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Marchés Émergents : La Fête Est Finie

Jusqu’à l’élection de D.Trump les choses se passaient plutôt bien. Le rebond des matières premières, pétrole surtout, avait permis aux économies émergentes de commencer à se redresser. Les économies du Brésil ou de la Russie avaient montré des signes d’amélioration. Même les économies les plus fragiles comme l’Indonésie, l’Afrique du Sud ou la Turquie ont fait de gros efforts pour améliorer leur situation financière et être ainsi moins dépendantes de financement extérieur. Cette amélioration avait largement été saluée par les investisseurs : après des années de désaffection, 2016 a marqué un retour vers les actifs émergents. Les flux ont été massifs, aussi bien sur les actions que sur les obligations.

Après l’élection de Trump le contrepied a été total :

La situation s’est inversée. Beaucoup d’investisseurs ont voulu couper leurs positions. Le 11 Novembre le choc a été violent : les obligations émergentes ont reculé de 6-7%, les actions aussi !

Le programme annoncé de D.Trump a fait monter les taux américains et le dollar. Ainsi les investisseurs ont préféré revenir sur le marché américain pour profiter d’un éventuel rebond de l’activité américaine mais aussi ont probablement craint qu’une forme de protectionnisme se mette en place. Ce serait effectivement dévastateur pour les économies exportatrices d’Asie ou d’Amérique Latine.

L’institut Allemand IFO a ainsi évalué qu’une guerre commerciale avec les Etats-Unis couterait entre 3 et 5% de PIB au Mexique. Ce qui serait catastrophique pour ce pays.

De plus, même si, ils sont moins dépendants de financement extérieur les pays émergents sont lourdement endettés en dollar. Toute hausse supplémentaire du $ rendrait leur situation financière intenable, certains pays devraient, à l’image du Mexique il y a quelques jours,  monter ses taux pour empêcher un effondrement de sa devise… ce qui pèserait sur l’activité.

Le sujet principal pour tester la volonté réelle de la nouvelle administration américaine sera la Chine. Pendant sa campagne D.Trump a clairement évoqué la Chine comme partenaire commercial à mieux contrôler. Pêle-mêle : les accords commerciaux doivent être revus, les droits de douane et la parité dollar/ yuan chinois doivent être révisés pour sauvegarder les intérêts américains enfin les « normes » diverses pénalisant les entreprises américaines doivent être rediscutées…

Pour le moment, D.Trump n’a pas été plus loin que des paroles contre la Chine… mais clairement la forte hausse du dollar ne va pas dans son sens. Comme pour le Brexit, suivant que les discussions deviendront « hard » (dures) ou « soft » (accommodantes). La situation deviendra ou non périlleuse.

En effet la Chine défendra vivement ses intérêts et a aussi quelques moyens de rétorsions. En premier lieu la Chine détient environ 1200Mds de $ de dettes américaines et pourraient facilement provoquer de fortes tensions sur les taux américains si elle en vendait massivement et ainsi rendre les discussions très compliquées.

En attendant l’évolution de la situation il est probable que le commerce mondial continue de se dégrader ce qui n’est clairement pas favorable globalement aux pays émergents.

La forte volatilité sur les changes pèse aussi sur les décisions d’investissements des agents économiques : l’incertitude sur les parités de change est toujours un frein aux projets.

Les incertitudes liées à l’élection de M.Trump sont clairement une menace pour les pays émergents, et il est fort probable que les investisseurs restent très prudents sur cette classe d’actif pour les prochaines semaines… De plus, même l’Inde, qui était un des pays offrant la meilleure visibilité en termes de croissance souffre également depuis quelques semaines : la décision gouvernementale de retirer les coupures de 500 et 1000 Roupies pour lutter contre la corruption aura un effet récessif à court terme… là aussi la patience sera de mise avant d’envisager un investissement.

 

 

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