Le célèbre sellier de luxe Hermès a ralenti la cadence au deuxième trimestre mais avait averti, au préalable, que la croissance du premier trimestre « bénéficiant de comparatifs favorables » ne pouvait être extrapolée sur l’ensemble de l’année.
Un « cru » sans tambour ni trompette pour le célèbre fabricant des carrés de soie. Mais une performance qui reste néanmoins résolument solide. Ainsi, sur le seul deuxième trimestre, Hermès a vu ses ventes progresser de 8,9% à 1,36 milliard d’euros avec une croissance organique à 8,3%, en ligne avec les attentes du marché, après une hausse de 11,2% au premier trimestre. Toutefois, comme évoqué en préambule, l’état-major du groupe de luxe avait « prévenu » que le chiffre d’affaires du premier trimestre ne pouvait servir « d’indicateur » sur l’ensemble de l’année au regard des conditions particulières – les ventes avaient été impactées au premier trimestre 2016 par la chute du tourisme après les attentats de Paris -, qui, de facto, ne reflétaient pas la tendance globale. « En dehors des effets de calendrier et de bases de comparaison, il n’y a pas de rupture de tendance entre le deuxième et le premier trimestre (…) Nous restons dans la même solide dynamique », a déclaré à la presse Axel Dumas, gérant d’Hermès, lors d’une conférence téléphonique. Un postulat qui se reflète notamment au sein de la division maroquinerie, fer de lance du sellier, qui a certes vu sa croissance ralentir (+9,7% sur ce deuxième trimestre, sur une base de comparaison particulièrement élevée de +17%) sur la période, mais qui demeure néanmoins très intéressante.
Autre signal positif, le retour de la croissance au sein de la division Montres du groupe (+2,9%), même si Axel Dumas a tenu à pondérer l’enthousiasme naissant à ce sujet, arguant que la conjoncture du marché de l’horlogerie restait « très difficile ». Sur le front géographique, toutes divisions confondues, l’Europe confirme sa bonne forme (+12,2%). Une « croissance à deux chiffres » est également à mettre à l’actif de la Chine notamment grâce « aux mesures de stimulation de la consommation intérieure » impulsées par les pouvoirs publics locaux et à un accroissement d’une clientèle plus jeune. Mais dans ce concert de bonnes nouvelles pour le groupe de luxe, la France dénote quelque peu avec une croissance moindre (+0,6%) imputable à des ventes décevantes chez les distributeurs. A contrario, les ventes en magasins demeurent en ligne avec les attentes. La baisse des ventes de parfums, qui ont reculé de 2,2% sur des comparatifs élevés pourrait également expliquer cette contreperformance selon les analystes de Raymond James, cités par Reuters.
Rentabilité proche du niveau record de 2016
Concernant ses perspectives, le fabricant de sacs Birkin estime que sa rentabilité opérationnelle à fin juin devrait être proche du plus haut niveau historique atteint l’année dernière. Et d’ajouter tout de go que cette performance ne pouvait être extrapolée sur l’ensemble de l’année, en raison notamment de l’impact favorable des couvertures de change sur les premiers mois de l’année. Pour rappel, le sellier avait, sur l’ensemble de l’exercice 2016, dépassé pour la première fois de son histoire le seuil des 5 milliards d’euros de ventes, soit une progression de 7,2% – 5,2 milliards pour être tout à fait précis – dans la droite ligne des attentes du marché. Une solide performance essentiellement imputable à la division phare du groupe, la maroquinerie, dont les ventes ont grimpé de 14% sur la période.
« L’indéboulonnable » pôle maroquinerie a largement permis de compenser le ralentissement de l’autre division phare du groupe, la soie, dont les ventes se sont érodées de 0,8% tandis que le segment vêtements et accessoires, à défaut de ralentir, avait fait du surplace en 2016. Evoquant enfin ses objectifs, à moyen terme, le groupe de luxe « malgré le renforcement des incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires dans le monde », confirme un objectif de progression du chiffre d’affaires « à taux constants ambitieux », sans divulguer pour autant d’éléments chiffrés.
Ecart réduit avec la concurrence ?
En Bourse, le titre, après une publication en ligne avec les attentes, recule, sans surprise, de 0,2%. Mais l’action affiche néanmoins une progression de près de 13% depuis le 1er janvier, pour des multiples de valorisation qui demeurent les plus élevées du secteur (35 fois les résultats estimés pour 2018, contre 20,9 pour LVMH et 19,6 pour Kering). Mais selon plusieurs analystes, cet écart aurait vocation à se réduire à l’avenir. Ainsi, selon HSBC cité par Reuters, « les investisseurs pourraient hésiter à payer une telle prime pour un groupe qui, malgré ses robustes performances, ne surperforme plus significativement ses pairs ». Le discours est peu ou prou similaire pour BNP Paribas et son analyste Luca Solta, toujours cité par l’agence, pour qui cet écart devrait aussi se réduire avec la fin de la prime spéculative liée à la sortie de la holding familiale de Bernard Arnault, PDG de LVMH, du capital d’Hermès après la simplification des structures de détention de LVMH et le rachat de Dior. Les publications de LVMH et de Kering interviendront la semaine prochaine.
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