Rendre transparente toute la chaîne économique pour les épargnants français. Tel était l’objectif initial fixé par la réforme européenne des marchés des instruments financiers (MIFID II). Une occasion parfaite de redonner aux épargnants la confiance dont ils ont besoin pour investir dans l’économie réelle. En levant le voile sur la rémunération et les frais cachés des professionnels de l’épargne qui les conseillent, et en proposant désormais des produits qui évoluent avec les projets réels des acheteurs, la théorie voudrait que l’épargne ne soit plus subie par les Français. La réalité a malheureusement rattrapé la théorie.
Une vraie occasion manquée pour le marché de l’épargne en France !
Aux côtés de certains pays européens comme l’Angleterre ou les Pays-Bas, où l’épargne a été rigoureusement réglementée, la France fait figure “d’irréductible village” repoussant l’inévitable directive.
On le doit notamment aux syndicats professionnels du secteur en France. Le gouvernement leur a laissé la main, avec pour résultat une application partielle des nouvelles règles et séquencées dans le temps.
La dernière application entrée en vigueur en France date du 8 juin 2018 et concerne les conseillers en gestion de patrimoine indépendants. Certains syndicats professionnels des distributeurs de produits financiers ont choisi de passer du statut d’indépendant à non-indépendant pour échapper aux obligations de la réforme. En continuant à appliquer des frais inexplicables, ils empêchent toute confiance dans le système épargnant français !
Et l’État français ? Il laisse libre cours aux lobbys de l’épargne et de l’assurance
Reste la volonté du gouvernement. On s’attendait à un signal fort mais il semble que l’Etat français préfère laisser libre cours aux lobbys de l’épargne et de l’assurance. C’est à se demander s’il n’aurait pas peur que l’argent dormant sur les comptes épargnes disparaisse, sous l’effet d’une prise de conscience collective par les Français des frais cachés. Jouer contre la pédagogie et masquer des demi-mesures derrière des applications partielles, c’est pourtant s’assurer de perdre l’argent utile : celui que le peuple français épargnant pourrait injecter dans l’économie réelle si l’épargne lui était compréhensible, simple et lisible. Le gouvernement ne fait que contourner le problème en reculant sur la réforme de l’épargne et en préférant s’attaquer au chantier de l’épargne salariale.
L’irréductible village gaulois devrait savoir qu’en redonnant plus de transparence et de maîtrise aux épargnants, ils pourraient économiser et investir dans l’économie réelle. L’effort doit être collectif et la démarche globale pour que le doute laisse place à l’envie d’investir.
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