille banque du monde encore en activité s’annonce long et éprouvant.
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